Lot n° 196

RECUEIL POÉTIQUE. MANUSCRIT, XVIe-XVIIIe siècles ; 405 feuillets in-fol. ou in-4 (plus les 2 contreplats) reliés en un volume cartonné in-fol. recouvert d’un parchemin de remploi moucheté (reliure de l’époque usagée avec dos abîmé ; ...

Estimation : 8 000 - 10 000 €
Adjudication : 12 350 €
Description
certains bords effrangés ou empoussiérés ; bords de quelques feuillets de grand format abîmés avec manques).
♦ Très intéressant recueil poétique, avec des parties en prose, formé depuis la fin du XVIe siècle jusqu’au milieu du XVIIIe, contenant nombre de pièces inédites, et d’intéressantes versions anciennes avec variantes de poèmes de Desportes, Nuysement, Malherbe, Théophile de Viau, Des Barreaux, Godeau, Rapin, Benserade, Perrault, etc.

Ce recueil est formé de nombreux cahiers ou feuillets (doubles ou simples) montés ou cousus assez grossièrement, avec de nombreux feuillets ajoutés ultérieurement, ainsi de nombreux compléments inscrits ultérieurement par Gauthier sur les versos blancs ou les espaces vierges (bas de pages ou marges) des feuillets anciens. Nous ne mentionnerons qu’occasionnellement ces additions postérieures.

Une étude attentive montre que ce recueil semble avoir été formé à l’origine en Touraine, puis complété au début du XVIIIe siècle par un certain Gauthier (ou Gautier) devenu GAUTHIER DE BALAGNY, qui y a porté à plusieurs reprises sa signature ou ses initiales (avec les dates 1711 et 1730), et qui fut Secrétaire Général de l’Intendance de Chalons.
Il passa ensuite à M. Mathieu de Vienne, au château de la Noue, près de Sainte-Ménehould, comme l’indique la « Note sur les Stances de Malherbe à du Périer » publiée par Édouard de Barthélemy dans le Bulletin du bouquiniste (1863, I, p. 123-124).

Il est signé et daté sur le 1er contreplat « Gauthier 1730 » ; le 1er feuillet est contrecollé sur un ancien feuillet de titre [« Recueil de bonnes / et mauvaises poësies / 1713 / Gauthier »], avec un nouveau titre au bas de la pemière page :
« Récueil de bonnes et mauvaises poisies, de diferens auteurs, anciens et modernes, bons et mauvais, ou si vous voulez, pot poury, en prose et en vers ».

Nous ne pouvons en donner ici qu’un état sommaire, avec l’identification des auteurs quand elle a pu être établie, certains poèmes étant restés anonymes dans le recueil. Ajoutons que Gauthier de Balagny a censuré quelques poèmes en les raturant, notamment ceux dirigés contre les Jésuites.

Maximes pour se conduire sagement dans le monde [contreplat et 1 r°] :
« Rendez au Createur ce que l’on doit lui rendre »…, suite de quatrains un temps attribués à FÉNELON, avec la mention :
« Trouvé dans la cassette de Monseigr le Dauphin, Duc de Bourgogne, petit-fils de Louis XIV ».

Les Ellemens de la Religion Chrétienne et Les Quatre fins dernieres de l’homme [1 v°-2 r°], poèmes d’Antoine GODEAU (1605-1672).
5 sonnets de Jacques Vallée DES BARREAUX (1599-1673) :
Sur la naissance de Jesus Christ, « autre »,
Sur la circoncision de notre Seigneur Jesus Christ,
Sur la Mort de notre Seigneur [2 v°-3 v°], complétés par un quatrain probablement de Gauthier Pour Monsieur mon Papa Étrennes.

Sonnet et Responce, attribués à M. de La Gaudrie « calviniste blesois » ; suivis de brèves pièces diverses [4]. Le Triomphe de l’amour sur la mort au trepas de St Joseph, sonnet du R.P. TUFFIÈRE avec adresse au Père Julien de Saint-Joseph, minime au couvent du Plessis les Tours [5].

Version du pseaume Super flumina faite par LE VIVIER, 1620 [6-7], et une Version du Pseaume 81, plus deux strophes plus tardives.
Tombeau d’Alexandre le Grand :
« Ce grec dont la jeune ame en haults desseings feconde »…. par Clovis Hesteau de NUYSEMENT (1550 ?-1624),
→ suivi d’un Sonnet sur ce qu’on escrit qu’Alexandre pleure regardant le tombeau d’Achille, inédits [8-10].
Puis La misere des Maris anonyme [11].

Le jeu de premiere du temps de la Ligue, sonnet anonyme de 1587 [12]. Stances sur la Ruine de la Piramide en 1605 [13], attribuées à Nicolas RAPIN (1535-1608), sur la destruction d’une pyramide au lieu d’un attentat contre Henri IV ; au dos, trois amusantes pièces Sur un avortement. Tombeau du Roy Henry troisiesme, 1589 [14].

Chant triumphal sur les versions du nom du Roy tres chrestien Henry quatriesme Roy De France et de Navarre [15-17]. Poème Sur la Creation de l’homme par Isaac de BENSERADE (1612-1691), et Recit pour un ballet sur l’or par Des Barreaux [18]. Chant nuptial sur les versions du nom du Roy treschrestien en 1600 [19-21]. Sur une Damoiselle françoise qui avoit epousé un anglois… 1703 [22].

Larmes de la mort du Roy Henry 4e respandues sur son tombeau, 1610, et Epitaphe sur le tombeau de Henry le grand 4e Roy de France & de Navarre, par Isaac HABERT (1560-1625) ;
puis 2 sonnets [23-24].

A tres Illustre Dame Madame la Marquise de Nesle sur l’anagrame de Monsieur de Givry et d’elle pour le soir de ses accords ou le Roy assista, poème inédit sur le mariage d’Anne d’Anglure de GIVRY (1560 ?-1594) avec Marguerite Hurault Marquise de Nesle en 1593, suivi de Sonnets du Seigneur de Givry A tres iIllustre dame Madame la Marquise de Nesle [25-26].

Envoy et Sonnet A Monsieur l’evesque de Chartres Philippe Hurault de Cheverny (1579-1620) ; au dos 2 pièces sur Cromwell, pour et contre [27]. « Escoute Malefas »…, Apologie pour Malefas de Paul Hay du CHASTELET (1592-1636), satire en vers contre le sanglant lieutenant de justice Isaac de Laffemas (1633 ?), suivie d’un bout rimé [28-33]. Paradoxe que Cousinotte la folle fut une sage et prudante fille [34-35].

Épitaphes de Richelieu, de l’Arétin et du Prince d’Orange [36-37]. Paradoxe que c’est chose belle et honorable d’estre bossu (1600), satire contre Charles-Emmanuel Ier de Savoie [38-39].
Le proces du sieur de Biron (juillet 1602), long dialogue en sixains entre Biron et ses juges, suivi d’un Sonnet sur la mort du Duc de Biron, de la copie de l’arrêt rendu contre lui, et de pièces sur la mort [40-43].
Ode de Monsieur de Beaumont A Monsieur des Yveteaux (juin 1607), par Christophe II de HARLAY Comte de Beaumont (1570-1615) « lors de sa defaveur advenue acause de Mlle des Essarts aultrement de la Haye que le Roy [Henri IV] commencoit d’aimer » ; puis poème tardif Reproches au Dieu Apollon sur le sort ordinaire des poetes [44-45].

Consolation de François de MALHERBE (1555-1628) [46-47], « vers de Malherbe de consolation a un pere pour la mort de sa fille, faits par luy en l’an 1600 avant quil fust venu a la Cour », fameuses stances avec variantes : « Ta douleur Cleofon veult donc estre incurable »…, première version de la célèbre Consolation à Monsieur du Périer, avec notamment le fameux quatrain (ici le 5e) dans sa version originelle :

« Mais elle estoit du monde ou les plus belles choses
Font le moins de sejour
Et ne pouvoit ta fille estre mieux que les roses
Qui ne vivent qun jour »…
Après des Pensées ingenieuses sur divers sujets [48-49, XVIIIe s.], un curieux poème « Ce n’est pas une Muse ains une macquerelle »… « Sur la mort de Mde Anthoine executée avec Jumeau son adultaire qui avoit assassiné son mary en l’année 1599 » [50] ; puis des Vers monorimes en faveur du Mariage [51].

Version de l’ode d’Horace Sic te diva potens Cipri par Théophile de VIAU (1590-1626) :

« Va sous les bien heureux Auspices »… avec une version inédite de la seconde strophe : « Cher vaisseau qui prends en ta garde / Le thresor de mon amitié »… [52].
Pièces diverses, dont un Brevet du Régiment de la Calotte en faveur des avocats du Parlement de Paris, un extrait des Mémoires de Sully, et une épitaphe de Molière [53-57].
Vers de Theophile depuis larest donné contre luy A un Amy du Temps : « Thirsis tu congnois bien dans le mal qui me presse »… [La plainte de Théophile à son ami Tircis de Théophile de VIAU], suivi de 5 impromptus inédits de Théophile de VIAU, notamment contre les Jésuites [58-63]. Vers de Theophile :
« Oste toy laisse moy resver »…, publiés en 1632 par Georges de Scudéry mais qui sont en fait de DES BARREAUX [64-65].

Echo contre Monsr le mareschal d’Ancre, 1616, libelle inédit en vers ; suivi du conte en vers Le Colet, 1712 [67-68]. Regrets faycts par Mlle de Rohan sur la mort de sa sœur la Duchesse des Deux Ponts en 1607 par Anne de ROHAN (1584-1646), suivi de vers du comédien Michel Baron (1653-1729) [69-70].

Cahier de diverses pièces de vers, dont : Sur la Maladie du Roy [Louis XIV] par Étienne PAVILLON (1632-1705), Portrait de Madame de Chastillon fait par elle mesme, Requeste des Rats qui dansent sur la corde, Reponse des Chevaux de la pettite Escurie du Roy a Pegase… [71-80].
Anagrammes sur le nom de Loys de Bourbon (Louis XIII) par « T. H. Boyleau, Chartrain », sur ceux d’Anne d’Autriche, de Louis XIV, et de Jacques II d’Angleterre ; copie de l’élégie Aux Nimphes de Vaux de Jean de LA FONTAINE [81-85].

Les Amours de E. de La Guette parisien, 1616, suite de 12 sonnets de ce LA GUETTE inconnu :
« Le poete vouloit mectre ses douze sonnets au commencement de ses Amours quil a esté empesché de parachever » [86-89]. Après des vers à la louange du Duc de Vendôme (1711), épître en vers inédite de Marin CUREAU DE LA CHAMBRE (1594-1669) A Tresillustre Prince Charles de Vallois Comte d’Auvergne, 1617 [91-94].
Trois sonnets de Charles de NAVIÈRES (1544-1616) en 1610, dont l’Epitaphe d’Henri IV, et deux autres semblant inédits sur son assassinat (Debat du Ciel et de la Terre pour retenir le Roy tres chrestien…) et sur l’avènement de Louis XIII [95-96]. Stances de ce temps 1612 Au Roy, vers inédits en faveur de Marie de Médicis ; puis un poème sur l’élévation au trône d’Espagne du Duc d’Anjou en 1700 [98-103].

Pièces diverses :
Paralelle de Monsieur le Prince et de Monsieur de Turenne, épitaphe du Grand Condé, épîtres à la gloire de Louis XIV, Panegyrique du Vin, psaume en vers, épitaphes, Maximes pour une dame de qualité, sonnets sur le Prince d’Orange, vers « sur la demolition du monastere de Port Royal des Champs » en 1709 [104-124].
Conte de Peau d’asne en vers de Charles PERRAULT (1628-1703), copié en 1708 par Gauthier de Balagny, suivi de vers sur la démolition de Port-Royal des Champs [125-137].
Poésies d’Étienne PAVILLON et autres, 1709 [138-143]. Recueil de Poisies, août 1709, dont un Madrigal censuré, des placets en vers contre et pour les « filloux » (filous), Placet des amans aux marys fascheux, deux élégies : Plainte de la France a Rome et Rome a la France [144-151].

Dialogue entre le corps et l’âme, et proses diverses, 1742 [152-165]. Ode sur le Jugement dernier suivie d’un Poëme sur l’Église, puis des notes en prose sur La Henriade de VOLTAIRE et un Portrait de M. de Voltaire, des Remarques historiques et géographiques (notamment sur les « Terres des Missions des Jesuites au Paraguay »), en 1741 [166-185].

Ode sur l’Atheïsme par M. de MURIGNAC ; odes de Jean-Baptiste ROUSSEAU (1669-1741), dont Les Conquerans et des odes sacrées [186-195]. Divers textes en prose, extraits de Pierre BAYLE, du Mercure de France, etc. [196-213]. Pensées du Comte d’OXENSTIRN et textes divers copiés en 1742, dont l’Origine et usage des poches des R.P.P. Capucins [214-243].

Pièces de vers diverses du XVIIIe siècle dont Les amours de Madame Putiphar, anciene Egiptienne [244-279]. Recueil d’airs serieux et a boire, 1709 [280-287]. L’omnis homo, ou discours funebricomique, sur la mort de Michel Morin arrivée pendant les vendanges de l’année 1709 avec son Epitaphe [288-293]. Impression nouvelle de plusieurs Livres nouveaux…, 1709, liste de livres imaginaires aux titres cocasses et satiriques, et textes divers [294-300]. Pièces de vers : sonnets pour Louis XIV, Epitre a Malbouroug, Les Echos de Marly, etc. [301-314].

Les Billets de la Blanque de la Cour, 1606, vers sur la loyauté en amour ; lettre comique d’un Maréchal des logis en 1637 ; épitaphe de Ronsard ; etc. [315-320]. Les comme de la cour, 1626, amusante pièce de vers satirique sur la cour de Louis XIII [321]. Bibliothecque de la Court, 1608, liste de livres aux titres fantaisistes, faisant allusion aux intrigues de l’époque [323-326].
Le Jeu du Picquet de la Court La France en lannee 1637, et Lechiquier de la court, 1636, satires en vers contre Richelieu et la cour de Louis XIII [327-329]. Sonnets et épitaphes sur Montmorency, le connétable de Lesdiguières… [330-331].
Sur la disgrace de M. Fouquet de Jean de LA FONTAINE : « Remplissez l’air de cris »... [332-333]. Pasquinata en latin, 1642 [334-335]. Stances sur la Coqueterie des Femmes, et Sonnet sur le mesme sujet, 1646, par Jean-François SARRASIN (1614-1654) [336-338]. Epitaphe de Jehan d’Estampes (1620) par le médecin vendômois A. Doulcin, etc. [339-340].
Ode presentée A Madame par Monsr le Consr de Carleil de la part de Monseigneur le Prince d’Angleterre sur le mariage d’Henriette de France avec Charles Ier [1625, 341-342]. Vers des directeurs sur les sept péchés mortels, pamphlet en vers contre les conseillers d’Henri IV (deThou, Jeannin…, 1607) [343].
Contre ung Juif de Philippe DESPORTES (1546-1606), en copie de l’époque (la pièce ne sera imprimée qu’en 1662) [345-347]. Pièces de vers diverses : vers de Mme DESHOULIÈRES, sonnets de Des Barreaux, etc. [348-355].
Epistre A Noble scyentifique et excellent Sr Monsr Herman Kroop bourgmaistre de la celebre cité de Lubeck par Thelman AROMER, Copenhague 1589, préface-dédicace d’une tragédie en 3 actes sur les amours de Jupiter, violente dénonciation contre Catherine de Médicis et Henri III [356-361].
Virelay sur l’exces des modes en France de François RÉGNIER-DESMARAIS (1632-1713), copié en 1717, et Vers de Mr l’abbé Régnier sur ce qu’il a veu pendant sa vie (1712) ; pièces diverses, dont un sonnet pour Colbert, une élégie de Pavillon, le Remerciement Au Roy de MOLIÈRE, l’Ode sur la Raison de Jean-Baptiste ROUSSEAU (1713), des Stances sur la vie champêtre, chansons, etc. [362-405].
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