Description
afin d'y développer la culture et l'élevage dans de vastes territoires, et d'y faire fortune, avec l'aide d'esclaves.
Laissant femme et enfants en France (Bourgogne), il s'embarque du Havre et arrive à la Nouvelle-Orléans, en juin 1821. Il part aussitôt pour Mobile, où il fait l'acquisition d'un vaste terrain sauvage à quelques journées de pirogue de là, d'une superficie de 1240 arpens (environ 600 hectares) situé à l'embouchure de la Baie Mobile (Mobile Bay) et de la Rivière aux poissons (Fish River), boisé de nombreuses essences d'arbres et peuplé d'animaux sauvages.
Parti avec deux associés qui décèderont peu après, il se retrouve totalement seul pour déboiser, défricher, s'installer, s'équiper, construire une habitation et trouver les moyens de survivre et se défendre.
Plein d'enthousiasme et d'utopie, il veut faire pousser dans ce pays chaud et humide une grande quantité de fruits et légumes inconnus dans cette région de l'Amérique quasi vierge, et, à cet effet, il fait venir de France de nombreuses graines, des noyaux, des pépins, des plants, des boutures, et même des animaux, qui ont fait la fortune de la Bourgogne, et en particulier des vignes.
Mais épuisé après deux années éprouvantes où les difficultés en tous genres s'enchainent, isolé et loin de sa famille, et après le refus de sa femme de venir le rejoindre, il finit par revenir en France en août 1823. Il gardera sa propriété américaine jusqu'à sa mort (survenue en 1855), qui sera finalement récupérée par les héritiers de la Maison Gibbons & Price, avec qui il était en procès, en 1884.
Durant ces deux années, il écrit de très longues lettres à sa femme, d'une fine et dense écriture, dans lesquelles il raconte très en détail ses pérégrinations : arrivée au Golfe du Mexique où le navire est poursuivi par un corsaire, remontée du Mississippi, état des lieux de la Nouvelle-Orléans (où l'on vient de paver la première rue car leur état est déplorable), bilan de ce qui manque à l'agriculture de la Louisiane et de l'Alabama, évocation de ses deux associés, liste des livres qu'il a amenés avec lui (Œuvres de Montesquieu, Economie politique de Jean-Baptiste Say, Loi naturelle de Volney, etc.), conditions de vie très difficiles, coût des esclaves dans les habitations, récit de son voyage et de ses pérégrinations jusqu'à Mobile à la recherche d'une propriété où il pourrait s'installer (piqué par un insecte au visage, il aura de la fièvre durant des mois). Il achète finalement la " Rivière aux poissons ", vaste domaine de 1240 arpents (31 arpents de longueur sur la baie (env. 1800 mètres) et 40 (230 0 m) sur la rivière) ; il se perd dans la jungle durant 24 heures, dormant au milieu des bêtes sauvages, fait des pêches miraculeuses avec quantité de poissons de grandes tailles, aménage une petite maison et un jardin, avec des " cases à nègres " pour y héberger 4 esclaves, vend du vin, achète des animaux et demande à sa femme une quantité invraisemblable de choses pour compléter son installation : elle doit en particulier lui acheter et lui expédier une grande quantité de vins dont il donne les caractéristiques, doit réaliser une collection de noyaux et pépins pour les cultiver en Amérique, confectionner des caisses pour apporter des plants de vignes de Chasselas et de Muscat (noir et blanc), mais aussi des outils en tous genres, du textile, des meubles, car on ne trouve rien sur place. Il rend visite à son voisin le plus immédiat qui a déjà fait fortune, avec une vingtaine de Noirs qui font tourner une briqueterie en pleine activité.
Il fait des calculs de rentabilité suivant le nombre d'animaux et le coût de ses esclaves, fait l'inventaire des bois de sa propriété, raconte des anecdotes sur ses voisins, sur ce qu'il mange, demande sans cesse qu'on lui envoie de l'argent de France, explique toutes les démarches à effectuer pour embarquer tous leurs effets à Rouen, entre en contact avec son ami Louis-Augustin Bosc d'Antin (1759/1828), naturaliste du Muséum de Paris (qui avait été consul à New-York), pour lui faire parvenir des greffes et de jeunes arbres fruitiers de la Pépinière du Roi. Il dresse un état des lieux de la ville de Mobile, sa population, ses foires, le prix des marchandises, etc. Des " serpents aux trois couleurs " s'attaquent à ses animaux et son chien se fait dévorer par un caïman alors qu'il tentait de rejoindre sa pirogue. Il fait un bilan de ce qu'il a réussi à élever et faire pousser, etc., etc.
Dans une très longue et passionnante lettre de 8 pp. in-4, adressée à un ami qui souhaite comme lui s'installer en Amérique, il fait un véritable état des lieux de la situation de cette région encore inexplorée et qui commence à se développer à partir de la petite ville de Mobile. Sorte de mémoire tiré de sa propre expérience, fourmillant de conseils pour réussir son installation dans la région.
Cette passionnante correspondance nous plonge dans le quotidien de ce pionnier de l'Alabama.
Cette archive est constituée de :
▬1. Correspondance écrite durant son séjour aux Etats-Unis. :
• 14 lettres à son épouse Floride Parseval (Paris 1791/1849)
• 1 lettre à sa sœur
• 1 lettre à son frère
• 1 lettre à un associé qui voulait également s'installer en Alabama
Au total 17 longues lettres d'une fine et dense écriture (plusieurs font de 8 à 9 pages in-4), formant 73 pp. in-4 (qq. in-8), 16 écrites des Etats-Unis (" sur le Mississippi ", Nouvelle-Orléans, " Rivière aux Poissons " (en grande majorité) et Mobile) + 1 écrite de Paris à son retour en France. La correspondance commence par la lettre n°5 du 12 juin 1821, écrite " sur le Mississippi ", à son arrivée en Amérique ; la correspondance américaine est complète, manquent les 4 premières lettres écrites de France avant son départ.
▬2. Correspondance de son associé Adrien à son épouse Floride, restée en France : 6 lettres (+ 1 copie), 17 pp. in-4. Paris, 1822-1823. Contient d'intéressants renseignements sur le retour de Lalouette et ses affaires en France.
▬3. Manuscrit d'Antoine Prudence Lalouette, écrit le 19 mai 1852. 3 pp. in-folio. Destiné à une personne qui souhaiterait s'installer en Amérique (et éventuellement racheter sa propriété), il contient de très intéressants renseignements sur sa vaste propriété américaine et fourmille de conseils pour s'installer.
▬4. Correspondance de 21 lettres de Maxime Lalouette à son père Antoine Prudence Lalouette, écrite principalement pendant le décès de sa mère Floride Parseval. 1847-1852.
▬5. Actes d'état civil
• contrat de mariage d'Antoine Prudence Lalouette avec Floride Parseval (10 pp. in-folio, 1813) + 3 autres documents.
• acte de décès de Floride Parseval (1849)
• acte de décès d'Antoine Prudence Lalouette (1855)
▬6. Lettre de Jos. I. Clemmons " attorney at law " à Mobile, sur la vente de la propriété (1884, 4 pp. in-8 + traduction).
►Très rare et passionnant ensemble.