Lot n° 236

RIMBAUD (Arthur). Reçu autographe signé Rimbaud, daté Harar 12 novembre 1889, 1 page in-12 (218 x 136 mm), papier quadrillé, nombreux caractères amhariques manuscrits au verso, sous chemise demi-maroquin noir moderne.

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : 35 000 €
Description
► Rare témoignage de la dernière grande aventure rimbaldienne: Rimbaud au Harar.

Reçu de la douane du Harar, pour le compte de
Monsieur Ilg, la somme de sept fraslehs et seize livres [environ 130 kg] café à Thalaris 6 1/2 le frasheh, valeur cinquante thalaris et douze piastres.
Harar 12 novembre 1889
Pour Mr Ilg, Rimbaud

On connaît 22 reçus autographes de Rimbaud datant de son dernier séjour au Harar (1888-1891), dont la moitié se trouve dans des collections publiques (9 à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet, 2 à Charleville).

Après avoir parcouru l'Europe, de Londres à Bruxelles, de Paris à Stuttgart ou à Naples en passant par Milan, Liverpool, Vienne, Rotterdam ou Stockholm, Rimbaud se rend en Afrique en 1878. Il cherche du travail à Alexandrie avant de partir comme contremaître à Chypre, il devient tour à tour surveillant de chantier de construction à Aden, surveillant du tri de café, dont il fait le commerce au Harar, tout en s'intéressant à l'exploitation du caoutchouc, de l'ivoire et du musc. En octobre 1885, il devient finalement trafiquant d'armes à Tadjourah (actuel Djibouti) avant de se lancer seul à la tête d'une importante caravane jusqu'à Ankober, au-delà des déserts et des terres volcaniques, pour vendre sa marchandise au Roi Ménélik II (1844-1913). Il était également en relations commerciales avec l'ingénieur suisse Alfred Ilg, négociant et homme d'affaires, attaché à la cour de Ménélik.
Datant de son troisième et dernier séjour au Harar (mai 1888 à avril 1891), ce reçu indique précisément que Rimbaud était parvenu, au bout de force palabres, à arracher à la douane du Harar, du café en paiement de sommes dues à Ilg. Les années de Rimbaud au Harar sont mal connues, - ce qui, paradoxalement contribua à sa légende.
Afin que le reçu ne soit pas modifié ensuite, Rimbaud a couvert le reste de la feuille d'arabesques impétueuses. Au verso, figurent, probablement de la main de Rimbaud, des caractères amhariques.

Correspondance, J.-J. Lefrère, Fayard, 2007, p. 774, et également reproduit en hors-texte couleur; voir aussi p. 613-851 pour les autres reçus.

Déchirure verticale médiane (77 mm) restaurée.
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