Lot n° 65

[SCRIPTORES REI RUSTICAE]. Libri de re rustica. [Venise], Alde, 1533. In-8 [214 x 130 mm] de (54) ff., 295 ff., (1) f. : veau brun, double jeu d'encadrements composés de filets à froid gras et maigres, dorés et jadis argentés, fers pleins aux...

Estimation : 80 000 - 120 000 €
Adjudication : 93 067 €
Description
chardons dorés aux angles de l'encadrement extérieur, et lis dorés aux angles intérieurs, armoiries royales couronnées flanqués du chiffre “F” couronnés et emblème de la Salamandre au milieu du rectangle central délimité par un grand fleuron formé d'accolades portant un élément héraldique, à savoir des lis, et des fleurettes stylisées aux extrémités ; au premier plat flammes près de la Salamandre ; un point doré au même endroit au second plat avec lis et fers pleins feuillagés ; dos à six nerfs soulignés d'un filet doré, alternant dans les entrenerfs trois lis, deux “F” et une fleurette dorés, en tête et en pied du dos filets à froid et obliques, filet doré sur les coupes, tranches dorées, quatre rubans d'étoffe verte servant d'attaches (reliure de l' époque).

Seconde édition aldine, donnée par les héritiers d'Alde et d'Andrea Torresani en décembre 1533.

La première édition aldine de ce recueil avait vu le jour en 1514, avec une préface d'Alde reprise dans cette édition. Le texte est celui publié par les Junte en 1521, avec quelques corrections.
Le De re rustica est une réunion des plus célèbres textes consacrés à l'agriculture et à la vie rurale laissés par les auteurs latins de l'Antiquité tels que Caton l'Ancien, Varron, Columelle etc...

La “bibliothèque italienne” de François Ier.

François Ier maîtrisait parfaitement l'italien, communément parlé à sa cour. “Des textes en italien font partie des présents qui lui sont faits et des publications qu'il commandite. Ils forment surtout le coeur d'une remarquable collection de livres imprimés que Claude Chappuis, son “libraire de la chambre”, lui constitue entre 1538 et 1541 et dont une centaine de volumes sont conservés aujourd'hui.

Cette bibliothèque est “italienne” par la provenance des éditions qui la composent (presque toutes vénitiennes et très récentes, la plupart ayant été imprimées après 1530), par la langue des textes (l'italien pour les deux tiers, le latin et un peu de grec pour le reste), et aussi par le style de ses reliures (réalisées néanmoins en France).
Si les livres ont été achetés en Italie, c'est en effet à Paris qu'ils ont été uniformément reliés par un artisan du nom d'Étienne Roffet, au talent déjà apprécié à la cour puisqu'on lui attribue de nombreuses reliures offertes à François Ier à partir de 1530. En 1539, Roffet revendique le titre de “relieur du roi”, dont il a probablement été gratifié à l'occasion de cette commande exceptionnelle... La bibliothèque italienne de François Ier fait date dans l'histoire de la reliure : c'est la première fois que des armoiries sont systématiquement apposées sur les livres d'une collection personnelle.” Exposition François 1er, BnF, 2015.

Remarquable reliure royale provenant de la “bibliothèque italienne” du roi, exécutée à Paris vers 1539 et 1540, par le premier relieur du roi Etienne Roffet.

Les armes personnelles du monarque sont frappées sur les plats, et elles associent le blason de France entouré du collier de l'ordre de Saint-Michel surmonté d'une couronne fermée flanquée de deux “F” couronnés, le tout au-dessus d'une Salamandre dans des flammes, emblème de François Ier. Les plats offrent une symétrie ornementale presque parfaite, hormis quelques petits fers entourant l'écusson : deux flammes au dessus de la Salamandre au premier plat.
Cette reliure offre l'alternance de filets dorés et anciennement argentés caractéristique des reliures exécutées pour le roi François Ier dans cette série produite pour lui par Etienne Roffet.

Ancre aldine répétée aux pièces liminaires et au verso du dernier feuillet blanc.

Les doublures et gardes ont été malheureusement renouvelées, faisant disparaître ainsi une cote manuscrite placée au contreplat supérieur propre à cet ensemble de reliures de la bibliothèque personnelle de François Ier auquel appartient le présent exemplaire. Dos refait avec réemploi des caissons ornés originaux.

Des bibliothèques Arthur Atherley, Madeleine et René Junod et Lord W. Vernon, avec leurs ex-libris.

(Ahmanson-Murphy, 264.- T. Kimball Brooker, “Bindings commissioned for Francis I's ‘‘Italian library'' with horizontal spine titles dating from the late 1530s to 1540”, in Bulletin du Bibliophile, Paris, 1997, I, pp. 33-91.-
F. Le Bars “Les reliures de la ‘Bibliothèque italienne'”, in Trésors royaux. La bibliothèque de François Ier. Château royal de Blois, Presses universitaires de Rennes, 2015, pp. 252-262.- Renouard, Alde, 109, n° 9.)
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