Lot n° 241

TOCQUEVILLE (Alexis de). L.A.S. « AT », Tocqueville 9 août 1856, [à son ami Hervé Bouchitté] ; 3 pages et demie in-8 (petit deuil).

Estimation : 1000 / 1000
Adjudication : 976 €
Description
Très belle lettre sur les arts, et sur L’Ancien Régime et la Révolution. Il le remercie longuement de ses démarches en faveur de Leterrier, inapte au service militaire, puis de sa notice sur la vie et les œuvres de Philippe de Champaigne. « Je l’ai lue avec un grand intérêt et, quoiqu’étranger à la matière des beaux-arts, j’ai trouvé un vrai plaisir dans cette lecture. Vous montrez dans cet écrit tout à la fois l’homme et le peintre et vous faites aimer l’un et l’autre. Je vous reproche seulement de ne pas vous être assez occupé des contemporains. Vous dites des choses bien intéressantes sur le Poussin ; mais rien sur ce modeste et aimable Lesueur dont vous ne prononcez qu’une fois le nom. Vous devriez nous donner aussi la biographie de celui-là. Pour mon goût, il est supérieur à Philippe de Champaigne et comme homme il appartient comme lui à cette école d’artistes sincères, consciencieux, simples au milieu d’un siècle fastueux, chrétiens jusque dans l’airain de leur profession et faisant respirer leurs vertus jusques dans leurs œuvres »… Que son ami approuve son livre [L’Ancien Régime et la Révolution] lui donne une grande joie ; quant à ses critiques, il dira seulement ceci : « je ne nie point que les Rois n’aient eu souvent en vue le bien public dans les établissements qui ont fini par aboutir aux plus mauvaises institutions. Je dis seulement que ces Princes-là, comme tous les autres, ont principalement songé à être les maîtres, soit qu’ils se rendissent nettement compte que telle était leur seule pensée, soit qu’ils parvinssent à l’envelopper dans l’idée du bien général à leurs propres yeux. Ce que je dis, surtout, c’est qu’il n’y en a pas un qui ait réellement été sympathique aux misères du peuple et qu’ils n’ont jamais songé qu’à s’aider de lui »… Quant aux remarques de Bouchitté sur le style du livre, il se peut que l’imitation existe, mais elle est involontaire : « je n’ai pas ouvert un volume de Montesquieu depuis plus de dix ans […] j’ai tâché au contraire depuis lors de pratiquer particulièrement les auteurs dont le français est le plus éloigné de la science, Voltaire par exemple »…
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