Lot n° 603

Barthélemy Catherine JOUBERT (1769-1799) général de la Révolution. Manuscrit autographe signé (copie), Réflexions sur l’état militaire de la République française présentées au directoire exécutif par le général Joubert, Paris 17...

Estimation : 1 000 / 1 500
Adjudication : Invendu
Description
messidor VII (5 juillet 1799) ; 9 pages et demie in-fol.. Vibrant plaidoyer pour des mesures militaires immédiates, daté du jour même où Joubert fut nommé général en chef des armées d’Italie et des Grandes Alpes [le 15 août, il tombera à la tête de ses grenadiers au début du combat de Novi].. Le sort de la République est confié au génie et au dévouement des généraux d’Helvétie et d’Italie, et c’est au gouvernement de « réparer notre désorganisation militaire » en France. « L’armée d’Italie doit se réunir, le corps commandé par Macdonald et coupé de celui de Moreau percer les austro russes ou se faire echarper ; Moreau doit se soutenir le plus possible dans les montagnes de la Ligurie ou du comté de Nice. Un corps de vingt cinq mille hommes, doit former l’armée des Alpes, occuper son ancienne position et demeurer sur les montagnes ou entrer dans le Piémont suivant la conduite de l’ennemi. Un général qui a la confiance de l’armée et des départemens limitrophes doit commander ce corps […]. L’armée d’Helvétie se soutient, par conséquent elle peut et doit agir, un corps qui repose tandis que les armées coalisées manœuvrent est un corps perdu […]. L’armée du Rhin est à former, c’est le soin qui doit le plus occuper le gouvernement, quinze à vingt mille hommes de vieilles troupes peuvent en être le noyau et cinquante bataillons nouvellement formés en être la force »… Il fait des recommandations pour la composition et le placement de ces troupes, ainsi que pour celui des brigades du Midi et celles de l’Ouest, puis indique le moyen de lever de nouveaux bataillons (pleins pouvoirs à des officiers généraux rendus responsables de l’exécution). Il manque de la cavalerie, et il faut approvisionner les places fortes par réquisition. D’autres mesures essentielles : « Casser toutes les grandes entreprises, donner des credits aux caisses des armées sur les derniers cent millions décrétés et charger le général et le commissaire en chef de l’armée de tous ses besoins et même de son solde. Retirer toutes les armes de guerre que les citoyens peuvent avoir, en armer les nouveaux bataillons, envoyer le superflu aux armées et ne souffrir que des armes de chasse à la garde nationale »… Il évalue le nombre de fusils qu’on aurait ainsi dans le mois, et ce que pourraient produire les manufactures d’armes nationales ; il faut trouver dans les réquisitions les moyens pour avoir des poudres et le matériel de l’artillerie. Il « faut être réduit aux dernieres extrémités pour oser proposer un pareil sistème […]. Le sort de la République dépend de l’énergie du directoire. Je pense encore qu’il a besoin de toute celle des deux conseils [des Cinq Cents et des Anciens], qu’il doit la provoquer et perdre de vue l’ancien et funeste sistème d’isolement qui ne convient plus à notre situation. Le sistème d’isolement donne de la défiance et sert le royalisme parce qu’il emporte la lenteur dans l’exécution ; je suis persuadé qu’un jour viendra, si malheureusement on s’y livre, que des Républicains qui croient l’être aujourd’hui, dans le moment d’une crise fatale, se trouveront sans y penser tout bonnement rangés parmi les royalistes, […] il ne faut plus compter parmi les republicains que les hommes doués d’une ame forte et d’un caractère prononcé pour les mesures extraordinaires »… Il faut s’entendre promptement, car en cas d’invasion, « le corps social se dissoudrait, l’anarchie ou la royauté, peut-être toutes deux à la fois, succederoient à une constitution conservatrice de nos droits et la république périroit avec les Républicains » ; il faut « sauver la France de l’irruption des barbares habitants du nord »…
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