Lot n° 809

TYARD, Pontus de. Les Oeuvres poetiques (...) A sçavoir Trois livres des Erreurs Amoureuses. Un livre de Vers Liriques. Plus un recueil de nouvelles œuvres Poëtiques [reliés à la suite, du même auteur :] Ad Petrum Ronsardum, De Coelestibus...

Estimation : 15 000 / 20 000 €
Adjudication : 18 171 €
Description
Asterismis Poëmatum. – Mantice ou Discours de la vérité de Divination par Astrologie. – Solitaire Premier, ou Dialogue de la fureur poetique.
Paris, Gallliot du Pré, 1573. Quatre parties en un volume in-8 (211 x 140 mm) de (8)-164-(20) pp., (8) pp., (4)-114 pp. et 1 f. d'errata, 68 pp. (mal ch. 98) : veau fauve, dos lisse finement orné de compartiments avec fleurons et fers d'angle, pièces de titre de maroquin rouge, dentelle encadrant les plats, guirlande intérieure, roulette sur les coupes, tranches polies (reliure non signée, mais attribuable à Doll).

►Première édition collective, en partie originale.

Elle contient le testament littéraire de Pontus de Tyard (1521-1605), écrivain et poète parmi les
plus attachants de la Pléiade, esprit emblématique de la culture de la Renaissance. On lui doit,
entre autres, l'introduction de la sextine dans la versification française.

Le recueil s'ouvre par l'édition définitive des Erreurs amoureuses, virtuose canzoniere pétrarquiste et néoplatonicien publié originellement de 1549 à 1555. Cet important corpus, rassemblé ici pour la première fois, permet de suivre pas à pas les progrès techniques du grand versificateur que fut Pontus de Tyard, d'abord influencé par Scève puis, après la découverte de L'Olive de Du Bellay
et des Odes de Ronsard, fidèle aux principes esthétiques de la Pléiade.

La première section des Œuvres poétiques s'achève par les "Vers lyriques", d'abord parus dans
la Continuation des Erreurs amoureuses et en appendice du Second Curieux. A l'exception des trois poèmes d'ouverture, il s'agit "de nouvelles Odes qui témoignent d'une véritable maîtrise du genre,
non seulement par leur versification très sûre, mais aussi par l'étonnante variété des sujets qu'elles traitent" (John G. Lapp).

Albert-Marie Schmidt a loué la "prosodie et pensée sans fautes" de ces poèmes "d'un ton plus hautain que les chansons flûtées de l'école marotique", la richesse et la promptitude des images et des concepts ne faisant jamais obstacle à l'ordonnance rigoureuse des vers. "Rien de plus propre, de plus pertinent, de plus achevé que ses odes, tour à tour glorieuses, méditatives, transportées, amoureuses, funèbres, pittoresques".

Suivent, en édition originale, les Nouvelles œuvres poétiques : des sonnets, chansons et odes galantes composés pour Claude-Catherine de Retz et par lesquels Pontus réactive le pétraquisme de sa jeunesse. L'auteur y a joint une remarquable "Élégie à Pierre de Ronsard". Enfin, une pièce en latin "De coelestibus asterismis", aussi dédiée à Ronsard, est insérée entre les Œuvres et les Nouvelles œuvres. Pourvue d'un titre et de signatures particuliers, elle ferait partie intégrante
du volume (affirmation de L. Scheler contredite par J.P. Barbier-Mueller).

►Les deux ouvrages en prose reliés à la suite des poèmes témoignent de l'étendue et de la pertinence des intérêts intellectuels de Pontus de Tyard.

Mantice, publié pour la première fois en 1558 à Lyon chez J. de Tournes et G. Gazeau,
présente un texte corrigé de cette critique des impostures astrologiques. Solitaire Premier
(Lyon, J. de Tournes, 1552), qui achève le recueil, est un traité néoplatonicien de la "fureur poétique". Avec sa continuation publiée en 1555, ce texte théorique marque une pause dans l'activité poétique de Pontus de Tyard : elle durera près de vingt ans.

Bien que ces deux ouvrages accompagnent "presque toujours" les Œuvres poétiques de 1573, plusieurs exemplaires en sont dépourvus ou en comportent un seul. "Si l'on recense les volumes publiés dans les bibliothèques privées ou publiques on trouve de tout. Ainsi l'exemplaire Herpin (n° 153) contenait le poème latin et Mantice, mais pas le Solitaire Premier. On n'en finirait pas d'énumérer" (J.P. Barbier-Mueller).

Le titre général et celui de Solitaire Premier sont ornés de beaux encadrement à figures ; celui de Mantice est entouré de frises à la grotesques ; grande marque typographique de Galliot du Pré fils
sur la page de titre du De coelestibus.

►Séduisant exemplaire, complet de toutes les parties requises et agréablement relié.

Quelques rousseurs et cahiers brunis ; le couteau du relieur a légèrement entamé les marges inférieure et intérieure de l'encadrement de Solitaire Premier.

Provenance :
•Jacques-Joseph, Comte de CORBIÈRE (1766-1853), Pair de France en 1828, membre de la Société des Bibliophiles françois (ex-libris armorié). –
•Auguste-Pierre GARNIER (1885-1966), directeur de la maison d'édition Garnier frères à partir de 1911 (ex-libris).

Tchemerzine-Scheler, pp. 897-898. – J.-P. Barbier-Mueller, Ma bibliothèque poétique, III, n° 46 & 47. – A.-M. Schmidt (éd.), Poètes du XVIe siècle, Bibliothèque de la Pléiade, 1953, pp. 367-369. – Pontus de Tyard, Œuvres poétique complètes, éd. de John G. Lapp, Paris, 1966.
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