Lot n° 249

[Saint-Domingue]. Correspondance à M. Mabille, chapelier à Paris, créancier syndic des terres d’Estillac à Saint-Domingue. Au cap, Paris, Dieppe, 1759-1782. 37 l.a.s. et documents format in-4, adresses, cachets de cire.

Estimation : 2000 / 3000
Adjudication : 5200 €
Description
Importante correspondance financière sur l’exploitation du domaine d’Estillac à Saint-Domingue, traitant de diverses questions agricoles, en particulier sur l’acquisition des terres et la production de sucre, sur la traite des noirs, faisant encore allusion à la crise dans les colonies et la ruine des créanciers européens. Le domaine de la famille d’Estillac avait été acquis en viager en 1757 par le marquis d’Aubarède, financier proche de Beaumarchais, pour développer la production de sucre de canne. La transaction passée devant M. Angot, notaire, l’exploitation déjà en difficulté en 1759, fut alors confiée à M. Besson qui fait état de complications (abandon partiel du domaine, obligations de traiter avec les créanciers colons avant ceux de France, maladies décimant la main d’œuvres, etc) et expose son projet de préférer la plantation de café et de cacao pour délaisser ceux de la canne à sucre. D’après de très bons conseils, je commencerais à former un autre plan de manufacture plus lucrative que la sucrerie même qui depuis un tems immémorial n’a jamais pû s’acquitter, pas même payer les intérêts des dettes contractées. Je plantais donc des caffés dans le meilleur terrain à la lizière d’un voisin qui en a de très beaux qui produisent depuis plus de dix ans et à l’imitation d’un autre voisin qui a des cacaos de Cayenne depuis plus de 15 ans. J’en plantais donc continuellement jusqu’à cent-cinquante mille pieds (…). Il espère recueillir les fruits de l’exploitation d’ici à trois ans ; plus tard, il estimera qu’il n’aura rien perdu malgré la crise provoquée par la guerre et la chute des cours ; La suspension de la sucrerie pendant six mois m’a donné lieu de réaligner les pièces de cannes (…) pour éviter le trop fréquent passage des charettes qui écrasant les souches, font tort aux rejettons (…) et pour faciliter l’écoulement des eaux qui étaient contraire à la végétations des cannes. Ce travail est excessif mais une fois fait, je suis assuré d’un revenu considérable (…). Cependant, très vite, l’exploitation est en quasi faillite et sera mise en liquidation au profil de l’association de plusieurs créanciers dont M. Mabille, marchand de chapeaux et fourrure à Paris, fut le principal syndic. Le domaine d’Estillac passe alors aux mains d’une famille de colons déjà réputée sur l’île, les Robillard, qui donne un état précis du domaine, des fabriques de sucres et de l’emploi des esclaves. En entrant sur cette habitation, j’ay trouvé l’attelier composé d’environ cent-cinquante cinq têtes de nègres dans l’état le plus affreux. Ils sont presque tous ruinés par les pians ; il n’ya pas de sang plus vicié que celui de ces nègres là ; il va en couter de l’argent, des peines et des soins pour les faires traiter (…). Déjà la maison Lory & Plombard mettait en garde les investissements dans les productions de Saint-Domingue, et conseillait plutôt de spéculer sur la traite des noirs ; Nous nous garderons bien, de vous engager à faire icy des affaires de commerce, ce serait vous jetter dans des pertes ; tout est plus abondant au Cap qu’en Europe, et il en sera de même aussi longtemps que les armements seront forcés. La branche de la traite des noirs est la seule qui laisse l’espoir de bénéfice. Nous ne nous en trouvons pas mal (…). Mention encore des familles de Rohault, Bertrand de Laroque, Daugy, de Ste-Marie, recommandé par d’Aubarède et arrivé avec l’escadre de l’amiral d’Estaing, sur les conséquences du départ de la flotte de guerre commandée par Bompart, la disgrâce de M. de Kersin, etc. Joint un tableau généalogique avec notes sur la famille Robillard à Saint-Domingue.
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