Lot n° 62

JAMMES (Francis). 6 pièces, soit 4 autographes signées et 2 autographes. Francis Jammes était ami avec la famille Reclus, et habita longtemps, à Orthez, l'ancienne maison du pasteur Jacques Reclus dont Élie Faure était le petit-fils par sa...

Estimation : 600 / 800
Adjudication : 850 €
Description
mère Zéline Reclus.
▬ Lettre autographe signée à Élie Faure. Orthez (Pyrénées-Atlantiques), [14 décembre 1904].
♦ Sur le banquet en l'honneur du peintre Eugène Carrière, organisé par Élie Faure et qui se tiendrait le 20 décembre 1904 sous la présidence de Rodin :
« Hélas, non, je n'assisterai pas au banquet. Mais j'envoie à mon ami Arthur Fontaine, pour qu'il y lise en mon nom, le jour de cette belle fête, quelques lignes. ne viendrez-vous jamais me voir dans ce vieil Orthez dont vous êtes ? Je vous tends la main de tout cœur... Je vous adresse ma cotisation afin qu'elle me permette d'être au moins représenté par une chaise vide... »

▬ Lettre autographe signée au peintre Ernest Bordes.
S.l., [1897].
« Je vous envoie, avec mon plus affectueux souvenir, mes vers de la noce Bonneville ; & de plus, pour madame Paul Reclus, qui voudra bien le transmettre à qui de droit, un poème sur un petit veau. Votre délicieuse nièce [Marie Reclus], cette aimable enfant qui comprend et qui apprécie mes vers aussi bien que tous les anarchistes de la Revue blanche réunis, ne saurait certainement goûter le genre dragée d'un épithalame. Je lui envoie donc, quoi, un veau, non plus ni moins qu'un d'Orion, Ernest, Paul, Édouard ou autre... Je courrai samedi prochain au portrait d'Aicard [par le peintre Ernest Bordes, exposé à Pau en 1897], lequel, le portrait, bien entendu, est dit-on une merveilleuse merveille. Veuillez m'excuser auprès de madame Bordes de ce que les vers que je recopie pour elle soient, si, de circonstance. Qu'elle les considère simplement comme une obéissance au moindre de ses désirs et un hommage à sa gracieuse bonté... » Cousin par alliance d'Élie Faure, Ernest Bordes s'était marié avec la sœur de l'épouse de Paul Reclus, dont il eut une fille, Marie.

▬ Poème autographe intitulé « Vers à madame Bonneville », [1897]. « Voici les tendres mots que m'ont dits vos compagnes : /
deux fleurs, l'une après l'autre, ont quitté le jardin. /
Une restait encore. Où donc est ce matin /
son calice plus blanc que le cœur des montagnes ? //

Allez, m'ont-elles dit, allez vous qui chantez, /
allez dites-lui que nous pleurons sur elle. /
Le lys s'est envolé comme une tourterelle. /
Un charme l'a conduite aux pays enchantés. //

Laissez, leur ai-je dit ; laissez, ô mes pleureuses, le calice du lys à son enchantement /
car le parfum survit à son éloignement /
quand doux est le parfum et la fleur bienheureuse. »

(3 quatrains sur une p. in-4 ; enveloppe autographe au nom de Marie Reclus).

▬ Billet autographe [à Marie Reclus, 1897].
« Pour la petite Béatrix du Dante que je suis ; celle qui est "tout papa" et que "maman me gronde", et qui "aime beaucoup ça, mes vers, parce que ça se passe à midi et qu'il y a du tonnerre dans les branches" (mémorial de la noce Bonneville) »

▬ Poème autographe signé intitulé « C'était affreux... », [1897]. « C'était affreux, ce petit veau qu'on traînait /
tout à l'heure à l'abattoir et qui résistait //

et qui essayait de lécher la pluie /
sur les murs gris de la petite ville triste. //

Ô mon Dieu ! Il avait l'air si doux /
et si bon lui qui était l'ami des chemins en houx. //

Ô mon Dieu ! Vous qui êtes si bon, /
dites qu'il y aura pour nous tous un pardon //

– et qu'un jour, dans le Ciel en or, il n'y aura /
plus de jolis petits veaux qu'on tuera, //

et, qu'au contraire, devenus meilleurs, /
sur leurs petites cornes nous mettrons des fleurs. //

Ô mon Dieu ! faites que le petit veau /
ne souffre pas trop en sentant entrer le couteau... »

(7 distiques sur une p. in-4).
Poème intégré en 1898 dans son recueil De l'angélus de l'aube à l'angélus du soir, avec dédicace « À Mademoiselle M. R. ».

▬ Poème autographe signé intitulé
« À Mademoiselle M[arie] R[eclus] », 1897.
« On dit qu'à Noël, dans les étables, à minuit, /
l'âne et le bœuf, dans l'ombre pieuse, causent. /
Je le crois. Pourquoi pas ? Alors, la nuit grésille ; /
les étoiles font un reposoir et sont des roses ! //

L'âne et le bœuf font ce secret pendant l'année. /
On ne s'en douterait pas. Mais, moi je sais qu'ils ont /
un grand mystère sous leurs pauvres fronts. /
Leurs yeux et les miens savent très bien se parler. //

Ils sont les amis des grandes prairies luisantes /
où des lins minces aux fleurs en ciel bleu, tremblent /
auprès des marguerites pour qui c'est dimanche, /
tous les jours, puisqu'elles ont des robes blanches. //

Ils sont les amis des grillons aux grosses têtes, qui chantent une sorte de petite messe /
délicieuse dont les boutons d'or sont les clochettes /
et les fleurs des trèfles les admirables cierges. //

L'âne et le bœuf ne disent rien de tout cela, /
parce qu'ils ont une grande simplicité /
et qu'ils savent bien que toutes les vérités /
ne sont pas bonnes à dire. Bien loin de là. //

Mais moi, lorsque l'été les piquantes abeilles /
volent comme de petits morceaux de soleil, /
je plains le petit âne et je veux qu'on lui mette /
de petits pantalons en étoffe grossière. //

Et je veux que le bœuf qui, aussi, parle au Bon Dieu, /
ait, entre ses cornes, un bouquet frais de fougères /
qui préserve sa pauvre tête douloureuse /
de l'horrible chaleur qui lui donne la fièvre. »

(7 quatrains sur 1 p. 1/2 in-4 ; enveloppe autographe au nom de Marie Reclus).
Partager