Lot n° 283

CORVISART (Jean-Nicolas). Lettre autographe à son « fils ». Milan, 2 prairial an XIII [21 mai 1805]. 4 pp. in-4.

Estimation : 400 / 500
Adjudication : 400 €
Description
► Belle lettre enjouée écrite de Milan cinq jours avant la cérémonie du couronnement de Napoléon.

Corvisart montre dans cette lettre privée toutes les qualités qui le firent apprécier de l'Empereur, c'est-à-dire clarté d'esprit, élévation de vues et honnêteté, mais également humour et franc-parler sans ambages.

« ... Tu connais bien M. Ruotte... Il demeure à Versailles,... tu pourrais lui en écrire...
Tu saurais en même tems s'il est toujours question que l'Empereur aille à Versailles, comme on n'en peut guère douter.
Enfin, cherche, informe-toi, vois à me trouver quelque chose à quelques lieues de ce chef-lieu très probable.
On dit ici qu'on travaille au château.
Tu me feras plaisir d'aller voir mon neveu [l'officier Scipion Corvisart, qu'il adopterait, et qui participa aux campagnes impériales de 1809 à 1815] et de le recommander de ma part à ses chefs. Dis-lui que c'est un étourdi, qu'il n'a pas mis dans la lettre qu'il ma écrite la quittance qu'il m'annonçait ; dis-lui qu'elle contenait des fautes d'orthographe et de ponctuation et que rien ne me dégoûte davantage...
Michel, en présentant mes devoirs à M. Caulaincourt [grand écuyer et responsable des chevaux de la Maison de l'Empereur], pourrait le prier de ma part de me choisir un bon cheval noir de carosse ; je m'y fierais plus qu'à Godine à qui tu ne feras pas cette confidence mais tous mes complimens...
J'ignore profondément le tems de mon retour, mais enfin, après le Couronnement, il faut s'attendre à tout et être en mesure... Est-ce que tu ne pourrais pas me trouver dans tes courses quatre, cinq ou six chaises (cela est égal) en acajou, propres, légères et solides, pour mon cabinet ? Tu es paresseux comme un J. F. [jean-foutre].
Tuez-vous des lapereaux à Maisons [chez son ami le Maréchal LANNES, au château de Maisons-Lafitte] ? Le Maréchal m'a parlé plus d'une fois de son chien, lui as-tu envoyé ? J'espère que ta femme aura été contente de la lettre que je lui ai écrite [...]. Baise-la mieux, et ne la b... pas tant, entends-tu ?... »

Grand clinicien, Jean-Nicolas Corvisart (1755-1821) chercha à donner des bases scientifiques à la médecine en la fondant sur l'anatomie pathologique. Il utilisa la méthode de percussion pour le diagnostic des maladies cardiaques et créa l'enseignement clinique au lit du malade.
Il fut le médecin personnel de Napoléon Ier.

$$$NB : Officier de cavalerie, Scipion Corvisart (1790-1866), neveu et fils adoptif de Jean-Nicolas, participerait aux campagnes de 1809 en Autriche (blessé à Wagram), de Russie en 1812, de Saxe en 1813, de France en 1814, et de Belgique en 1815.
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