Lot n° 117

PROUST (Marcel). Lettre autographe signée. [Adressée à Jules Lemaître]. S.l., s.d., un feuillet in-4 écrit au r° et v° soit 3 pages in-8° et 2 lignes (plis marqués, dont un fendu sur 2 cm., petit trou d'épingle). Belle lettre de...

Estimation : 2000 / 3000
Adjudication : 27000 €
Description
remerciement, très probablement inédite, adressée en réponse à un courrier du critique littéraire et homme de lettres Jules Lemaître. Elle provient de la succession de Myriam Harry, qui fut l'amie de Jules Lemaître et l'héritière de sa bibliothèque et de ses papiers. Marcel Proust livre ici toute l'admiration qu'il voue à ce personnage éminent du monde littéraire de son temps, il retrace l'origine de son sentiment, livrant au passage quelques anecdotes personnelles et familiales.
Le début de la lettre évoque la question des pastiches littéraires. L'on sait que Jules Lemaître fut pastiché par Proust : " Il faut insister à la fois sur la permanence et la régularité de l'activité pastichante de Marcel Proust. Son tout premier projet littéraire destiné à la publication est une imitation des " Pronostics pour l'année 1887 " que Jules Lemaitre publie dans le Figaro. Il l'envoie à son ami Robert Dreyfus pour paraître dans La revue lilas dans le courant de l'année 1888, avant même la publication de son modèle en volume. C'est au même moment que ses amis réalisent que le délicat Marcel n'était pas dépourvu d'ambitions académiques. " (Paul Aron, " Sur les pastiches de Proust ", COnTEXTES [En ligne], 1 / 2006, p.3-4).
" Cher Monsieur,
Votre lettre m'a rendu bien heureux ; je vous en remercie de tout mon coeur et je vous aurais fait parvenir plus tôt l'expression de ma reconnaissance si je n'avais voulu y joindre une page que je n'ai pas retrouvée. Permettez-moi de ne pas changer d'avis sur mes [ses ?] pastiches. Il importe si peu qu'un pastiche soit [prolongé ?] s'il contient les traits générateurs qui [un mot ?] permettent au lecteur de multiplier à l'infini les ressemblances dispensant l'auteur de les additionner.
J'admets d'ailleurs que le moindre jeu de notre esprit est exhaussé et [4 mots ] par mon admiration pour [vous ?] et même par l'histoire de cette admiration, qui s'est développée avec [ma ?] jeunesse et en a gardé le charme. Souvent, je me complais à me rappeler les premiers jours où je lus ces phrases qui ne ressemblaient à rien que je connusse, sur [la voix ?] de Bacon, sur les [un mot] qui s'y mêlaient, sur Banville. Je me souviens de petits drames de famille parce que Pozzi [le Dr. Jean-Samuel Pozzi, ami du Dr. Adrien Proust et qui fut également le médecin de Marcel] avait offert de me faire rencontrer avec vous et que mes pauvres parents me trouvaient trop enfant pour " sortir ". Et plus tard cet après dîner où je vous entends chez les Dujardin lire la Fin de Satan. Commencements presque fabuleux aujourd'hui tant ils se rattachent à des choses disparues, chère mythologie, d'une admiration devenue plus consciente mais qui ne [répudie ?] pas cette première fleur qui le parfume encore. Merci encore cher Monsieur et veuillez agréer mes hommages admiratifs et respectueux.
Marcel Proust ".
On joint : 2 dessins au crayon (chacun 21 × 27 cm), montrant le visage de Marcel Proust sur son lit de mort. Attribution supposée à Emile Perrault-Harry, sculpteur, époux de Myriam Harry.
Provenance : Bibliothèque de Myriam Harry, par descendance.
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