Lot n° 906

FLAUBERT, Gustave. Madame Bovary. Mœurs de province. Paris, Michel Lévy Frères, 1857. Fort in-12 [188 x 126 mm] de (2) ff., 490 pp., (1) f. blanc ; Maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, coupes filetées or, doublures de maroquin rouge,...

Estimation : 30 000 - 40 000 €
Adjudication : 70 770 €
Description
tranches dorées sur témoins, couverture conservée, étui (Huser).







Édition originale

► UN DES EXEMPLAIRES TIRÉS SUR PAPIER VÉLIN FORT, SEUL TIRAGE DE LUXE.

Les deux tomes n'en forment qu'un, à pagination continue. Les exemplaires du tirage courant sont divisés en deux petits volumes.

► PRÉCIEUX ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ SUR LE FAUX-TITRE :

À Mr de LAMARTINE
OFFERT PAR L'AUTEUR SON TOUT DÉDOUÉ.
Gve Flaubert.

Si Lamartine fut une admiration de jeunesse, sa poésie finit par agacer l'écrivain dont la correspondance est émaillée de railleries sur le "lyrisme poitrinaire" de l'auteur des Méditations, jusqu'à ce jugement assassin confié à Louise Colet (26 avril 1853) :

"Il ne restera pas de Lamartine de quoi faire un demi-volume de pièces détachées. C'est un esprit eunuque, la couille lui manque, et il n'a jamais pissé que de l'eau claire."

Cependant, l'enthousiasme de Lamartine pour Madame Bovary devait surprendre Flaubert :

"Je n'aurais jamais cru que le chantre d'Elvire se passionnât pour Homais", écrit-il le 25 janvier 1857 à son frère Achille.
Non seulement le poète le congratula, mais il prit publiquement position en faveur du romancier poursuivi pour outrage aux bonnes moeurs.
Ses propos et la lettre qu'il adressa servirent à Maître Senard dans sa plaidoirie :

"Mon client est allé chez Lamartine ; et il a trouvé chez lui non pas seulement un homme qui l'a encouragé, mais un homme qui lui a dit :

Vous m'avez donné la meilleure oeuvre que j'aie lue depuis vingt ans." (L'ironie de l'histoire fut que Lamartine, dans sa défense de la moralité de l'oeuvre, interpréta à tort le suicide de l'héroïne de Flaubert comme l'expiation de son adultère, alors que rien n'était plus éloigné des préoccupations de l'auteur.)

C'est donc pour le remercier de son soutien que Flaubert adressa à Lamartine cet exemplaire sur grand papier.

► Dans la description qu'il publia de ce dernier, Pierre Berès ajoutait qu'il "est remarquable aussi par le rapprochement de deux grands personnages du XIXe siècle, ayant tous deux subi l'influence indélébile de la révolution de 1848, Lamartine par le rôle politique qu'il y joua, Flaubert par l'empreinte qu'elle lui laissa et qu'il traduisit dans L'Éducation sentimentale" (cat. 92, 2003, nº 363).

♦ Exemplaire finement relié par Georges Huser.

Quelques piqûres.
Plusieurs feuillets mal découpés ont des marges inégales.
En français dans le texte, BN, 1990, nº 277.
- Lambiotte, Les exemplaires en grand papier de Madame Bovary, n° 7.
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