Description
Oper in zwey Aufzügen in Musik gesezt von W. A. Mozart. Mit unterlegtem deutschen Texte nebst sämmtlichen von dem Komponisten später eingelegten Stücken. In Partitur.
Leipzig, Breitkopf und Härtel, s.d [1800 ou 1801].
2 volumes in-folio oblong (243 x 305 mm) de 590 pp. à pagination continue, soit : un titre gravé en italien illustré d’une vignette gravée par F. Bolt d’après Kinninger montrant le Commendatore saisissant Don Giovanni par le bras (acte II), un titre imprimé en allemand avec la liste des rôles au verso, (1) p. imprimée ("Verzeichnis sämmtlicher Gesänge"), et pp. 6-292 (musique imprimée) pour le tome I ;
un titre imprimé en allemand et pp. 294-590 (musique imprimée, y compris "Anhang von später eingelegten Stücken") pour le tome II : cartonnage à la Bradel recouvert de toile parme, titre or entouré de roulettes aux dos, tranches jaunes (reliure de l'époque).
►Édition originale de la partition pour orchestre de Don Giovanni.
Des trois grands opéras comiques du dernier Mozart, Le Nozze di Figaro, Don Giovanni et Così fan tutte, tous composés sur un livret de Lorenzo da Ponte, le deuxième est celui qui a le plus profondément marqué la postérité.
Don Giovanni fut élaboré pour l’opéra de Prague en 1787 ; le texte s’inspirait de Tirso de Molina, Molière et autres auteurs classiques. La profondeur du livret et la musique, extraordinaire et passionnée, envoutèrent des écrivains et musiciens tels que E.T.A. Hoffmann, Goethe (dans son Faust), Kierkegaard, Flaubert – qui pensait que cet opéra était, avec Hamlet et la mer, la plus belle création de Dieu –, James Joyce ou George Bernard Shaw. Pour certains, comme Beethoven, l’intrigue était immorale, ce qui n’empêcha pas ce dernier de calquer le final de Fidelio sur celui du premier acte de Don Giovanni. Pour d’autres, comme Mahler, la dernière section édifiante était bien trop légère, et l’opéra aurait du s'achever par la descente de l’antihéros aux enfers.
→L'un des sommets de l'opéra classique.
Mozart a écrit pour cet irrésistible chef-d’œuvre quelques-unes de ses pages les plus séduisantes et les plus difficiles.
Aucun ouvrage destiné à la scène n’avait atteint jusque-là les sommets de complexité déployés dans le tour de force contrapuntique du final de l’acte I, où trois orchestres placés sur la scène jouent, simultanément, trois danses dans trois rythmes différents, pendant que l'intrigue court vers son dénouement. Dans la scène du souper de l’acte II, un petit ensemble d’instruments à vents, également déployé sur la scène, joue des extraits de trois opéras, dont
Le nozze di Figaro de Mozart, provoquant l’impatience de Don Giovanni : un trait d’auto-ironie
dont le public est rendu complice.
Mais le morceau le plus extraordinaire, celui qui a durablement marqué l’histoire de la musique, est de loin la chute aux enfers de l’avant-dernière scène, avec le chœur des démons, les trombones, le fantôme du Commendatore poussant Don Giovanni au repentir pendant que Leporello, terrorisé, se lamente. Nous ne sommes plus dans l’opera buffa, cela devient diablement sérieux, et quasiment toutes les partitions romantiques convoquant démons et merveilles prennent leur source dans ce moment théâtral et musical. Les œuvres de Weber, Wagner, Berlioz, Liszt, Mahler – pour ne citer qu’eux – seraient inconcevables sans ces pages tumultueuses qui enterrent définitivement les scènes d’ombre situées aux enfers, composées autrefois par Lully, Gluck, J.C. Bach ou Rameau.
Il s’agit tout simplement de l’un des grands moments de la culture moderne.
Cette première publication complète de l’opéra voit le jour près de dix ans après la mort prématurée de Mozart en 1791.
Friedrich Rochlitz, écrivain et théoricien de Leipzig, effectua la traduction allemande. La partition comporte un appendice présentant des pièces conçues pour des représentations tardives :
le "Mi tradì" de Donna Elvira précédé de son récitatif ;
le "Ho capito" de Masetto ;
"Dalla sua pace" chanté par Don Ottavio ;
le duo "Per queste tue manine" entre Leporello et Zerlina ;
les parties de trombone pour la scène des enfers.
Toile très légèrement frottée et tachée ; quelques piqûres éparses ; bel exemplaire dans sa première reliure.
Provenance :
•Carl Binder (1816-1860), compositeur et directeur d’orchestre, maître de chapelle à Vienne, avec des annotations au crayon noir et rouge, et sa signature à la page 120 du tome I précédée de la mention d’une représentation à Pest en 1855.
Köchel Verzeichnis n° 527. – Haberkamp, pp. 295-298.