Lot n° 686

CASANOVA, Giacomo & HOMÈRE. Dell' Iliade di Omero, tradotta in ottava rima. Venise, Modesto Fenzo, 1775-1778. 3 volumes in-4 (234 x 169 mm) de XVI-334-(2) pp. ; XII-(373) pp. ; VIII-382-(2) pp., 2 cartes et une grande planche dépliante : vélin...

Estimation : 10 000 / 15 000 €
Adjudication : Invendu
Description
rigide ivoire, dos lisses, titre or sur pièce de maroquin rouge, tranches jonquille polies (reliure de l'époque).

►Édition originale de la traduction de l'Iliade par Giacomo Casanova.

L'illustration, gravée sur cuivre, se compose de 3 planches : 2 cartes (Phrygie et Grèce homérique) et un plan de la ville et de la plaine de Troie, avec représentation des combats.

L'aventurier et mémorialiste vénitien a traduit les quinze premiers chants du poème (sur vingt-quatre), commençant par établir une version en dialecte vénitien avant de la transposer en vers italiens. Son "Homère travesti" s'exprime en ottava rima, la strophe de Ludovico Ariosto et de son Orlando furioso, poète et poème vénérés par le Cavaliere-cavaleur hyperactif, dont l'ambition littéraire était (presque) aussi grande que son amour des femmes.

Casanova avait commencé sa traduction à la bibliothèque de Wolfenbüttel et la poursuivit
à Florence : "Je passai huit jours dans cette bibliothèque, d'où je ne sortais que pour me rendre chez moi, où je ne restais que la nuit et le temps nécessaire pour prendre mes repas ; et je puis compter ces huit jours au nombre des plus heureux de ma vie, car je ne fus pas un seul instant occupé de moi-même : je ne pensais ni au passé ni à l'avenir,
et mon esprit, absorbé par le travail, ne pouvait s'apercevoir de l'existence du présent. (...) L'Iliade de Homère qui, depuis mon départ d'Angleterre, faisait une heure ou deux chaque jour mes délices, dans sa langue originale,
m'avait fait venir l'envie de la traduire en stances italiennes ; il me semblait que tous ses traducteurs en italien
l'avaient falsifiée…"

►Très rare complet des trois volumes et en reliure uniforme.

■Le premier volume de l'Iliade di Omero eut 230 souscripteurs, le deuxième 85 et le troisième seulement 24, ce qui explique sa grande rareté.

Un quatrième volume était prévu mais ne fut jamais imprimé par manque de souscripteurs. La liste des ces derniers, placée en tête de chaque volume, assemble le gotha des familles patriciennes de Venise et du corps diplomatique.
Ces trois volumes ne seront pas réédités.

Aucun exemplaire complet et en reliure uniforme n'est conservé en France. La BnF possède deux exemplaires des tomes I-II et un exemplaire séparé du tome III. L'exemplaire de la bibliothèque municipale de Montpellier est néanmoins prestigieux : il a appartenu à Vittorio Alfieri.

Le collectionneur et bibliographe James Rives-Child mit quinze ans pour réunir un exemplaire aux volumes dépareillés de l'Iliade casanovienne.

Cote manuscrite "739" à l'encre brune dans le coin des plats supérieurs.

Pollio, Bibliographie (...) des œuvres de Jacques Casanova, pp. 53-61. – J. Rives-Child, Casanoviana, XXI, p. 32. – R. Trousson, "Regards romantiques sur Homère", in : Homère en France après la Querelle (1715-1900), p. 363 et suivantes.
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