Lot n° 305

Edmond ROSTAND. L.A.S. « Ton Edmond », Schönbrunn [été 1898], à sa femme Rosemonde ; 2 pages et quart in-4 (fentes aux plis réparées).. Belle lettre lors de son premier séjour à Vienne sur les traces de l’Aiglon, et sur l’Affaire...

Estimation : 600 / 800
Adjudication : 1 216 €
Description
Dreyfus. . de Schönbrunn, où mourut le Duc de Reichstadt. Il a été au Musée du Trésor impérial « où j’ai pu longuement regarder le Berceau. C’est une chose admirable dont aucune gravure ne saurait donner l’idée. En voilà un joli meuble empire ! Et c’est d’un goût au milieu de tout ce mauvais goût allemand ! C’est une merveille ». Il est allé ensuite visiter le couvent des Capucins où l’Aiglon est enterré : « j’ai vu son cercueil perdu au milieu de tous ceux de la maison d’Autriche […] cette sépulture des Empereurs d’Autriche est affreuse, pauvre, laide. […] Celui du duc est d’une extraordinaire longueur, plus simple, heureusement, sans rocaille ; une simple plaque de cuivre ». Il a été voir sa chambre au château de Vienne et a demandé l’autorisation de la photographier : « ça, c’est triste encore, et laid, mais curieux » ; la fenêtre donne sur la cour, où l’on change la garde en musique tous les jours... Il a trouvé dans le parc de Schönbrunn un coin en ruines qui ferait un admirable décor… Il trouve Vienne abominable : rien à rapporter, tous les théâtres fermés, etc. Ici personne ne sait qui il est, mais on le regarde tout de même comme une bête curieuse : « à quoi voit-on que nous sommes Français ? ». Il rentre bientôt et aimerait que son passage à Paris reste secret : « la recrudescence bien prévue par moi de l’affaire Dreyfus fait qu’on doit me chercher pour me faire signer en faveur de Picquart. Et comment refuser de signer contre une si abominable injustice ? D’autant que les choses m’ont l’air de tourner mal pour Esterhazy. Mais j’avoue que je n’aimerais pas signer contre un gouvernement qui vient enfin de faire arrêter ce sale uhlan ; c’est déjà un pas vers la lumière, dont il faut lui savoir gré, et ne pas l’attaquer en ce moment. Si les dreyfusistes ne gaffent pas, leurs affaires vont bien. Si on te demande où je suis, dis que tu ne sais, que je rayonne, que je suis peut-être à Buda-Pesth »… Il termine en disant son amour…
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