Lot n° 322

Émile ZOLA (1840-1902). L.A.S., Paris 9 juin 1861, [à Alexandre Labot] ; 4 pages in-8..Belle et émouvante lettre, écrite à l’âge de 21 ans, demandant de l’aide pour sa mère, et une recommandation pour trouver un emploi, alors qu’il...

Estimation : 1 500 / 2 000
Adjudication : 2 250 €
Description
rêve d’être écrivain..Il remercie son correspondant de sa prompte réponse à sa mère, et du « bon souvenir que vous avez gardé de mon père et de l’amicale protection que vous offrez à sa veuve et à son fils ». Il lui demande d’appuyer de son nom les démarches entreprises par sa mère pour sortir de sa malheureuse position : « Lasse de lutter, ayant vu ses dernières ressources emportées par les frais judiciaires, ma mère se trouve dans un état voisin de l’indigence. De plus, son père, alité depuis plusieurs mois, est à sa charge ; et elle n’a pas même la consolation de me voir l’aider dans sa tâche. Sorti des lycées depuis un an, cherchant un emploi, je ne puis que la voir souffrir, sans la soulager »… Après de longues hésitations, sa mère a pensé « s’appuyer sur les titres de mon père pour obtenir du gouvernement un secours de quelques cents francs qui lui permette d’entreprendre un travail quelconque ». Après bien des hésitations, elle s’est enfin décidée à « s’adresser au pays que son mari a servi par ses travaux », et souhaiterait obtenir une audience du ministre de l’Intérieur… Zola ose encore adresser une dernière demande : « Si un travail quelconque m’était accordé, la rémunération en serait d’un grand secours pour ma mère »… Mais le collège l’a peu préparé à la vie pratique, et « quelle que soit l’administration à laquelle on se présente, il faut encore subir un long surnumérariat ». Il lui faudrait un salaire immédiat : « cette condition explique le peu de résultat de mes recherches », avec « l’encombrement des bureaux, les exigences d’un travail sur lequel mon instruction ne m’a rien appris. Capable peut-être de faire le plus, je ne puis faire le moins. Toujours mon penchant m’a entraîné vers la littérature. Alors que je rêvais une position plus heureuse, je me voyais écrivain. Aujourd’hui, il m’a fallu dire adieu pour un temps à ces belles rêveries. Seulement s’il m’était possible par la plume de gagner mon pain et de soutenir ma mère, c’est encore le travail que j’accepterais avec le plus de joie »… Il prie de le recommander auprès de MM. Ambert et Chevallon, deux de ses amis dont lui a souvent parlé sa mère, et qui, « écrivains eux-mêmes, […] ont quelque influence sur les rédacteurs des feuilles littéraires »…
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