Lot n° 256

WIDOR (Charles-Marie). (1844-1937) compositeur et organiste. L.A.S., Bayreuth 23 août 1876, à une dame ; 6 pages in-12 remplies d’une minuscule écriture.

Estimation : 400 / 500
Adjudication : 1 586 €
Description
Superbe lettre sur son voyage en Allemagne et la première édition du Festival de Bayreuth. Il raconte son épuisant voyage en wagon lit, perturbé par la chaleur et les ennuis mécaniques, qui l’a empêché de dormir pendant cinq nuits… « Cologne a la plus belle cathédrale du monde ; je n’ai rien vu de pareil : c’est immense et admirable en proportions ». Ils ont traversé Bonn, longé le Rhin, admiré Coblentz, Mayence, etc… et ils ont fini par arriver à Bayreuth, « dégoutés du jambon et de la bonne bière, dont nous n’avons pu sortir depuis cinq jours »… Il décrit les paysages traversés, les superbes bateaux à vapeur du Rhin, les nombreuses troupes allemandes en exercice à la campagne, etc. « Nous venons de visiter le théâtre de Wagner […] La toile était levée et la décoration prête pour la Rheingold dont la première scène se passe au fond du Rhin. […] Il y a ici toute l’Allemagne musicale, tous les chefs d’orchestre possible, sauf la clique-Schumann, comme on l’appelle ici dans la clique Wagner. […] à chaque pas on trouve des têtes connues. Liszt est là, Stockhausen. Quant à Wagner, il a fait disposer à côté de son théâtre un immense restaurant au milieu duquel est son buste couronné de lauriers ; devant la maison qu’il habite il a également son buste en bronze avec des lauriers en bronze – c’est la théorie de l’enthousiasme prémédité »… Il donne une jolie description de la ville, « une miniature de vieille capitale de principauté allemande. […] On se croirait dans un décor d’opéra-comique », d’autant plus qu’à cause de l’arrivée de l’empereur et du roi, toutes les fenêtres sont décorées de guirlandes de sapin et de fleurs… Il reprend sa lettre le lendemain pour relater la représentation de la veille : « Hier, salle superbe. La cour ; public resplendissant de toilettes, de jolis visages ; tous les musiciens d’Allemagne, d’Angleterre, d’Italie, de Belgique ». Pour les Français : Gouzien, Weber du Temps, A. Wolff et lui-même… Le 1er tableau était « charmant, jolies voix bien posées, bien franches et bien justes » ; le 2e, toujours en récitatif ; pour le 3e : « fantastique compliqué de nuages produits par une machine à vapeur […] C’est ridicule », et toujours en récitatif ; le tableau final est encore en récitatif, sauf la fin qui devient assez belle…. « Une petite partie du public réclame Wagner à grands cris – Liszt devant moi trépigne avec Mme Wagner et Melle Holmes ; la grande majorité applaudit poliment ; une petit fraction chute timidement. […] Il parait que ce soir la Walkirie sera très belle »…
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