Lot n° 709

DU BOIS-HUS, Gabriel. La Nuict des nuicts. Le Jour des jours. Le Miroir du destin. Ou la Nativité du Daufin du Ciel. La Naissance du Daufin de la terre. Et le Tableau de ses Avantures fortunées. Paris, Jean Paslé, 1641. Deux parties en un volume...

Estimation : 6 000 / 8 000 €
Adjudication : Invendu
Description
in-12 (137 x 81 mm) de 106-194-(2) pp. : vélin souple, dos muet, tranches mouchetées rouges (reliure de l'époque).

►Édition originale.

Elle est ornée d’un titre allégorique gravé sur cuivre dédié au cardinal de Richelieu. Le recto du dernier feuillet porte les armes royales gravées sur bois ; le verso est blanc.

►L'un des plus étranges fleurons de la poésie baroque française.

Son auteur Gabriel (?) Du Bois-Hus, poète d'origine bretonne dont la vie est mal connue, fréquenta l'hôtel de Rambouillet. Conseiller et aumônier de Gaston d'Orléans (1645), il fut attaché un temps au prince de Conti (1651-1652). Peut-être découragé par les troubles de la Fronde, il s'exila en 1652 en Brandebourg, où on perd sa trace.

Auteur de diverses pièces encomiastiques, Du Bois-Hus est surtout connu pour avoir composé le singulier poème de La Nuict des nuicts, écrit après la naissance du dauphin – le futur Louis XIV, né à Saint-Germain-en-Laye le 5 septembre 1638 – et livré aux presses trois ans plus tard. La Nuict des nuict, dont la deuxième partie est intitulée Le Jour des jours, est une longue suite de sextines remplies d'étourdissantes métaphores associant la naissance du dauphin à celle du Christ, "Dauphin du Ciel".

Précédé d'un long et flatteur "Discours panégyrique" dédié à Richelieu, le poème "se déploie comme un fastueux spectacle, où sont convoqués tous les éléments mais aussi tous les artifices des fêtes de cour, spectacle organisé à la gloire de la monarchie française" (Anthologie de la poésie française, Pléiade, I, p. 1485). Une dernière section, intitulée Le Miroir du destin, est précédée de "L'Horoscope de Monseigneur le Daufin".

■L'exemplaire, préservé dans sa première reliure en vélin, a appartenu à Paul Éluard.

Il porte sur le premier contreplat l'ex-libris dessiné pour le poète par son ami Max Ernst, avec la devise
"Après moi le sommeil".

Infimes accrocs au bord des plats, sinon bel exemplaire, très pur.

Annarosa Poli (éd.), Gabriel Du Bois-Hus, La Nuict des nuicts..., préface de Jean Rousset, Bologne, Riccardo Pàtron, 1967 :

"Ce qui frappe le plus en Du Bois-Hus, ce n'est pas le sens pictural très aigu que nous retrouvons chez tous ses contemporains ; c'est surtout l'insistance sur cette note chromatique changeante,
indécise, 'qui n'est ny nuict ny jour', typique des poètes Libertins, influencés par les Italiens du XVIIe siècle. (…) Sensualité et tendresse deviennent ainsi les termes d'une nouvelle tension lyrique
où rayonnent les dernières lueurs du Baroque".
Partager