Lot n° 779

RADIGUET, Raymond & COCTEAU, Jean. Deux poèmes autographes – "L'Enfant de Cupidon" et "Tombeau de Vénus". ▬Suivis •d'une correspondance autographe de Jean Cocteau à Félix Fénéon. Vers 1921-1922. Deux poèmes à l'encre noire (305 x...

Estimation : 8 000 / 10 000 €
Adjudication : 9 660 €
Description
192 mm) de douze strophes sur deux colonnes pour "L'Enfance de Cupidon" et six strophes sur une colonne pour "Tombeau de Vénus" : montés sur papier vélin crème dans un album in folio (327 x 225 mm), demi-maroquin noir avec coins, dos à faux-nerfs avec titre or en anglais (Sangorski & Sutcliffe).

►Réunion de deux poèmes de Radiguet, publiés après sa mort.

Le texte de ces fantaisies néoclassiques et burlesques correspond, à l'exception de quelques corrections d'orthographe et variantes de ponctuation, à celui reproduit dans les "Poèmes inédits" des Œuvres complètes publiées en 2012 par Chloé Radiguet et Julien Cendres.

Les poèmes ont été vraisemblablement composés en 1921 au Lavandou (Var), où l'auteur du Diable au corps séjournait en compagnie de Jean Cocteau.

■On trouve à la suite une belle et intéressante correspondance autographe
signée de Cocteau à Félix Fénéon.

• Carte postale des Salettes (Carqueiranne), 23 mars 1921, 10 vers à l'encre noire dont 4 écrits
sur la reproduction : deux pièces évoquant les déboires de l'édition :
"Bien que filleul des fées né, on /
ne voit jamais sortir ses livres /
a moins qu'habilement on enivre /
leur geolier, Félix Fénéon". L'enveloppe
timbrée, jointe, porte cette spirituelle adresse : "Félix Fénéon qui rit /
Des auteurs 7 Pasquier rue /
Jusqu'au moment qu'il se rue /
Chez madame O RA KI RI".

• Carte postale du bar-tabac de Carqueiranne, 29 mars 1921, 22 lignes à l'encre noire :
Cocteau remercie Fénéon des quelques mots qu'il a consacrés au recueil Escales (1920), et demande des nouvelles de Lucien Daudet. "Ici je travaille et votre visage s'ajoute à ceux que j'ai coutume de voir autour de ma table pendant que j'écris. Radiguet fait des merveilles. C'est la première fois qu'un poète vivant m'étonnne".

• Lettre datée du Lavandou, 13 mai 1922, 1 page in-4, encre noire, 27 lignes :
Cocteau remercie Fénéon de lui avoir indiqué le Grand Hôtel du Lavandou et des mots qu'il a "eu honte d'entendre au téléphone mais qui, venant de vous me donnent des forces et me touchent le cœur (...) Au Lavandou j'ai l'espoir de ne rien écrire bien que l'air de mer excite les poètes – comme le prouve l'histoire du monde. Veillez au Potomak (soi-disant chez l'imprimeur). Vous me savez votre fidèle et très timide Jean Cocteau".

• Lettre datée de "Pramousquier par le Lavandou" (Var), 27 septembre [1922], 1 page in-4, encre noire, 20 lignes :
Cocteau remercie Fénéon de ses conseils éditoriaux. "Archi entre nous – rendez-moi l'énorme service de demander les clichés du Potomak et le livre corrigé + la préface - de les mettre à l'abri dans votre cabinet - de les laisser attendre là une décision que je prendrai à mon retour et après une conversation secrète avec vous. La perte de ces clichés me gènerait terriblement et je tremble pour eux si on RANGE..." Il s'agit probablement de clichés des dessins illustrant Le Potomak, dont la deuxième
édition sera finalement publiée Stock en 1924.

• Lettre datée de "Pramousquier (Var) [octobre 1922]", 2 pages in-8, encre noire, 18 et 19 lignes : des remerciements à Fénéon pour ses amabilités, mais aussi ceci :
"Quand les critiques comprendront-ils qu'on ne mélange pas certaines choses ? – que la jeunesse ne travaille pas en bloc et que la réussite n'est pas un record de coups de pédales. (...) Que devient la Sirène ? Attire-t-elle toujours les poètes pour les manger ? (Je ne parle pas de vous)..." Cocteau annonce l'achèvement du Grand écart ("Figurez-vous que je rapporte un joli roman – qu'il ne vous déplaira point – serait à mon travail une douce récompense"), la réalisation d'un "gros album de dessins (oui !) des poèmes et une traduc. d'Antigone. C'est ce qui arrive aux poètes qu'on dépose pour 6 mois sur une plage déserte".

L'écrivain et critique d'art anarchiste Félix Fénéon (1861-1944), ardent promoteur du post-impressionnisme, fut l'un des directeurs littéraires des Éditions de la Sirène en 1920-1922.

▬Joint :
• petite photographie représentant Jean Cocteau et Raymond Radiguet assis sur un ponton face à la mer (1923). Épreuve sur papier, 110 x 62 mm, un coin plié.

Provenance :
•Anthony HOBSON (ex-libris).
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