Lot n° 335

Camille Honoré petitjean

Estimation : 700 / 800
Adjudication : 1400 €
Description
(1862-1909 ?) voleur récidiviste, condamné à des peines de prison et à la relégation, gracié par le président Félix Faure. Manuscrit (autographe ?), Aventures de Camille Petitjean. Récit sincère des aventures d’un évadé, injustement condamné à la relégation, suivi de Quelques mots sur la transportation, et Les transports à Cayenne, Gaillon 17 juillet 1898 ; cahier de 92 pages in-fol. Très intéressant témoignage d’un condamné à la relégation à Cayenne (« injustement », puisque les jugements à son encontre se confondaient). [Petitjean est connu aussi par des mémoires manuscrits conservés à la bibliothèque municipale de Lyon : Ceci est ma vie, 1909, édités par Philippe Artières dans Le Livre des vies coupables : autobiographies de criminels (1896-1909), Albin Michel, 2014]. Dans une langue assez correcte, volontairement exempte des termes d’argot courants dans le milieu pénitencier, Petitjean décrit ses compagnons, également désireux de « reconquérire notre liberté », puis raconte ses évasions des bagnes et prison du « pays des singes » – la Guyane – entre 1889 et 1891 : la Forestière, Saint-Jean du Maroni, Saint-Louis… S’enfuyant à pied, en pirogue, par la baleinière d’un commandant et à la nage, le fugitif se nourrit de serpents, tortues, racines et fruits dans la forêt vierge, souffre de fièvre et de dysenterie, est dévoré par des fourmis rouges « dites à tête de lion », puis se fait ramasser par des « Peau-Rouges » qui le torturent pendant deux mois (« une distraction pour eux ») avant de se sauver, la nuit, pour gagner Georgetown (Guyane britannique), où il est admis à l’hôpital « dans un état pitoyable ». Embarqué sur un navire américain, le faux marin ne tarde pas à être démasqué : battu, fouetté, il est attaché par la ceinture en haut du grand mât, mais arrive à New-York, où il trouve de l’emploi sur les lignes de chemin de fer. Reste le souci de sa mère, malade : en octobre 1895, il rentre à Paris pour la rejoindre : au bout de six semaines, « des mauvaises gens me dénoncèrent à la Préfecture de Police par lettre anomine », etc. En annexe, des notes sur la transportation et sur Cayenne donnent de nouveaux détails sur la vie des forçats.
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