Lot n° 240

TOCQUEVILLE (Alexis de). L.A.S., Saint-Cyr 3 janvier 1854, [à son ami Hervé Bouchitté] ; 3 pages in-8.

Estimation : 600 / 800
Adjudication : 1 098 €
Description
Très belle lettre sur son rôle politique. Il s’est créé tant de petites occupations qu’il a « moins de liberté de correspondre avec mes amis que je ne m’en trouvais jadis au milieu du tourbillon des grandes affaires », mais il ne s’en plaint pas, « tant je me sens heureux d’avoir échappé à cette grande maladie des gens qui ont été quelque chose et ne sont plus rien, l’ennui et le mécontentement de toute chose. C’est ce qu’on a appelé le mal des anciens ministres. On en meurt, dit-on, quelquefois. Il est vrai qu’il n’attaque guère que les ambitieux et il me semble que, quant à moi, je n’ai point eu d’ambition, dans le sens ordinaire qu’on donne à ce mot. J’ai voulu contribuer à fonder la liberté dans mon pays et à jouer mon rôle au milieu d’institutions libres. Ce n’est pas le pouvoir en lui-même, mais le pouvoir dans ces seules conditions auquel j’ai aspiré ; et ces conditions ne se rencontrant plus, non seulement je ne regrette pas de n’être pas ce qu’on appelle un grand personnage, mais je me sentirais bien malheureux, s’il existait un puissant quelconque qui pût me forcer à l’être »… Il réclame des nouvelles des « affaires académiques » de son ami, et s’il a reparlé à Rémusat et à Mignet de ce qu’il désire, l’assurant de l’appui de Beaumont, puis termine en se félicitant d’avoir appris l’allemand, depuis qu’il est à Saint-Cyr : ce n’est pas « une petite affaire. Il n’y a rien d’aussi difficile dans nos langues modernes. Ainsi, je ne me flatte pas d’être déjà maître de ce langage ; mais j’en suis déjà à lire, à livre ouvert, la plupart des auteurs et, Dieu aidant, dans quelques mois j’aurai surmonté toutes les difficultés principales »…
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