Lot n° 101

Isabelle EBERHARDT (1877-1904) Romancière, voyageuse et journaliste d’origine suisse, elle vécut et mourut en Algérie à l’âge de 27 ans. Manuscrit autographe, Bled-el-Attar ; 2 pages in-fol. avec quelques ratures et corrections....

Estimation : 2500 / 3000
Adjudication : 5 625 €
Description
►Rarissime manuscrit du début d’une nouvelle, très différent du texte portant le même titre, Bled-el-Attar (La Cité des parfums), recueilli par Victor Barrucand à la fin de Dans l’ombre chaude de l’Islam (Fasquelle, 1906).

Émouvante histoire d’une jeune prostituée mauresque des bas-fonds de Bône :
« Mannoubia était la fille d’une veuve, Khadoudja, qui vendait le pain sur le marché arabe de Bône ». À la mort de sa mère, la petite « alla mendier, dans les rues. Mannoubia était gracieuse. Son visage un peu bronzé par le soleil était d’une grande pureté de traits et, dans son regard, il y avait quelque chose de déjà conscient, de déjà femme, qui troublait. Un soir, elle rencontra Téboura [...] une vieille Mauresque dont la fille, pendant dix ans, avait affolé les jeunes Musulmans de Bône et de Constantine. Puis, la fille était morte […]
Dans cette âme étrange, faussée, d’où le sens moral semblait absent, il y avait des trésors d’amour et de bonté... Et, cependant, toute sa vie s’était écoulée parmi les courtisanes Mauresques, dont l’existence est comme voilée de mystère, qui gîtent en des maisons d’aspect farouche [...] Servante d’abord, puis duègne, Téboura avait aimé ces femmes, d’un amour de mère... [...]
Maintenant que sa fille était morte, la pitoyable vieille souffrait de sa solitude et de son abandon »... Lorsqu’elle rencontra Mannoubia, elle l’adopta et celle-ci devint courtisane :
« Sa beauté avait quelque chose de mystérieux, d’indéfinissable, et, en même temps, de voluptueux jusqu’à l’angoisse ». Mannoubia était fantasque, folle de joie puis profondément dépressive, prostrée : « Parfois elle renvoyait tout à coup les plus riches et les plus généreux d’entre ses amants, et recherchait l’amour brutal des soldats et des portefaix »...
Elle crut tomber amoureuse, quitta la ville pour une grande ville arabe, puis sombra dans l’ennui :
« Elle était, à dix-huit ans, presque riche déjà et, un jour, elle dit à Téboura : – Je vais mourir de langueur, tante Téboura. Nous sommes riches. Invente un moyen de me distraire ! ». Le récit s’arrête ici.

▬On joint
•une carte postale de la tombe d’Isabelle Eberhardt à Aïn-Sefra, au dos de laquelle le Dr Chobaut a relevé l’inscription, le 15 mai 1923.{CR}
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