Lot n° 54

François-René de CHATEAUBRIAND.

Estimation : 1000 / 1200
Adjudication : 1000 €
Description
L.A.S., 31 décembre 1820, à Jacques-Joseph de Corbière ; 2 pages in‑fol., fragment de l’enveloppe montée en tête de lettre (salissures, fentes aux plis réparées). Très importante lettre politique le soir de son départ pour Berlin, où il venait d’être nommé ambassadeur. [Les ultras viennent de remporter les élections législatives de novembre 1820, et Richelieu, à la tête du gouvernement, se voit contraint de les y faire entrer. Mais Louis XVIII et les ministres en place ne veulent pas de Chateaubriand, qui est écarté et envoyé à Berlin. Chateaubriand réussit cependant à placer au gouvernement deux pions, les ultras Villèle et Corbière, qui est nommé ministre d’État et président du Conseil royal de l’Instruction publique.] « Voici, mon brave compatriote, mes dernières volontés dont je vous rends, vous et notre ami Villèle, les exécuteurs. Trois réparations immédiates. L’une au militaire, l’autre à la justice, la troisième dans l’administration à savoir : Cannuel [le général Simon Canuel], Agier et Trouvé : Cannuel surtout ; c’est le moyen de vous attacher tous les royalistes, et de faire taire toutes les oppositions de notre bord. Soigner les journaux ; faire écrire dans votre sens, et diriger l’opinion monarchique. Malheureusement je vous manquerai beaucoup pour cela : mais enfin ne faut-il pas renoncer à ce travail de toute nécessité. Vous lier étroitement avec Bouville et Bertin : ces deux hommes rendront votre partie certaine : devenez inséparables. Prenez garde à la décomposition de l’armée. Le salut est là. Souvenez vous enfin de ce que je vous ai demandé, et de ce que vous m’avez promis. Il faut absolument que je revienne au printemps. Je compte sur votre foi ; comme vous devez compter sur la mienne »... Il les embrasse tous les deux, et prie de lui écrire régulièrement en faisant passer les lettres par La Borie. Il part cette nuit, bien que très souffrant… Correspondance générale, t. III, p. 293.
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