Lot n° 132

Pierre-Louis-Jean, duc de BLACAS D’AULPS (1770-1839) Ministre, ami et confident de Louis XVIII. 3 L.A.S., Paris octobre-décembre 1814, à Charles-Maurice Prince de TALLEYRAND ; 1, 11 et 8 pages in-4.

Estimation : 800 / 1 000 €
Adjudication : Invendu
Description
► IMPORTANTE CORRESPONDANCE POLITIQUE PENDANT LE CONGRÈS DE VIENNE.

Talleyrand a inséré ces lettres dans ses Mémoires (coll. Bouquins, p. 530, 555 et 587).

─ 21 octobre. « Mr de JAUCOURT vous informera sans doute, Prince, de l’arrivée de MINA à Paris, de son arrestation, de la conduite tout à fait inconvenable du chargé d’affaires d’Espagne [le Marquis de CASA FLORÈS], ou pour mieux dire, de celui qui en prend le titre, et de la mesure qui a été adoptée à cet égard »…

─ 9 novembre. Il lui transmet des « informations importantes » et instructions de la part de Louis XVIII.
« Votre nouvelle entrevue avec l’Empereur de Russie et plus encore vos craintes sur la condescendance de l’Autriche et de l’Angleterre ont fait désirer vivement au Roi de recueillir tout ce qui pourroit l’éclairer sur les dispositions réelles de cette dernière Puissance »…
Des propos du Prince Régent et de WELLINGTON ont été l’occasion pour le Roi « d’invoquer plus fortement que jamais le concours de l’Angleterre sur les points les plus épineux de la négociation. Lord Wellington après m’avoir assuré que les instructions données à Lord CASTLEREAGH et qu’il connoissoit étoient absolument opposées aux desseins de l’Empr Alexandre sur la Pologne et par conséquent sur la Saxe, […] m’a dit qu’en s’attachant uniquement à cette grande question, et négligeant tous les intérêts secondaires, on parviendroit aisément à s’entendre.
Suivant lui, l’Autriche ne donnera point les mains au projet que la France rejette et la Prusse elle-même pour qui la Saxe est un pis-aller se verroit avec une extrême satisfaction réintégrée dans le Duché de Varsovie »…
Blacas rapporte ses manœuvres en vue d’une convention entre la France, l’Angleterre, l’Espagne et la Hollande pour obtenir l’assentiment des autres Cours, et évoque la nécessité de porter l’armée « au complet du pied de paix »…

─ 4 décembre. Il s’interroge, avec Louis XVIII, sur la différence entre la note de Castlereagh et le langage de Wellington.
« Le Roi répugne à ne l’attribuer qu’à un système d’artifice dont le but seroit la déconsidération de la France », en répandant des « craintes chimériques » qui épouvantent « les esprits timides » et desservissent « la politique du Roi. […] Vous savez, Prince, et vous avez souvent déploré avec moi le peu d’assurance que donnoit au Gouvernement de Sa Majesté le défaut de vigueur et d’ensemble dans les opérations ministérielles. Ce vice dont la connoissance étoit restée quelque temps concentrée dans le cabinet ne pouvoit manquer à la longue d’acquérir une malheureuse publicité.
Joignez à cela le mécontentement de l’armée […], le malaise qu’entretenoient toutes les réclamations contre l’insuffisance de la police ; enfin les délations multipliées contre des hommes que leurs intentions et leurs discours signalent […] comme des instigateurs des complots les plus dangereux tout jusqu’aux mesures de sureté que le dévouement des commandans militaires a rendues trop ostensibles, a du produire une impression dont les étrangers peuvent profiter »…

Cela explique le changement ministériel décidé par le Roi qui S.M. remplace le Comte Dupont par le Maréchal Soult pour « rétablir dans ses troupes la soumission, la confiance et le zèle si nécessaires au mintien de la puissance nationale » ; il attribue le ministère de la Marine au Comte BEUGNOT et la direction de la Police à M. d’ANDRÉ, changements que le Prince devra présenter à Vienne « non comme une révolution ministérielle, mais plutôt comme un accroissement de force et de lumière dans le Gouvernement »…
Blacas ajoute que « S.M. sent les effets avantageux qu’ont produit vos continuels efforts »…
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