Lot n° 845

JUNG CARL GUSTAV (1875-1961) MÉDECIN PSYCHIATRE SUISSE. 2 L.A.S. et 2 L.S., Küsnacht-Zürich 1955-1956, au psychanalyste Fritz MEERWEIN à Zürich puis à Bâle ; 3 pages in-8 et 3 pages in-4 à son en-tête et adresse (perforations de classeur),...

Estimation : 4 000 - 5 000 €
Adjudication : 5 850 €
Description
une enveloppe ;
en allemand.

► Très intéressant échange du fondateur de la psychologie analytique sur le concept de Projection, remis en cause par Meerwein.

[Fritz MEERWEIN (192-1989), psychanalyste suisse, exerça principalement à Zürich, et fut président de la Société Suisse de Psychanalyse.]

─ 14 août 1955.
« Wie Sie wissen, sind meine Begriffe keine ideae, sondern nomina und stellen daher blosse Benennungen von empirischen Thatsachengruppen die, wie Vertebraten, Nummulitiden oder klinische Bezeichnungen. “Projection” ist nichts als ein Name für jene Phaenomene vom Character des Splitters in des Bruders und des Balkens im eigenen Auge, also ein blosser Sammelnamen. Was ist daran untauglich? Und was für einen besseren Namen würden Sie dafür vorschlagen? »… [Ses notions ne sont pas des idées, mais des nomina (« dénominations »), et représentent donc de simples noms de faits empiriques, tels que les vertébrés, les nummulites ou autres appellations cliniques. Projection n’est donc rien d’autre qu’un nom commun. En quoi cela ne convient-il pas ? Et quel meilleur nom proposer à la place ?…]

─ 14 novembre 1955.
Meerwein est revenu sur le terme de Projection, qui lui semble visiblement tout à fait inapproprié et doit être amélioré, même si Jung n’en comprend toujours pas la raison…
« Unterdessen aber brauche ich dringend eine verständliche Nomenclatur, um überhaupt etwas mittheilen zu können. Ich kann doch nicht immer, um die mögliche Gefahr einer Hypostasierung zu vermeiden, in umständlicher Weise termini umgehen und dafür eine casuistische Beschreibung einsetzen. Daher meine Frage, ob Sie wohl einen besseren Namen vorzuschlagen hätten. Solange dies nicht der Fall ist, sind wir wohl darauf angewiesen von “Projection” zu reden, wohlwissend, dass dieser Ausdruck einer gewissen Kritik bedarf, die ich auch am Freud’schen Begriff expressis verbis angebracht habe. Dies ist allerdings “bloss empirisch” fundiert und nicht philosophisch. Ich habe nämlich die Erfahrung gemacht, dass die Einmischung der Philosophie in die Naturwissenschaft meist eine sterile Angelegenheit zu sein pflegt. Die philosophische Betrachtung ist zu sehr gewissen Modeströmungen verhaftet, als dass sie der empirischen Forschung nützlich sein könnte. Wir brauchen Thatsachen, welche unsere Begriffe klären und viel weniger “philosophische” Überlegungen, die modisch praejudiciert sind. Überdies ist ein Philosoph, wie z.B. Heidegger, gar nicht in der Lage über unsere Begriffe etwas auszumachen, da er unsere Erfahrungen überhaupt nicht kennt. Was haben die Philosophen z.B. über den Begriff des Unterbewussten alles zu sagen gehabt! »…

[Il a absolument besoin d’une nomenclature compréhensible pour pouvoir communiquer quoi que ce soit. Il ne peut pas toujours, pour éviter le danger potentiel de l’hypostase, éviter les termes compliqués et utiliser pour cela une description casuistique. D’où sa question pour un meilleur nom à proposer. En attendant, il faut dépendre du terme projection, sachant que cette expression nécessite une certaine critique, que Jung a aussi attachée au terme freudien expressis verbis. Cependant, ceci est basé sur un argument juste empirique et non philosophique ; car il a appris que l’intervention de la philosophie dans la science est habituellement chose stérile. La considération philosophique s’arrête trop à des courants de mode pour pouvoir être utile à la recherche empirique. Ils ont besoin de faits concrets qui clarifient les concepts et beaucoup moins de réflexions philosophiques, qui sont des préjugés à la mode. Un philosophe comme HEIDEGGER est incapable de donner un sens à nos concepts parce qu’il ne connaît pas du tout nos expériences. Qu’est-ce que les philosophes avaient à dire, par exemple sur le concept du subconscient !…]

─ 29 juin 1956.
« Sie sind als Psychiater zweifellos bekannt mit dem Phaenomen, das sich mit der neutestamentlichen Metapher vom Splitter in des Bruders und vom Balken im eigenen Auge umschreiben lässt. Der hiefür verwendete Begriff der Projektion […] ist von existenzialistischer Seite mehrfach kritisiert worden, ohne dass ich je verstanden hätte, was an diesem Namen nicht stimmen soll. Er scheint mir den Tatbestand der Illusion und der unbewussten Annahme durchaus richtig zu bezeichnen, denn ich schreibe das, was ich selber in höherem Maasse besitze, meinem Mitmenschen zu »...
[En tant que psychiatre, Meerwein doit être familier avec le phénomène que l’on peut décrire comme la parabole de la paille et de la poutre du Nouveau Testament. Le terme de projection utilisé à cette fin a été critiqué à plusieurs reprises du point de vue existentialiste, sans que Jung comprenne ce qui ne va pas avec ce mot. Il semble décrire les faits de l’illusion et de l’acceptation inconsciente tout à fait correctement, car Jung attribue à son prochain, à un degré plus élevé, ce que lui-même possède…]
Il termine en demandant quelle terminologie utiliser pour cela, ou si Meerwein conteste même l’existence de ce concept… Une lettre d’envoi datée du même jour précise qu’il a écrit cette lettre il y a environ un an ; étant hospitalisé, il n’avait pu écrire qu’un brouillon que sa secrétaire devait mettre au propre ; mais elle était elle-même tombée malade.
Mais si cette question l’intéresse toujours, il la lui envoie en espérant une réponse.

─ On joint :
• une L.S. de la secrétaire de Jung Aniéla JAFFÉ (5 août 1956) ;
et
• 3 longues réponses (doubles dactylographiés) de MEERWEIN à Jung (5 et 25 août 1955, et 15 juillet 1956).
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