Lot n° 20

[PAPIERS MARBRÉS]. Recueil de papiers marbrés et de poésies amoureuses. [1597-vers 1660]. Manuscrit petit in-4 oblong de (236) ff. comprenant (74) ff. de papiers marbrés ou décorés recto et verso, (160) ff. de papier portant, pour la plupart,...

Estimation : 30 000 - 40 000 €
Adjudication : Invendu
Description
des poèmes et textes manuscrits, (2) ff. d'index manuscrit :
Veau fauve, dos à quatre nerfs orné, encadrement de filets et roulette dorés sur les plats avec grands fers ornementaux aux angles et au centre, 4 glands et 12 étoiles dorés entourant l'ornement central, inscriptions en lettres dorées :

“Gerardus Imstenraedt N.S.Ch.” sur le premier plat et “Anno domini 1597”, sur le second, tranches dorées (reliure de l' époque).

► Exceptionnel album de papiers marbrés et décorés de la fin du XVIe siècle: il en compte 74 recto et verso, de motifs différents, soit 148 en tout, plus les deux papiers marbrés en doublure de la reliure.

Aux papiers marbrés traditionnels turcs de l'époque, généralement bleus, offrant un décor imitant le marbre, s'ajoutent des papiers de couleurs avec motifs géométriques très surprenants, réalisés en crachis, c'est-à-dire obtenus par les éclaboussures d'une brosse chargée d'encre frottée sur un tamis: la plupart ont été projetées sur des feuilles ajourées comme des pochoirs.

Ces papiers décorés semblent sans équivalents répertoriés.

Le recueil a été utilisé à la manière d'un liber amicorum par un amateur du XVIIe siècle qui l'a enrichi de poèmes amoureux et galants, la plupart en français. Il a signé à plusieurs reprises:

Cortenbach [é], et inscrit la devise :
Tempore, tempora, tempera.
Il pourrait s'agir d'Edmond von Cortenbach, fils d'Alexandre (1588-1648) qui avait épousé Marie von Vehlen (morte en 1624).

Les poèmes chantent les amours heureuses ou malheureuses avec Philis, Sylvie, etc.
Helas belle Philis je meur
D'une injuste rigeur
Et ton coeur
N'a point d'amitié
Ny de pitié
Adieu pour jamais je m'en vaÿ mourir
Si ta bouche enfin ne me veut guërir
Du mal que tes beaux yeux m'ont fait ressentir
Ou:
Amarillis je renonce a vos charmes
Vous me traictes avec trop de rigueur
Prez de Filis je verse moins de larmes
Un seul soupir luy peut toucher le coeur
Ou:
Vous avez belle Filis
Plus de blancheur que le lis
Et le printemps n'eut jamais
Tant de lis ni tant de roses
Que vos beaux yeux ont l'attrait
Ou encore:
J'estois a l'ombrage que rendoit un petit bocage
A la plus grand chaleur du jour
Quant pres de la je vis seulette
Venir une jeune fillette
Soupirant ses regrets d'amour
Helas ingrat dict moy pourquoy
Tu m'a si tost manqué de foy.
Certains sont plus légers:
Baise moy belle Janeton
Vous estes fille et moy garçon
Nous coucherons ensemble Puis apres parle qui voudrat
Cupidon nous pardonneras
Certains semblent être des chansons. Ainsi:
A la santé du roy Bacchus
Et de ceux qui lèvent le cus
J'antend le cus de verre, ting, ting, ting, ting [...]
J'antend le cus de verre quant il est plain de vin [...]

L'amateur a recopié le célèbre poème de Ronsard Mignonne, allons voir si la rose (feuillet 28) ainsi qu'un extrait d'un poème de La Diane de Montemayor: “Longue semble la nuict...”

On trouve des textes plus anciens, de plusieurs autres mains. Quelques textes sont en italien et un en néerlandais.
Sur un des papiers marbrés, la signature: “H. de Velen.”, ce qui tend à confirmer la généalogie de l'exemplaire.

► Superbe album, en reliure décorée du temps datée de 1597.

L'inscription dorée sur le premier plat renvoie sans doute à Gerard van Imstenraedt, premier seigneur de Mheer, village du Limbourg néerlandais près de Maastricht.

Plusieurs feuillets ont été retirés; au moins deux papiers marbrés et quelques feuillets de texte, comme le montre la foliotation manuscrite.
Coiffes usagées, mors fendus.
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