Lot n° 11

Jacques-Bénigne BOSSUET (1627-1704). 2 L.A.S., Germigny 1692-1694, à Henriette-Thérèse d’Albert

Estimation : 3000 / 3500
Adjudication : 3000 €
Description
, dite Sœur Henriette Angélique ; 3 et 7 pages et demie in-4 (légères mouillures ; petite fente réparée à la 1ère, qqs lignes raturées à la fin de la 2e), sous chemise chagrin rouge avec pièce de titre sur le plat sup., cadre int. ornés de filets et fleurons dorés (L. Hallot). Belle réunion de lettres de direction, la première, en partie inédite, parlant de la profession de novices et du devoir de la messe, la seconde s’apparentant à une dissertation sur la foi et la prière. 17 septembre 1692. Il répond par un exprès qu’on lui envoie de La Ferté-sous-Jouarre : « Dieu conduise et daigne inspirer Me l’abbesse : nous scaurons ce qu’elle fera. Ne craignez point de m’interrompre et instruisez moy de tout. Ce qu’il y aura a dire sur ces professions c’est qu’après avoir fait l’examen des filles porté par le Concile de Trente j’allai le jour de ces professions a La Ferté sous J. y donner quelques ordres necessaires et qu’on crut que ce fust un pretexte que je pris pour n’assister point a cette ceremonie ne voulant point donner pretexte a la retarder si javois voulu insister a faire oster de la profession la dependance immediate. Vous scaves le reste. Je vous renvoye vostre relation afin que vous l’acheviez »… Il approuve son jugement : « quand il n’y a qu’une messe à laquelle on puisse assister on peut l’entendre en touchant de l’orgue. On peut satisfaire au devoir d’entendre la messe en faisant quelques lectures et disant quelque heure dans l’intervalle que vous marquez. Les peches que vous n’aures point confesses pour obeir a la regle que je vous ai donnee vous seront remis comme les autres : lobeissance tient lieu de tout en cette occasion »… Il termine en promettant de parler à M. Crestot, et en saluant Mmes de Luynes, Dumans, Renart etc. 26 octobre 1694. « Je me mets devant Dieu ma fille pour vous expliquer en simplicité independamment de pensées particulieres des mystiques ce que l’ecriture me fait entendre sur l’oraison de la foy. La foy est le principe de loraison »… Bossuet cite des extraits des Épîtres de Paul aux Romains, aux Hébreux, aux Galates, témoignant que le juste vit de la foi, et explique : « lhomme coe hoe s’appuye sur la raison : le chretien sur la foy : ainsi il n’a pas besoin de raisonner ni de discourir : ni mesme de considerer en tant que considerer c’est une espece de discours : mais de croire : et jusques la je suis avec ces mystiques qui excluent si soigneusement le discours : je veux bien aussi qu’on lexclue mais par la foy qui n’est ni raisonnante ni discursive : mais qui a son appuy immediatement sur Dieu : doù s’ensuit la foy des promesses et l’esperance et enfin la charité qui est la perfection »… Citant saint Augustin, pour qui l’intelligence est le fruit de la foi, il assure que la foi dans l’obscurité suffit, et rend indifférent, « en seicheresse et en jouissance » : « Je ne dis pas que si Dieu donne des gousts il les faille ou craindre ou rejetter et c’est en quoy je croi les mystiques ordinairement trop precautionnez contre Dieu portant les ames en quelque sorte à s’en defier : ils parlent aussi tres generalet contre les gousts parcequils avouent qu’il y en a de plus profonds et de plus intimes que ceux qu’on appelle sensibles : mais ni les uns ni les autres ne sont l’appuy du chretien a qui la foy suffit pleinement. […] ce sont des consolations dans le desert »… Au reste, Bossuet considère que ces goûts intérieurs sont désirables, comme des attraits à l’amour, et il est certain que l’espérance et la charité portent en elles-mêmes consolation et douceur : « si la foy est bien vive c’est comme un commencement de la vie future. La foy mesme est consolante et soutenante dans son obscurité. Car quy atil de plus soustenant que de se tenir a Dieu sans y rien voir lorsque perdu dans sa verité on entre dans linconnu et lincomprehensible de sa perfection. […] C’est sur cela que je fonde toute l’oraison »…
Partager