Description
d'une feuille d'argent oxydée et laquée, gardes volantes en veau teinté ; chemise demi-veau à bandes et à rabats, titre à l'or blanc, étui bordé (Louise Bescond, 2014).
►Édition originale, très rare.
►Tirage unique à 50 exemplaires numérotés, diffusés sous le manteau.
→Illustré d'une belle composition au trait de Rodriguez Lozano, hors texte et répétée sur la couverture : deux jeunes hommes nus, sans visage.
Une édition "officielle" de l'Oda a Walt Whitman parut l'année suivante à Mexico. Le texte fut ensuite intégré au recueil Poeta en Nueva York, le chef-d'oeuvre de Lorca publié à titre posthume en 1940.
L'Oda a Walt Whitman transgresse le cadre de l'hommage poétique : la figure du poète américain est un prétexte pour exalter les amours homosexuelles viriles, à l'encontre des "maricas" de New York, honnies par un Lorca qui "entend l'homosexualité comme un acte naturel dans la frise grandiose
de la nature sans dogme" (F. Umbral).
Jusqu'à une date récente, l'homosexualité de Lorca, célébré dans son pays comme un martyr du franquisme, était restée un sujet tabou. L'homophobie fut pourtant l'un des principaux motifs de son assassinat par les forces franquistes en août 1936, comme le montre Ian Gibson dans la biographie du poète qu'il a publiée en 2009.
■Ce poème dresse un pont entre les États-Unis et les pays hispaniques.
L'influence de Walt Whitman (1819-1892) dans les pays hispanophones fut déterminante. "Whitman was first celebrated in Latin America in an 1887 essay by his Cuban revolutionary counterpart, José Martí, and was later championed by Argentine author Jorge Luis Borges, translated into Portuguese by Fernando Pessoa, and into Spanish by Chilean Pablo Neruda. Antonio Frasconi's 1959 woodcut artfully reproduces Spanish poet Federico Garcia Lorca's ode to Whitman, which first appeared in a 1934 collection of poems published in Mexico" (cat. Walt Whitman and Leaves of Grass : Revising himself).
►Exceptionnel envoi autographe signé de l'auteur à Bebe Vicuña, "mère spirituelle" du poète, orné d'un portrait féminin stylisé à la plume :
Para mi queridisima Bebe.
Con el cariño mas grande de su
Federico
1934 - Madrid - Mejico
▬Provenance des plus précieuses.
•Isabel Maria VICUЙA, dite BEBE, fut avec son mari, le diplomate chilien Carlos MORLA LYNCH, la dédicataire du recueil Poeta en Nueva York. Lorca avait rencontré les Morla en mars 1929, peu après leur installation à Madrid. Presque instantanément, le diplomate devint "le confident sensible et compréhensif des joies, des peines, des angoisses, le témoin émerveillé des improvisations et des triomphes de Lorca, qu'il consigne au jour le jour dans ses très volumineux Mémoires inédits dont il extraira en 1958 le livre de souvenirs intitulé En España con Federico García Lorca (...). Lui-même très artiste, compositeur amateur et chroniqueur pour un journal de son pays, se plaît à réunir dans ses salons les jeunes peintres, musiciens et poètes espagnols. C'est chez les Morla que Lorca, loin de sa famille, trouve à tout moment un foyer accueillant et ouvert. C'est chez eux qu'il donnera les premières lectures publiques de ses principales pièces" (André Belamich).
►Superbe reliure janséniste de Louise Bescond, réalisée pour Pierre Bergé.
Deux infimes manques de papier et deux habiles réféctions à la couverture.
Autre provenance :
•Ramón SOLEY (signalé par Mario Hernández).
M.Hernández, Libro de los dibujos de Federico García Lorca, Madrid, 1990, p. 227, n° 273 (reproduit). – Walt Whitman and Leaves of Grass : Revising himself, Library of Congress, 2005. – F. Garcia Lorca, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, I, 1981, notice d'André Belamich, pp. 1553-1556. – Exposition “Reliures de Louise Bescond”, Sothesby's France, 2-7 février 2017.