Lot n° 798

RONSARD, Pierre de. Les Amours... nouvellement augme[n]tées par lui, & commentées par Marc Antoine de Muret. Plus quelques Odes de L'auteur, non encore imprimées. [Relié avec la Musique]. Paris, Chez la veuve Maurice de la Porte, 1553 [et...

Estimation : 40 000 / 60 000 €
Adjudication : Invendu
Description
S.l.n.d., 1553]. 2 ouvrages en un volume in-8 (162 x 104 mm) de (16)-282-(2) pp. pour les Amours (sauts sans lacune aux pp. 128-139 et 169-180), et (32) ff. pour la Musique :
maroquin rouge, dos à nerfs, entrenerfs décorés de petits fleurons, fine couronne formée d'une guirlande végétale au centre des plats, dentelle intérieure, deux filets sur les coupes, coiffes guillochées, tranches dorées sur marbrure (Trautz-Bauzonnet).

►Seconde édition des Amours, en partie originale.

Imprimée huit mois après la rarissime première édition (30 septembre 1552, chez le même éditeur), elle comporte 44 pièces nouvelles, soit : 39 sonnets, 1 chanson et 4 odes ou odelettes dont la très célèbre "Mignonne allons voir si la rose". Deux sonnets ont été supprimés.

→L'ouvrage est orné de 3 portaits gravés sur bois à pleine page et légendés en grec représentant Ronsard, la belle Cassandre Salviati et l'humaniste Marc-Antoine Muret, qui a établi et commenté le texte du canzoniere ronsardien. Ces images figuraient déjà dans le volume de 1552. "C'est la première fois qu'un poète plaçait en tête de son livre, en place de la sienne propre, l'effigie de sa maîtresse" (Pierre Berès).

Exemplaire de premier état, imprimé en mai 1553 : les fautes signalées à l'errata ne sont pas corrigées et le feuillet préliminaire [8]v présente la coquille cover pour cœur. Le portrait de Cassandre est intact, alors que celui imprimé dans le deuxième état présente une cassure dans le bois. Par contre, l'impression fautive du commmentaire de Muret à la page 3 a été corrigée en cours d'impression. "Un examen attentif de tous les exemplaires existants (...) permettrait sûrement de mettre en évidence d'autres états" (J.P. Barbier-Mueller).

Daniel Maira, dont les travaux sur Ronsard font autorité et qui s'est voué à un patient travail de recensement et de bibliographie matérielle éclairant l'histoire éditoriale des premiers Amours et de la Musique, préfère parler, pour ce recueil augmenté, de "première édition de 1553", car il s'agit en fait, dit-il, d'un "livre nouveau, un autre projet éditorial".

►Le précieux fascicule de musique pour les sonnets de Ronsard est relié à la suite
des Amours.

Ce supplément musical se compose d'une page d'avertissement de l'éditeur signé des initiales A.D.L.P. (Ambroise de la Porte), de 58 pages de musique notée, de 3 pages de table des sonnets et d'un feuillet portant au recto l'achevé d'imprimer du 30 septembre 1552.

Exemplaire de la deuxième édition, antidatée. Elle sort des presses de l'imprimeur parisien Michel Fezendat (la première édition avait été imprimée, toujours à Paris, par Nicolas Du Chemin). L'avertissement est ici composé sur 15 lignes (il est de 18 lignes dans la première édition). L'imprimeur a été identifié récemment par L. Collarile et D. Maira.

Cette publication inaugure l'aventure musicale de Ronsard, qui remplaça Marot dans le cœur des musiciens de son temps. Dans le fascicule d'airs notés, "six chansons polyphoniques sont proposées sur six de ses sonnets, destinées à s'adapter à tous les sonnets du recueil, en fonction de leur schéma de rimes. Ainsi codifié par Ronsard pour faciliter sa mise en musique savante, le sonnet devient lyrique, et si l'on prend en compte ces timbres, le nombre de ses poèmes susceptibles d'être chantés en polyphonie avoisine les 350" (Isabelle His). Les auteurs de la musique des Amours sont Clément Janequin (1485-1558), Marc-Antoine Muret (1526-1585), Claude Goudimel (1510-1572) et Pierre Certon (v. 1510-1572). "C'est l'un des plus anciens exemples d'un auteur préparant la mise en musique de son ouvrage" (Pierre Berès).

Quelques petites rousseurs, légèrement plus prononcées aux premiers feuillets ; deux minuscules réfections marginales à la page de titre.

Agréable exemplaire, pourvu de bonnes marges et finement relié par Trautz.

Provenance :
•Léon TECHENER (1832-1888), libraire et collectionneur, fils du fondateur du Bulletin du Bibliophile (provenance établie par Collarile et Maira, op. cit., page 110, réf. A531, n° 11). Cf. Cat. de livres précieux (…) de M. Léon Techener, Paris, Vve A. Labitte, 1886 (vente 4-8 mai 1886), no 319. – Pierre Berès, Poésie ancienne, cat. 1999, n° 550.

Voir aussi le n° 617.

Tchemerzine-Scheler, V, p. 421. – J.P. Barbier-Mueller,
Ma bibliothèque poétique, II, n° 10. – N. Ducimetière, Mignonne allons voir, nº 5. – L. Collarile et D. Maira, Ronsard et la mise en musique des Amours (1552-1553), Paris, 2016, pp. 22-28 et 110. – I. His, "Musiciens" et "Musique", in : F. Rouget (éd.), Dictionnaire Ronsard, Paris, 2015, pp. 455-459.
– M. Dassonville, Ronsard : étude historique et littéraire, Genève, 1968-1985. – Ronsard, Œuvres complètes, I, Bibliothèque de la Pléiade, 1993, pp. 1215-1223.
– Bibliothèque nationale, Ronsard, cat. 1985.

Nous remercions M. Daniel Maira pour sa contribution à l'identification et à la description de cet exemplaire.
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