Lot n° 29

Emmanuel CHABRIER. 7 L.A.S. « Emmanuel » ou « Emml », [mars-juin 1889], à sa femme ; 15 pages et demie in-8..Bel ensemble sur un concert de ses œuvres à Bordeaux, le succès d’España, les représentations de Gwendoline à Karlsruhe, et...

Estimation : 1 200 / 1 500
Adjudication : 1 250 €
Description
le travail sur Briséïs..[Bordeaux] jeudi [14 mars 1889]. « Ce matin, répétition d’orchestre ; grand succès de lecture pour Habanera et la Valse du Roi [malgré lui]. España marchera à merveille ; j’ai secoué tout ce brave monde ; ce sera beaucoup mieux que je ne croyais. […] Demain et samedi nouvelles répétitions d’orch[estre], le matin. La valse du Roi fait un effet du diable »....[Bordeaux, 24 (?) mars 1889]. Il s’inquiète de « la soirée Carnot » (concert à l’Éysée) : « Quant à Colonne, il a dû jouer España très bien ; il est trop malin, lui aussi, pour s’exposer à un four avec ce morceau-là. Les cuivres font toujours du bruit dans un salon ; du reste, plus ils jouaient fort, plus ils atteignaient le but ; – les trombones d’España doivent jouer à pleine volée ; c’eût été de même avec Lamoureux. – Pour Lamoureux, il faut qu’il me murmure le prélude de Gwendoline ; là, les cuivres seront discrets (il n’y en a pas). […] s’il veut jouer d’autres morceaux de moi (Habanera, Sous-Bois, Danse villageoise, &a &a) il le peut. Si je tiens au prélude, c’est afin de souligner qu’on ne joue pas Gwendoline et qu’on le devrait »... Récit du concert de Bordeaux : « La Danse Slave du Roi, que je conduisais, a été bissée ; puis j’ai joué, au piano, la Danse villageoise, Idylle et Menuet pompeux ; mais le piano embêtait ; c’est trop grand, cette salle ; on s’en foutait ; je n’ai eu qu’un succès d’estime ; mais le coup était porté avec la Danse slave et je suis enchanté de ma soirée ». Après le concert, banquet… Il a commandé un piano pour La Membrolle : « mardi matin, la vie fiévreuse aura cessé et je me remettrai à ma petite Briséïs »... .[La Membrolle] Mercredi [27 mars 1889 (?)]. « Ma petite maman, me voilà à ma table de travail ». Diverses courses et affaires… « Il faut que Mme Lacroix, à Rouen, tranche immédiatement la question Gwendoline ; car, s’il met cet ouvrage à l’étude, Verdhurt, il me jouerait à Paris, à la Porte St-Martin, au mois de septembre ; ce serait son plan, il m’en avait parlé […] Je ne puis compter que sur lui pour reprendre Gwendoline »…. [La Membrolle] Mardi 21 mai [18]89. « Bien amusante, la lettre de la louve et de tous les loups et louveteaux. Voilà une occasion pour Marcel de me narrer, jeudi, ce qu’il a vu et ce qui l’a frappé dimanche. […] Je continue à prier Sa Majesté mon cerveau de m’être secourable. Le loup en chef qui embrasse son pauvre monde »….[Karlsruhe] Dimanche [26 mai 1889]. « Ça sera superbe, – surtout Melle Mailhac et l’orchestre. Et puis Mottl est si dévoué ! […] Ce soir, j’entends le Tannhaüser par Mailhac et les autres. Hier, je me suis présenté chez le vieux baron de Pudlitz, le directeur. Il a été excessivement aimable […] Ici, on travaille de 9 h. à 1 h., – puis on fait des siestes pendant l’après-midi, et on retravaille de 5 h. à 9 h. ; à cette heure-là, on soupe […] Mais on est ici d’une moralité, d’un patriarchalisme inouïs. Tout le temps des père et mère avec des flopées d’enfants, allant, venant, buvant d’énormes bocks. Tout ce monde-là paraît très heureux »….[La Membrolle] Mardi 25 juin [18]89. « Depuis huit jours je ne fiche rien de bon ; ça ne vient pas ; je suis dans un de mes mauvais moments, – alors tu penses si je me fais du mauvais sang ! Oui, j’ai beau me décarcasser, je n’ai pas écrit une note, j’entends une note définitive, depuis huit jours. Quel métier ! […] Demain, j’ai rendez-vous avec le curé de Fondettes qui va me chanter un tas de chants sacrés dont j’ai besoin ; ça va me secouer, je l’espère et il le faut. – Tu n’as pas idée comme c’est difficile, cette sacrée Briséïs !! Ah ! ce n’est pas prêt d’être fini, je te le garantis ! Je n’ai pas envie de devenir imbécile, et pour cela je serai forcé d’interrompre puis de reprendre un travail aussi long et aussi compliqué. – Enfin, le peu qui est fait est bougrement bien ; c’est toujours ça »….[La Membrolle] Jeudi 27 juin [18]89. « Ah ! puisqu’on retape la maison, – non seulement il faut les peindre, ces jalousies de malheur, mais il les faut faire réparer […] Demande à Verdhurt si la jeune Gwendoline de Rouen fait son affaire, et si Jehin est bel et bien chef d’orch[estre]. […] Hier, j’ai travaillé pendant deux heures avec le petit curé de Fondettes ; il m’a chanté des Psaumes superbes, qui feront merveille au 2d acte de Briséïs »….Correspondance (89-20, 89-25, 89-26, 89-41, 89-46, 89-62, 89-64). Ancienne collection Francis Poulenc.
Partager