Lot n° 198

ROUSSEAU JEAN-BAPTISTE (1669-1741). L.A.S. « Rousseau », Bruxelles 23 janvier 1729, [à l’abbé d’OLIVET] ; 4 pages in-4.

Estimation : 800 - 1 000 €
Adjudication : 1 040 €
Description
Belle lettre littéraire.

Il lui envoie les vers dont il a demandé la traduction, en insistant pour ne pas en faire un mérite auprès du public, malgré l’agrément qu’il aurait de paraître associé avec lui dans le même travail. « Je ne connois personne qui se puisse aquiter mieux que vous de l’Histoire que vous avez entreprise de l’Académie, car je ne connois rien de plus difficile à bien faire aujourd’hui comme rien n’estoit plus aisé du temps que PELLISSON l’a commencée. […] Cependant il n’y a rien qui puisse rendre un ouvrage durable que la vérité. Il faut estre bien habile pour l’accorder jusques avec la discretion. De combien de Le Clercs et de Boyers bon Dieu aurez vous à faire l’eloge ! »… Il est fort curieux des Poësies latines de feu l’abbé FRAGUIER, qui possédait mieux que quiconque les délicatesses de cette langue :

« c’est une impatience veritable que j’ai de recevoir et de devorer les traductions de l’Œdipe de Sophocle, et des Oiseaux d’Aristophane que feu Mr BOIVIN a faites. Je n’ai point connu de savant avec tant d’esprit ni d’homme d’esprit avec tant de sçavoir. Je respecte sa mémoire comme d’un des plus grands hommes de nos jours, superieur à tous les sçavans de son tems et superieur à son sçavoir même par sa modestie et la candeur de ses mœurs. Je me souviens de sa traduction ou j’estois son confrere. Le Dialogue estoit en prose et les chœurs en vers, je ne me souviens de rien qui m’ait fait autant de plaisir, et j’aurois de bon cœur si j’en avois esté le maître donné tout Nicéphore Gregoras pour les dix autres pieces traduites de la même main. On ne connoit pas son Aristophane. On pourra le connoitre par l’echantillon que vous avez sauvé du naufrage de l’oubli. C’est un service que le Public ne sauroit assez reconnoitre. Il sera peut estre bien aise de voir lequel des deux a meilleure grace de l’Œdipe de Sophocle ou de celui de La Mothe tous deux en prose. Je sai bon gré a ce dernier de son déchaînement contre la versification de pieces de theatre. Il sait bien ce qu’il fait
Prenant le parti de la prose
Il prend le parti de ses vers.

Ce pourroit estre la fin d’une épigramme dont je laisse le commencement a faire à qui voudra s’en donner la peine, car en verité c’est battre un homme à terre que d’attaquer un poete si extravagant et si decrié »…
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