Lot n° 6

Hans BELLMER. 4 L.A.S., [1945], à son ami l’éditeur Henri Parisot ; 9 pages in-4 remplies d’une petite écriture sur papier fin rose. .Intéressante correspondance sur le projet des Jeux de la Poupée..Vendredi. Il lui envoie des négatifs et...

Estimation : 2 500 / 3 000
Adjudication : 4 125 €
Description
des photos, mais le prie d’attendre un peu pour la photo dans l’escalier. Il remercie de l’envoi de livres : Le Grand Jeu, les deux Manifestes par Breton, les Malheurs de la vertu, Ubu Roi, etc. et des « deux photos excellentes d’après mes dessins ». Il donne des instructions pour les reproductions et le brochage : « il est bon que vous avez les agrandissements (24 x 30) de Breton, ils peuvent du moins servir à Caillet comme modèle ». Il serait bon de demander aussi l’avis de Robert Valançay. Quant à André Breton « il ne semble pas voir l’apparition de Minotaure et en général le message surréaliste de Minotaure sous une lumière très optimiste ». Il est question d’un article de Breton sur lui, mais il n’ose lui parler d’un second recueil. « André Breton me dit à juste titre, qu’il est absolument essentiel d’exposer en mars une poupée réelle et non son image ». Il n’aura pas « le temps d’écrire un texte pour le second recueil qui, à la rigueur, pourrait être fabriqué par moi-même comme la première édition allemande »… Etc..Sur le choix du format, du papier, de la reliure, et de la couverture. Il faut « 1) Relier le livre dans un papier précieux et caractéristique […] 2°) Imprimer une enveloppe “de défense” qui portera le titre, etc., et dont l’aspect typographique serait assez conventionnel […] trouver des lettres d’impression caractéristiques pour le mot « Poupée » qui devrait être imprimé en rose cru ». S’il est absent des Cahiers d’Art, il ne peut se le reprocher qu’à lui-même ; en effet il a cherché à écrire une lettre circonstanciée à André Breton au sujet de son discours au Congrès des Écrivains, mais son français insuffisant l’en a empêché, et il n’a fait que le remercier poliment. Il a reçu L’Immaculée Conception « avec une dédicace très touchante et amicale d’André Breton et de Paul Éluard, je reconnais plutôt une certaine sympathie de la part d’André Breton qui m’est autant plus valeureux que je n’ai rien fait pour la provoquer ». Il évoque les tableaux de Jérôme Bosch, dont il ne connaît que des reproductions, et les relations de Parisot avec Mario Prassinos. En post-scriptum, il lui conte la visite matinale de la « Sœur Anna du Service public pour les maladies pulmonaires », alors qu’il avait fait des photos la veille et tout laissé en désordre : « ma demeure ressemblait à l’atelier du vieux et honorable Landru »… Il va envoyer des épreuves à Éluard et Valançay..Jeudi. Sur le prix des photos et les frais d’impression ; la reliure « doit avoir quelque chose de précieux ou d’individuel. La couverture projetée par Mr Guy Lévis-Mano – relativement bon marché – ne correspondrait pas suffisamment au caractère de l’édition ». Il envisage d’accepter l’offre de Jeanne Bucher, mais cela dépendra des conditions financières : « dans le cas le plus défavorable, je ferais imprimer le texte à Berlin »…La traduction lui pose des problèmes et il soumet des idées de titres pour les photos : « (LE) PAYS SAGE (DU) À VER AU LAIT » ou « L’AN DE MAIN(S) »…, et recopie « un vrai poème », dont « le vers à quatre semblait doué d’une vraie stupeurté fascinante et engageante à des permutations à l’infini (“Automatisme de la variante”) ». Mais il n’est pas sûr de son français et demande l’avis de Parisot avant d’en parler à Paul Éluard. « Le titre Rose ou Verte la Nuit semble pour le moment le plus beau »….Mercredi soir. « La traduction de mon préface pour la Poupée est devenue, selon moi, excellente » et il l’a envoyée à Robert Valançay ; il regrette de n’avoir pu contacter Zervos des Cahiers d’Art qui « disposent des chances de vente et de réclame sans doute plus étendues que Madame Bucher ». Il regrette le délai : « retarder l’apparition de ce livre, c’est la rendre stérile : au printemps on se désintéresse des poupées ». Il insiste sur le brochage : « de la soie verte de corset serait l’idéal », mais il faudrait aussi une enveloppe pour la protéger de la poussière. Il s’inquiète de la parution du Minotaure et envisage, avec l’autorisation de Gisèle Prassinos, de donner à Skira le texte qu’elle a écrit sur lui. Il s’étonne qu’Alberto Giacometti ne soit pas « représenté aux Quatre Chemins et dans le fascicule surréaliste des Cahiers d’Art. Je me reproche pendant toute l’année de ne lui avoir pas écrit »…
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