Lot n° 31

Pierre BOULEZ.

Estimation : 1500 / 2000
Adjudication : Invendu
Description
Manuscrit autographe, [Tendances de la musique récente, 1957] ; 5 pages in-fol. sur papier bleu et 4 pages in-4. Première version d’un texte sur les tendances de la musique moderne, pour une conférence accompagnant un programme musical, transformée en article publié dans La Revue musicale en 1957 (numéro spécial, Vers une musique expérimentale, dirigé par Pierre Schaeffer), et recueilli dans Relevés d’apprenti (Seuil, 1966), dans lequel Boulez tente de faire un bilan historique des différentes formes de l’héritage d’une modernité du début du XXe siècle. Le manuscrit, avec quelques ratures et corrections, présente d’importantes variantes avec le texte publié ; au manuscrit primitif, sur papier bleu, sur les tendances de la musique, paginé de 1 à 5, viennent s’ajouter 4 feuillets sur papier blanc (paginés de a à d), consacrés aux œuvres jouées (Varèse, Webern, Messiaen, John Cage, Webern…). « Si nous envisageons le langage musical, il est évident que nous arrivons à une période de bilan et d’organisation. Il y a eu une période de recherches destructrices, en quelque sorte, qui ont aboli le monde tonal et la métrique régulière. Il s’est produit du reste, un phénomène curieux de dissociation dans l’évolution musicale ; d’une part Stravinsky faisait évoluer le rythme avec des principes structurels entièrement nouveaux, basés principalement sur la dissymétrie, l’indépendance et le développement même des cellules rythmiques. [...] D’autre part, à Vienne, à la même époque, un nouveau langage se formait, patiemment, en plusieurs étapes [...] Bref, il nous est indispensable maintenant de regrouper toutes ces recherches, étant donné que rien de nouveau ne s’est produit depuis ces chefs de la musique contemporaine, que la génération suivante a piétinés en grimaçant d’après ses devanciers [...] Cette dissociation s’étant poursuivie un peu partout, et l’activité des Viennois ayant été longtemps tenue dans l’oubli pour ne retenir qu’un faux classicisme à aspect de fausse sécurité, dérivé de Stravinsky, et un résidu de romantisme au moins aussi saumâtre, nous avons donc à généraliser les découvertes faites, à élargir les moyens d’une technique déjà trouvée ; cette technique ayant été jusqu’à présent surtout un objet pour détruire, et donc, par cela, étant liée à ce qu’elle voulait détruire, il reste à lui donner son autonomie. Et à lier les structures rythmiques aux structures sérielles, par des organisations communes, incluant du reste non seulement la hauteur du son, mais son timbre, sa durée, son mode d’attaque et son intensité. On voit là, et sans que j’insiste beaucoup, la prodigieuse richesse de découvertes à faire »... Etc. On joint un feuillet dactylographié avec le programme musical annoté par Pierre Boulez (liste et ordre des œuvres avec minutage).
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