Lot n° 190

Albert EINSTEIN - ► Lettre autographe signée « A. Einstein » adressée à Gertrud Warschauer. [Princeton, New Jersey, USA], 2 janvier 1952. 1 page in-4, deux lignes au crayon en bas de page de la main de sa belle-fille, Margot Einstein.

Estimation : 10 000 - 15 000 €
Description
« Jusqu’à ce jour, je me fiais à mon intuition pour déterminer si une chose était droite ou courbe, parallèle ou oblique. Mais je vois à présent que vous préférez ne pas vous en remettre à Dieu, lorsque cela peut être évité »

♦ Belle lettre écrite à son amie Gertrud Warschauer, veuve d’un rabbin berlinois installée en Angleterre. Il lui écrivit deux lettres - celle-ci est la première - pour la remercier à chaque fois d’un cadeau reçu pour Noël.
La règle offerte ici ne l’est pas sans ironie, pour celui qui transforma notre vision de l’espace et du temps.

« Vor mir liegt das niedliche Lineal, das Sie mir gesandt haben. Bisher wars der Intuition überlassen, ob etwas bei mir gerade oder krumm, parallel oder schief herauskam. Ich sehe aber, dass Sie es lieber vermeiden wollen, in Gottes Hand zu sein, wenn man es vermeiden kann. (So deute ich das Lineal).

Wir können uns aber nicht herauswinden, sondern stecken immer in etwas drin, was wir nicht überschauen oder gar meistern können. Wenn man das ganz in sich aufgenommen hat, so nimmt man das Erlebte weniger tragisch, und es stellt sich jener Galgenhumor ein, der eine Art Rettung uns Unpersönliche darstellt.

Ich denke oft an Sie in diesen Tagen und an Ihre schwere und unsichere aussere Situation, die noch durch schwierige persönliche Bindungen reschwert ist. Hoffentlcih dauert es nicht zu lange, bis wieder eine klare Situation vorhanden ist, in die man sich in Ruhe einstellen kann. Sie haben ja schon in all diesen Jahren gezeigt, dass Sie sich nicht nur an Situationen einleben können, sondern diesen auch die menschlich wertvollen und beglückenden Seiten abzugewinnen wissen.

Mit herzlichen Wünschen für 1952 und herzlichen Grüssen… »

─ Traduction :
« J’ai devant moi la jolie règle que vous m’avez envoyée. Jusqu’à ce jour, je me fiais à mon intuition pour déterminer si une chose était droite ou courbe, parallèle ou oblique. Mais je vois à présent que vous préférez ne pas vous en remettre à Dieu, lorsque cela peut être évité (c’est ainsi que j’interprète cette règle).

Nous ne pouvons pas y échapper, piégés que nous sommes dans ce que nous ne pouvons ni ignorer ni vraiment maîtriser. Une fois que l’on a bien compris cela, alors l’expérience nous paraît moins tragique et prend la forme d’un salut universel qui remplace cette humeur noire.











Je pense souvent à vous ces jours-ci et à votre situation difficile et incertaine, que compliquent encore des liens personnels. Espérons que la situation s’éclaircisse rapidement pour que chacun puisse trouver la tranquillité. Pendant toutes ces années vous avez montré que vous ne vous contentiez pas de subir les circonstances mais que vous saviez aussi en apprécier leurs aspects humains et gratifiants… »









Ajout au crayon de la main de Margot Einstein : « De tout cœur ! Donnez-nous des nouvelles, j’espère du fond du cœur que tout ira bien. Ta M. »
Partager