Lot n° 651

SCHUMANN, Robert. Allegro pour le Pianoforte composé et dédié à Mademoiselle la Baronne Ernestine de Fricken par Robert Schumann. Œuvre 8. Leipzig, R. Friese, s.d. [1835]. In-folio (320 x 250 mm) de (1) f. pour le titre sur papier crème verni...

Estimation : 6 000 / 8 000 €
Adjudication : 7 770 €
Description
(caractéristique des exemplaires de présent) et pp. 3-15 pour la musique, entièrement lithographié : cartonnage souple recouvert de papier maroquiné marron, encadrement doré sur les plats (filet, chaînette et fleurons d’angle), garde de soie or, tranches dorées (reliure de l’époque).

→ Édition originale.

L’Allegro Opus 8, qui a tout d’une "fantasia" sauf le nom, est une œuvre rapsodique et passionnée composée dans la tonalité de si mineur.
Trois longues notes en octaves, récurrentes, y rappellent le "Muss es sein" du quatuor à cordes en fa (Op. 135) de Beethoven, mais nul n’a encore percé le secret de ce chiffre.


►►Très précieux exemplaire de dédicace portant, sur la première garde blanche,
cet envoi du compositeur à l’encre noire :

Erinnerung an der Febr 1834
für Frl. Ernestine v. Fricken
von
Robert Schumann

Il s’agit de la pianiste Ernestine von Fricken (1816-1844), qui inspira à Schumann cet Allegro et à laquelle ce dernier fut tendrement lié dans les années 1834-1835.

A la différence de son grand ami Felix Mendelssohn Bartholdy, qui résidait aussi à Leipzig, Schumann se révéla tardivement comme pianiste et compositeur. Sa brève carrière de virtuose ne démarra qu’en 1828 lorsqu’il prit pour maître Friedrich Wieck, l'un des plus importants professeurs de piano exerçant en Allemagne. Quelques années plus tard, Schumann commençait à composer. Les premières pièces de ce pianiste virtuose furent tout naturellement consacrées à son instrument : c’est le cas de cet Allegro, écrit en 1833 et soigneusement préparé pour la publication dans les mois qui suivirent sa composition.

Ernestine von Fricken, dédicataire de l’œuvre et destinataire de cet exemplaire, était elle aussi élève de Friedrich Wieck à Leipzig. Elle logeait chez son maître, y rencontra Schumann et se fiança secrètement avec le jeune pianiste. Celui-ci lui dédiera, outre l’Allegro, qui date des premiers temps de leur liaison, son Carnaval Op. 9 – dont la partition abrite une référence cryptée à la ville natale d’Ernestine, Asch –, ainsi que le Chamisso Op. 31.

L’idylle entre Ernestine et Robert fut de courte durée, car l’attention de ce dernier fut vite attirée par une autre jeune résidente de la maison Wieck. Clara, la fille du professeur, elle-même pianiste et compositrice, devint ainsi le grand amour et l’épouse de Schumann. Les débuts contrastés de cette nouvelle liaison, à laquelle Wieck était opposé, ont inspiré à Robert Schumann quelques-unes de ses plus belles compositions.

→ Émouvante relique, conservée dans son élégante reliure de présent.

Des rousseurs, titre un peu bruni.

Provenance :
•Ernestine von FRICKEN (envoi). –
•Max FIEDLER (1859-1939), chef d’orchestre et pianiste, ami de Brahms (ex-libris).

McCorkle, Robert Schumann, Thematisch-Bibliographisches Werkverzeichnis, Munich, Henle, 2003, pp. 30-32.
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