Lot n° 90

PHILIPPE (Charles-Louis). Correspondance de 14 missives autographes signées, soit 12 lettres et 2 cartes, adressées à Élie Faure. 1907-1909. Une lettre avec manque dû à l'ouverture portant atteinte au texte. Correspondance pétillante...

Estimation : 300 / 400
Adjudication : 1000 €
Description
d'humour caustique et d'autodérision picaresque.
▬ Paris, 1er septembre 1907.
« Je comptais vous voir avant mon départ, mais comme je savais que vous étiez presque toujours à la campagne, je n'ai pas hasardé le voyage de la rue N.-D.-des -Champs. Nous reprendrons cela cet automne.
Je suis un type dans le genre de la fourmi. J'ai beaucoup travaillé ce printemps et cet été, et c'est ensuite que je me suis aperçu qu'il valait mieux ne pas utiliser ce que j'avais fait.
En attendant, il faut que vous arrachiez madame Milie [Émilie Millerand], ma future veuve, aux maux qu'elle continue à avoir dans le ventre. Est-ce que vous pourriez lui écrire un mot, 31 quai Bourbon, pour lui dire quel jour elle pourrait vous rencontrer chez vous ? Elle irait vous consulter. Vous seriez bien aimable.
Je vous consacrerais dans mes souvenirs ou plutôt dans mes mémoires tout un long chapitre. J'émettrais à votre sujet des idées neuves sur les médecins. Je m'engage à déclarer que vous aurez été un précurseur. J'ai fait de la peinture chez Francis [le peintre et écrivain Francis Jourdain]. Je suis très ennuyé. Je croyais du premier coup lancer l'art contemporain dans des voies nouvelles. Eh bien, je ne puis pas y arriver. Est-ce que par hasard les peintres auraient autant de mérite que nous ? Je pars lundi soir pour mon pays. Il y a déjà une statue. Ça m'ennuie. J'aurais préféré être tout seul.
Si c'est vous qui ayez à vous occuper de la mienne, faites-la déboulonne. Je vous rendrai la pareille si c'est moi qui [aie] à m'occuper de la vôtre... » Avec un croquis original le représentant nu sur un socle portant la légende « À L. Philippe. Sa patrie  ».

▬ Cérilly (Allier), 17 septembre 1907. « Alors vous vous contenteriez de ce buste ! Que faites-vous de l'estime de soi-même ! J'apprends à monter à cheval pour avoir une statue équestre... »
(sur une carte postale ; au recto, une vue photographique du monument érigé à la mémoire de l'explorateur et naturaliste François Péron, originaire de Cérilly comme Philippe).

▬ [Paris], « mardi », [26 novembre 1907].
« Entendu pour dimanche soir. Grave nouvelle : j'ai mes premiers rhumatismes. Invitez une jeune fille... »

▬ [Paris], « mercredi », [1907].
« Entendu pour demain 11 h. J'espère que nous sortirons de là ivres morts... »

▬ [Paris], 19 janvier 1908.
« Je vous envoie un jeune soldat bien embêté, maintenant que le dimanche est fini. je ne vois que vous qui puissiez le tirer de sa triste situation. Il vous expliquera son cas et vous demandera de vous compromettre en faveur du troupier français... »

▬ [Paris], « vendredi », [31 janvier 1908].
« J'ai eu la grippe tous ces jours-ci et je l'ai encore. Samedi dernier j'étais complètement abruti et je ne me rappelais pas que je devais dîner chez vous. Je ne m'en suis rappelé que lundi, et alors j'étais dans un tel état de ramollissement que je n'ai pas eu le courage de vous écrire... Si vous avez l'occasion de passer de mon côté, venez m'arracher à la mort, me rappeler à la vie. J'ai du bon rhum et une femme de ménage charmante... »

▬ [Paris], 18 février 1908.
« Je n'ai pas pu aller vous voir samedi dernier parce que tous ces temps-ci j'étais encore bien fatigué le soir. Dites-moi donc quand je pourrai aller vous remercier de m'avoir guéri. Je suis en train d'écrire une petite chose pour vous. Je dis que la maladie m'a tenu lieu d'un beau voyage et que c'est bien triste de ne plus être malade. Je vous montrerai ça quand ce sera terminé, et vous me traiterez d'hypocrite.
Je travaille pour l'administration et je trouve que j'étais très bien au lit malgré la fièvre et la diète. Et puis quand je n'écrivais pas, j'avais tant de talent !... »

▬ Paris, « mercredi matin » [22 juillet 1908].
« En même temps qu'on vous a dit que je n'étais pas mort, on a dû vous dire que je menais une vie pleine de revers. Je me suis adressé bien des reproches parce que je ne vous avais pas écrit. Mais enfin, tout va bien maintenant puisque voilà que nous nous donnons rendez-vous. Pourriez-vous considérer lundi prochain comme un jour de cette semaine ? Je ne vois pas la possibilité d'être libre auparavant. Envoyez-moi un mot pour me dire que oui, et nous renouvellerons à Montmartre... les grandes orgies romaines... »

▬ Cérilly, 12 septembre 1908.
« Il faudra, mon cher ami, que nous nous voyions plus souvent cet hiver. Je suis devenu l'un des plus glorieux conteurs du "Matin". Je vous ferai partager ma fortune et mes honneurs... »

Sur une carte postale portant, au recto, une vue photographique de Cérilly.

▬ Joint,
• une lettre et deux cartes de la mère de Charles-Louis Philippe, adressées à Élie Faure (1910 et s.d., les cartes postales portant au recto une vue photographique du monument funéraire de Charles-Louis Philippe).
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