Lot n° 110

SIGNAC (Paul). 4 lettres autographes signées à Élie Faure. Vers 1922-1927.

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : 1600 €
Description
▬ [Paris, vers 1922].
« Entendu, joyeusement. Mais, tenez-vous à ce que cette aquarelle soit sur le papier du livre même – qui me semble bien mauvais pour le lavis – ou me laissez-vous la faire sur une feuille volante que vous feriez relier avec les feuillets. Dites, et je vous obéirai, seigneur. J'ai bien trouvé, en revenant de Bretagne – où j'ai acquis une belle sciatique, qui s'éloigne, du reste – votre aimable envoi, L'Arbre d'Eden... mais j'ai été tellement pris par les Indep. [Salon de la Société des artistes Indépendants] que je n'ai pu achever cette bonne lecture. Certains partis m'enthousiasment, mais, contre d'autres, je regimbe !
Ce sera bon de s'engueuler un peu. D'abord, dites un peu ; êtes-vous persuadé que le récent Salon d'automne est le retour du plus plat classicisme ! Si oui, on pourra commencer à parler... »

▬  Paris, 1922.
« Voici le bouquin – avec un peu de noir en supplément. Sur ce papier, il eût été absolument impossible d'aquareller.
J'attends avec impatience le Delacroix [Élie Faure publierait avec préface en 1923 une édition des écrits d'Eugène Delacroix]. Ça manquait. Ça nous consolera de Lhote et de Favory [les peintres André Lhote et André Favory]. Je ne connais pas d'autres photos de Delacroix que celles que vous connaissez. Et ne sais rien de l'Hommage. Il faudrait bien se voir un peu, mais en ce moment je suis pris par la lutte contre les poules de Bartholomé, qui veulent nous coincer au Grand-Palais [le monument de la pointe de Grave du sculpteur Albert Bartholomé serait exposé au Grand-Palais en 1923] – mais tout de même à bientôt... »

▬ Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes), 22 mars 1922, d'après le cachet de la poste.
« Cher ami, bien reçu votre lettre et le beau livre. Je n'ai encore regardé que les images, qui, comme toujours dans vos ouvrages, sont très bien choisies. Et vous avez raison, il est bien préférable de donner un fragment qu'un ensemble où les rythmes trop réduits disparaissent. Merci, mon ami, de ce beau présent qui va nous faire passer de bonnes heures.
C'est avec grande joie que je tâcherai de ne pas trop abîmer la page de garde sur votre "Seurat" par une aquarelle d'après la Grande Jatte [le catalogue de l'exposition Georges Seurat, tenue du 15 au 31 janvier 1920 à la galerie Bernheim jeune, préfacé par Paul Signac].
Mais il est possible que dans mes cartons un petit croquis original (oh, pas bien important) de Seurat. Et ce serait peut-être mieux. On réserverait l'aquarelle pour le Signac qui doit paraître chez Crès [ouvrage de Lucie Cousturier, qui ne paraîtrait qu'en 1927]... Recevez, mon cher ami, notre bien affectueux souvenir avec des bises de Ginette [fille de Paul Signac] qui devient lhotiste et même un peu dufyste... »

▬ [Paris, 1927].
« Je vous remercie de l'amical envoi de votre nouvel ouvrage ; je vais le lire, un peu chaque soir, pour me reposer des rudes besognes (Rétrospective et Indépendants... 2 expositions à préparer) de la journée [il évoque ici le Salon de la Société des artistes indépendants, à Paris, et la Rétrospective de l'époque néo-impressionniste au Salon du Sud-Est à Lyon]. Ah ! J'aimerais mieux le déguster sous les pins du bastidon, avec, au fond, des bricks-goélettes italiens au mouillage de L'Estaque – mais hélas, ces besognes me retiennent à Paris. Une inquiétude : en ouvrant hier, un de vos volumes, je retrouve une lettre que vous m'adressiez avec le "Signac" de notre chère Lucie. Et je me demande si par une infâme, une atroce distraction, je n'aurais pas oublié de vous remettre l'œuvre de notre amie, illustrée (dans illustrée, il n'y a pas illustre) d'un original, comme je me le proposais ?
Rassurez-moi vite, s'il vous plaît... »
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