Lot n° 254

VOLTAIRE (1694-1778). Minute de lettre de la main de son secrétaire Jean-Louis Wagnière, Ferney 20 avril 1773, à Denis Diderot ; 1 page et quart in-4.

Estimation : 1000 / 1500
Adjudication : 1 586 €
Description
Voltaire a reçu la lettre de Diderot alors qu’il revenait « du bord du Styx », comme « un vieux soldat couvert de blessures » (il souffre d’un cancer de la prostate) : « La nature m’a donné la permission de passer encore quelque temps dans ce monde […] Je végéterai donc au pied des Alpes encore un instant dans la fluante du temps qui engloutit tout. Ma faculté intelligente s’évanouira comme un songe, mais avec le regret d’avoir vécu sans vous voir ». Il le remercie de l’envoi des Fables de Jean-Jacques Boisard qu’il compare à La Fontaine : « Il écrivit avec naïveté. Il y a dans tous les arts un je ne sais quoi qu’il est bien difficile d’attraper. Tous les philosophes fondus ensemble n’auraient pu parvenir à donner l’Armide de Quinaut, ni les animaux malades de la peste que fit La Fontaine sans savoir même ce qu’il fesait. Il faut avouer que dans les arts de génie, tout est l’ouvrage de l’instinct. Corneille fit la scène d’Horace et de Curiace comme un oiseau fait son nid. […] M. Boisard parait un très joli oiseau du Parnasse »… Sa maladie l’empêche d’écrire plus longuement… « Soyez sûr que je mourrai en vous regardant comme un homme qui a le courage d’être utile à des ingrats, et qui mérite les éloges de tous les sages. Je vous aime, je vous estime comme si j’étais un sage ». Et il termine : « Le vieux malade de Ferney V. ». La lettre est écrite par Wagnière et porte le numéro caractéristique à l’encre verte montrant que cette copie a été utilisée pour l’édition de Kehl. On ne connait que 14 lettres de Voltaire à Diderot.
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