Lot n° 680

ATTRIBUÉ À MARIE-ANNE LOIR (1705-1783). Portrait de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, Marquise du Châtelet. Huile sur toile. Une ancienne inscription partiellement effacée en partie supérieure 102 x 81,50 cm.

Estimation : 8 000 / 12 000 €
Adjudication : 46 800 €
Description
Non satisfaite de son portrait réalisé par Jean Marc Nattier, pourtant référent du genre sous Louis XV, Émilie du Chatelet en commanda un autre à Marie-Anne Loir, femme artiste peintre, affirmant ainsi la place prépondérante prise par l’« intelligentsia » féminine tout au long du XVIIIe siècle français.

Brillante mathématicienne, la Marquise du Châtelet est notamment renommée pour la traduction qu’elle fit des Principia Mathematica d’Isaac Newton, écrit faisant encore aujourd’hui référence. Elle est ici représentée tenant de sa main gauche l’œillet symbole de passion, dont l’équilibre est assuré par le compas de la science et de la raison dans la main droite. Mathématicienne, elle fut aussi femme de lettre et vécu une idylle longue de plus de quinze années avec le décrié Voltaire, ce dernier étant alors d’un soutien considérable, la poussant à persévérer dans la pratique des sciences, lui reconnaissant des aptitudes remarquables. Émilie du Chatelet est célébrée comme l’une des toutes premières femmes scientifiques d’influence, devenant le symbole de l’égale capacité et de l’indépendance des femmes, sujet éminemment d’actualité.

De par l’auteur présumé de cette toile, notre tableau, brillante reprise du tableau conservé au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, devient un emblème de la reconquête et de l’influence des femmes durant le XVIIIe siècle. On ne connaît malheureusement que peu de chose de Marie-Anne Loir, néanmoins, les recherches récentes réalisées par Catherine Voiriot ont permis de nouvelles découvertes sur sa biographie. Surement élève de François-Hubert Drouais, selon les mémoires de Joseph-Marie Vien, elle s’impose dans le genre du portrait dans un style éloigné de celui de Nattier. Et profitant de la grande liberté que son choix du célibat lui offre, témoignant aussi de sa forte personnalité et de son affranchissement aux règles de convenance de l’époque, elle ouvrit la voie à la peinture féminine et à Louise-Élisabeth Vigée Le Brun, de cinquante ans sa cadette.

─ PROVENANCE :
• Famille du modèle, château de Cirey.
• Collection de Diane-Adélaïde de Simiane, château de Cirey, mentionné au feuillet 15 de son inventaire après-décès en date de 1835.
• Puis par descendance.
• Vente Christie's, Paris, 29 octobre 2012, lot 3.
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