Lot n° 159
Sélection Bibliorare

ESPAGNE / TAUROMACHIE. Mars - avril 1877. •Manuscrit de la main du comte de Carnazet : " Journal de notre voyage en Espagne ", tenu du 16 mars au 29 avril 1877. 66 pp. in-4. Barcelone, Valence, Cordou, Grenade, Malaga, Cadix, Gibraltar, Tarifa,...

Estimation : 600 / 800
Adjudication : Invendu
Description
Séville, Madrid, etc.
Récit pittoresque, en particulier de corridas, comme celle à laquelle il assista à Castillejo avec le célèbre matador Rafaël Lajartijo (1841/1900). "
Mais la plus forte émotion que nous rapportions de cette jolie ville est sans contredit la course de taureaux. Plus de 8.000 personnes étaient placées autour du cirque au moment suprême. Le temps était beau. La cour avait pris place dans sa tribune. On voyait la reine Isabelle, ses 3 filles, leur suite […].
Sur les chaises du balcon, beaucoup d'Anglais, quelques femmes en grande toilette […].
Derrière ces places et en bas, une foule compacte d'hommes grouillant avec tapage, fumant, crachant avec rage […].
Tout cela se serre, se monte les uns sur les autres. Au fond se dressent les gradins au soleil et par conséquent bon marché, ceux là sont marbrés de parapluies rouges et rayés qui excitent l'hilarité générale. Tout à coup on applaudit. Nous nous penchons et remarquons un individu qui veut peut-être disparaître dans la foule et qui cependant paraît bien fier, bien heureux de tous ces témoignages de sympathie. C'est le matador chéri de Séville : Raphaël Lagartijo […] ".
Suit un long récit du spectacle qui à la fois l'impressionne et lui donne la nausée tant les scènes d'éventration des chevaux et de la souffrance animale lui sont insupportables. 15 chevaux et 6 taureaux sont ainsi tués. "

Je dois dire qu'un immense mouvement d'indignation accueillit l'horrible scène que je raconte [un cheval entièrement éventré, marchant sur ses boyaux, fut relevé et obligé à combattre de nouveau] tant le spectacle était inhumain !! Mais il y a un certain nombre de chevaux sur le flanc, la trompette sonne, les banderillas piquent avec une grâce et une légèreté non exempte de danger ces baguettes destinées à accélérer la fureur du taureau.
Puis le matador s'inclina devant la reine, obtient la permission de tuer et armé de sa cape rouge et de son épée, s'avance avec une assurance inouïe devant la bête qu'il touche presque, se rejetant de côté lorsqu'elle s'élança la rage contre lui. Puis, lorsque la bête est dans la position voulue, l'épée va se loger entre les deux épaules où elle disparaît jusqu'à la garde. Ce moment est très palpitant […].
L'élégance suprême veut que le taureau se recule lentement en mourant, et ploie ses genoux devant son bourreau […]. Alors des milliers de chapeaux sont lancés aux pieds de l'exécuteur qui s'incline avec fierté […].
Pendant ce temps là un petit homme vêtu de noir apparaît mystérieusement, achève la victime avec un poignard qu'il enfonce traitreusement dans la cervelle. La musique militaire reprend à grands fracas : 6 mules toutes harnachées en pompons rouges arrivent comme un tourbillon, emporte le héros en grand galop et reviennent soustraire aux yeux les pauvres chevaux efflanqués qui dessinent leurs tristes silhouettes sur le fond de l'arène. On efface les mares de sang, mais ce ne sera pas pour longtemps car cet affreux spectacle n'a point d'entr'actes. La trompette sonne. Chacun est à son poste. De nouveaux chevaux, les uns frais, les autres déjà blessés sont là, un nouveau taureau arrive… ".

•Passeport pour l'étranger délivré au comte de Carnazet pour se rendre en Espagne, Portugal et Italie.
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