Lot n° 11

BOFA (Gustave Blanchot, dit Gus). 7 lettres autographes signées à Élie Faure. 1926-1929 et s.d.

Estimation : 600 / 800
Adjudication : Invendu
Description
♦ Sur son illustration pour Don Quichotte de Cervantès (1926), et sur un projet d'édition illustrée pour Élie Faure.

▬ Paris, 2 janvier 1926.
« Je ne suis, malheureusement, responsable ni du dessin en question ni du mastic typographique qui me l'a fait attribuer. Je le supposais moi-même d'un élève de Daumier, mais son auteur, bien vivant, est un Mr Chadel [l'illustrateur Jules Chadel] dont Le Crapouillot vous donnera volontiers l'adresse.
Il ne me reste qu'à vous remercier des vœux, si aimables, que vous faites pour mon Don Quichotte et sa fortune, et vous tenir assuré, en retour, de toute ma vive et sympathique considération... »

▬ Paris, « jeudi soir », [7 octobre 1926].
« La Société des "Amis de Don Quichotte" n'existe pas en fait, mais elle existe moralement et je vous ferai très volontiers le petit dessin que vous me demandez au nom de cette compaternité. Je suis très heureux que le bouquin vous ait plu et vous remercie d'avoir pris la peine de me le dire... »

▬ Paris, « mardi soir » [19 octobre 1926].
« J'ai fait le petit dessin demandé pour votre exemplaire de Don Quichotte, que je m'excuse d'avoir si longtemps gardé... »

▬ Paris, « mercredi », [24 novembre 1926].
« Vous êtes très aimable d'avoir pensé à traduire en "plaisirs de gueule" le Don Quichotte que j'avais dessiné, si volontiers, pour le plaisir simplement, à votre intention. Telle est mon ignorance des choses littéraires que j'avais oublié que vous êtes docteur ! Pour quoi je cherchais bien loin un docteur Faure, imaginaire, sans penser à vous. Pour quoi aussi j'ai tant tardé à remercier celui-ci de son aimable envoi dont je vous assure que j'ai su apprécier toute la charmante intention, très cordiale et la qualité d'expression... »

▬ Paris, « lundi soir », [1929].
« Toute la guerre a été caricature. Au sens le moins honorable du mot. On sera toujours au-dessus de la vérité. La difficulté n'est pas là, pour le moment, mais dans le temps à trouver pour faire les illustrations. Je suis prisonnier de 4 bouquins qui représentent une quantité de gravures. C'est un petit problème qu'il faudra essayer de résoudre lorsque nous nous verrons. Pour aujourd'hui je veux seulement vous dire a priori que j'aurai grand plaisir à le résoudre... »

▬ [Paris], « dimanche », [1929].
« J'ai donc vu Crès cette semaine [Georges Crès, éditeur habituel d'Élie Faure]. Nous n'avons pu nous mettre d'accord que sur un point : que nous n'entendions pas du tout l'édition de luxe de la même manière. Je crois que la sienne n'est pas la bonne, mais là n'est point la question. Je vous écris ce mot pour vous dire que je regrette de ne pas illustrer, finalement, votre beau livre que j'ai relu en partie et lu, sans arrêt, et que je trouve excellent parce qu'il est exactement marqué de sa date, qui lui donne son véritable sens... »

▬ [Paris], « mercredi soir », [1929].
«  Je reviens de la campagne et trouve votre lettre. Je dois d'abord vous remercier de la façon dont vous prenez ce que vous nommez : mon refus – qui n'est qu'une impossibilité matérielle à me charger de votre livre, tel que le veut Crès. Je vous prie de croire que j'ai à cœur sincèrement sa réussite, pour la part que j'ai failli y prendre. Je vous avais envoyé Paris de bonne foi [peut-être le dessinateur et illustrateur Alphonse de Parys]. Je ne crois pas que son dessin ait rien de métaphysique, mais croyez-vous que la métaphysique soit illustrable ? Je ne voyais en lui qu'un artiste sincère, capable, mieux qu'un autre, de situer, par des documents véridiques le côté réel de votre livre. Pour le reste, que voulez-vous qu'on ajoute à votre texte ? Et pour le public auquel il doit s'adresser, à entendre Crès !
On peut toujours dessiner un livre nouveau en marge d'un livre écrit. Mais lorsque le livre écrit est complet et dit ce qu'il veut dire, est-ce utile d'y ajouter quoi que ce soit d'autre qu'un décor, à l'usage des lecteurs pauvres d'imagination.
Il y a un garçon de valeur qui se nomme H. Mirande [l'illustrateur Henry Mirande], qui a fait pour Mac Orlan, sur ma recommandation, de très belles lithographies (Chronique des jours désespérés). Je crois qu'il accepterait les prix de Crès, et comprendrait votre livre. Le connaissez-vous ?
Il y a Alexeieff que vous connaissez sûrement. Il fait des bois et des lithos d'une abstraction un peu naïve, faussement naïve et faussement insensée. Je crois qu'il reculera aussi devant les idées de notre Célestin [Georges Crès, dont c'est le second prénom]... »
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