Lot n° 527

SIMENON Georges (1903-1989). MANUSCRIT autographe signé « Georges Simenon », La Mort de Belle, 1951 ; enveloppe jaune petit in-4, et 41 feuillets in-4, sous dossier cartonné, dans une chemise demi-basane à rabats (charnières fendues), étui....

Estimation : 50 000 - 60 000 €
Adjudication : 62 400 €
Description
Plus le TAPUSCRIT original avec CORRECTIONS autographes et signé ; [1]-171 pages in-4, reliure de basane rouge à décor de filets et pointillés estampé à froid (mors un peu frottés, charnière fatiguée, petites éraflures).
Sous deux emboîtages uniformes de papier « serpent » lie de vin avec fenêtre et reproduction de la jaquette du roman, titres au dos (Thérèse Treille).

► Ensemble exceptionnel permettant de suivre toute la genèse de ce roman américain, depuis sa conception et le plan sur l’enveloppe jaune, le manuscrit de premier jet, et le tapuscrit corrigé.

Écrit en décembre 1951 à Lakeville (Connecticut), à Shadow Rock Farm où Simenon s’est installé en 1950, La Mort de Belle est un « roman indispensable qui doit figurer dans la liste des livres étapes. […] le corps de la jeune Belle Sherman est découvert au domicile des Ashby. C’est sur le mari, professeur d’histoire, que se portent les soupçons. La présomption de culpabilité en fait un pestiféré. Tandis que l’enquête piétine sans qu’aucune charge ne puisse être retenue contre lui, il sort un soir, à l’issue d’un nouvel interrogatoire, avec la secrétaire du coroner. Expérience tragique : en face d’elle, il demeure sexuellement impuissant. Il perd la tête et l’étrangle » (Pierre Hebey).

Le roman paraît en mai 1952 aux Presses de la Cité ; Simenon est salué comme un maître de la psychologie. Figurant parmi les plus célèbres et les plus envoûtants de la période américaine de Simenon, cet ouvrage est aussi un de ses treize romans dont l’action se déroule aux États-Unis. Si les noms sont changés, le roman se déroule à Lakeville et dans ses environs, sur les lieux mêmes où il est écrit, avec une précision topographique et des détails sur la vie de la petite ville qui ne seront guère appréciés par les habitants quand le roman paraîtra en traduction ; Simenon quittera alors les États-Unis.

L’enveloppe jaune (26,8 x 19 cm) couverte de notes autographes à l’encre et au crayon :
au recto, les noms des protagonistes avec indications de l’âge pour certains ;
au verso, plans et notes sur la chronologie et le déroulement des épisodes.
L’enveloppe jaune est rituelle dans la méthode de travail de Simenon lorsqu’il commence un roman. Elle est la première trace écrite du travail de l’écrivain, le lieu où Simenon inscrit les éléments concrets qui l’aident à appréhender ses personnages et à guider la rédaction.

Le manuscrit autographe est rédigé au crayon noir, d’une écriture nerveuse, rapide, fine et très serrée, sans marge, occupant toute la page, au recto de 41 feuillets (plus un blanc) d’un bloc de papier vélin (27 x 21 cm) dont certain feuillets sont encore restés attachés entre eux, avec pagination particulière pour chaque chapitre : 5-5-5-5-5, pour les 5 chapitres de la première partie, le dernier feuillet portant « Fin de la Première Partie » ; et pour la « Deuxième Partie » : 5-5-3-3 ; le seul numéro de chapitre est noté centré tout en haut de la page où il commence.
À la fin, Simenon a signé et daté « Shadow Rock Farm, Lakeville.
Le 13 décembre 1951 ».
Chaque page du manuscrit est dense, l’écriture petite et régulière, avec relativement peu de corrections, portées au fil de la rédaction. On perçoit le travail d’un esprit extraordinairement concentré où tout, la structure et le déroulement du récit, les mots, les phrases, se met en place, sans rupture ni évasion. À l’intérieur du dossier cartonné d’origine, est collée une L.A.S. de Denise Simenon envoyant ces « feuilles manuscrites » à Sven Nielsen (1 p. in-8 sur papier à en-tête de Shadow Rock Farm).

Le tapuscrit original a été dactylographié par Simenon lui-même sur 171 feuillets (27 x 210 cm), et daté en du 14 décembre 1951, le lendemain même de l’achèvement du manuscrit ; après avoir écrit le soir un chapitre de roman, Simenon avait pour habitude de le dactylographier le lendemain matin, avec beaucoup de changements. Le tapuscrit est surchargé à chaque page de nombreuses corrections autographes, à l’encre noire, avec la signature autographe « Georges Simenon » sur la dernière page. Sur la page de titre, envoi autographe signé de Georges Simenon à son éditeur Sven NIELSEN (directeur des Presses de la Cité) : « à mon ami Sven Nielsen en toute affection Georges Simenon 1952 ».

▬ On joint l’édition originale :
• La Mort de Belle (Paris, Presses de la Cité, 1952 [achevé d’imprimer en mai]), in-8, broché, couverture blanche cartonnée et jaquette illustrée (petits défauts à la jaquette).
Un des 100 exemplaires sur pur fil de Lana, seul grand papier (n° 98), non coupé. Chemise et étui de papier noir de Thérèse Treille, titre en rouge sur le dos de la chemise.
─ Bibliographie :
Cahiers Simenon 10, « Dix ans d’Amérique », 1997.

─ Provenance :
• Sven NIELSEN ;
• Collection J.-M B. Georges Simenon (Sotheby’s Paris, 24 juin 2003, nos 103-104).
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