Lot n° 22

BONET(Paul). (1899-1972). 6 L.A.S., Saint-Lambert et Paris 1946-1969, à Julien Gracq ; 9 pages in-8 à son en-tête, enveloppes.

Estimation : 700 / 800
Adjudication : 1 464 €
Description
Belle correspondance du relieur à l’auteur. 14 juillet 1946, remerciant Louis Poirier de l’envoi de ses « précieux exemplaires » avec un manuscrit ajouté ; il va le lire lentement ; il lui montrera la maquette de sa reliure pour le Château d’Argol... 27 février 1947 : « La connaissance de vos œuvres m’a donné de hautes joies : cet accord profond, ces êtres de fiction que vous avez créés, qui évoluent dans des lieux au-delà du réel, sont par leur étrangeté, une affirmation de l’humain dans l’inhumain ; leur comportement nous conduit dans le monde secret de nos aspirations, dans cette étrange vie intérieure que nous n’osons avouer ». Il n’a pu encore travailler à la maquette de sa reliure pour Au château d’Argol, à cause d’une série d’Éluard et de Chants de Maldoror illustrés par Dali... 4 mai 1948. Il n’a pas encore lu son André Breton. « Je suis curieux de connaître sur l’œuvre de ce grand animateur, les réactions d’un jeune écrivain de la génération qui suit – qui suit la sienne. Je ne serai pas en lieu d’indifférence, mais j’ai la certitude de découvrir des choses que je n’ai su voir ou pas su voir ainsi, car ma vue est plus superficielle : je subis plus la loi des concordances, que celle des connaissances »… [24 juin 1949], sur Le Roi Pêcheur : « votre drame m’a donné en cette soirée, un instant de ce qui manque le plus à notre temps – “l’élévation” »... 26 novembre 1951, remerciant pour l’envoi du « grand papier » : « Sous sa couverture jaune […] Le Rivage des Syrtes ne “m’intimide” pas, mais me réserve l’émotion d’un mystère non encore révélé »… 14 novembre 1969. « L’homme que vous avez connu, qui avait alors quelque cinquante-cinq ans et l’octogénaire qui écrit sont le même. En cet espace de temps, qui me semble vertigineusement courte, nous sommes-nous rencontrés dix fois à de longs intervalles ? C’est peut-être tout, trop peu pour moi. Le manque de continuité de nos entretiens rendait les reprises difficiles, peu à peu quelques réminiscences, quelques échanges d’idées renouaient le cours d’échanges antérieurs »…
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