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Lot n° 206

Jean GIONO. Correspondance à Jean Pierre Rudin. Ensemble de 26 lettres et 1 manuscrit provenant du fonds Jean Pierre Rudin. Jean Pierre Rudin, libraire à Nice. C’est à lui et à son épouse Colette qu’est dédié en 1943, son roman Deux...

Estimation : 4 000 - 6 000 €
Description
Cavaliers de l’Orage. En novembre 1951 Giono rédige un texte pour le Livre d’Or du libraire : «Cette librairie était comme ma maison». ─ Carte de bon Noël 69 et 70 paisible adressée à Jean Pierre Rudin Carte autographe signée (10,5x 13,5 cm) écrite à l’encre noire au verso. L’amitié fidèle. Avez vous un bulletin de souscription pour un joli travail d’un imprimeur de Manosque. Une histoire d’amour. Un conte inédit ? ─ Carte de Noë autographe signée, 1page in-16 oblong sur papier à la cuve. Bon Noël. Jean Giono. ─ L’Iris de Suze Manuscrit autographe signé J.G, non daté. 1 page in-4 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané. L’iris de Suse n’a jamais été une fleur (il n’y a pas d’iris à Suse) ; c’était en réalité un crochet de lapis-lazuli qui fermait les portes de bronze du palais d’Artaxerxés (voir madame Dieulefoy). Ici il n’est qu’un os minuscule pas plus grand qu’un grain de sel (au surplus inventé) qui crochète la voute crânienne des oiseaux. Que de merveilles dans un crane d’oiseau (imaginez !) Autant que dans un palais persan. J’ai eu plusieurs fois l’intention d’intituler ce récit L’invention du zéro. En effet, un de mes personnages est en définitive amoureux de ce symbole qui remplace dans la numérotation finie les ordres d’unités absentes et multiplie ainsi à l’infini toutes les mathématiques. C’est aller plus loin que la lune, mais qui le saura ?
─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 5.10.(19)64
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier à en tête jaune paille.
[…] Votre lettre, vous le savez, me touche profondément. Il est peu d’amitié comme la votre. Maintenant que j’ai perdu les plus vieux de mes amis, vous êtes le seul, fidèle et gentil.
J’ai eu cet été des incidents cardiaques (qu’il ne faut pas dramatiser) qui m’ont astreint en aout et septembre à cinq semaines de repos total au lit […] Mais le travail m’est permis et même recommandé. Je ne m’en fais pas faute.
Je ne m’en suis jamais fait faute d’ailleurs :
J’ai commencé il y a 2 ans un roman «Une rose secrète » et j’ai en textes divers ; contes, nouvelles etc.… plus de 3000 pages d’inédits que je ne veux pas faire paraître avant le roman, tout au moins en éditions ordinaires.
Maintenant me voila paisible.
A propos du cœur ;il s’agissait simplement du fait que de naissance j’avais le myocarde faible et qu’avec l’âge il fallait me ménager[…] Pour ne pas avoir à monter trop d’escaliers j’ai installé mon bureau au rez de chaussée.Vous le verrez : il est charmant.
Votre crayon est formidable ! En avez vous d’autres ? Y en a t il en rouge ? Ce noir est très beau. Peut on se réapprovisionner ?
Je vous embrasse tous, vous, Colette, Anne, Patrick, Florence fortement.
→ Giono s’intéresse aux éditions de luxe.

─ L.A.S. du 8.10.60 à Jean Pierre Rudin.
1 page in- 8 à l’encre noire sur papier blanc à en-tête filigrané.
[…] Voila tout de suite le texte pour précéder votre édition de Naissance de l’Odyssée. Mon carnet de chèque étant terminé […] Je vous enverrai demain le règlement de ma petite note, mais je fais partir le texte ce soir […] Il s’agit de la préface de Giono du 7 Octobre 1960 pour le Club des Libraires de France.

─ L.A.S. à Colette et Jean Pierre Rudin du 8.1.61
1 page in- 8 à l’encre noire sur papier blanc à en-tête.
Merci chère Colette et cher Jean. Ma fidèle affection et mes vœux. Je vous embrasse […]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 14.1.61.
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier blanc à en-tête.
[…] Merci du beau livre « spécialement tiré pour... » Tous mes vœux pour 61. Et dieu sait s’ils sont nécessaires ! Une idée m’est venue. Il existe un de mes livres presque inconnu du public, et un livre important c’est: Noë. Personne n’a lu Noë. Parce qu’il a été édité par la Table Ronde pendant la guerre et que l’éditeur n’a fait aucun effort. Il y aurait un grand service à me rendre en le publiant […] Enfin on le connaitrait.J’enrage qu’un des livres dans lequel j’ai mis le plus de moi même soit inconnu. D’autant qu’il va plus loin dans l’audace de l’écriture et la composition que tous les « Modernes » autour desquels on fait tant de bruit […] C’est un projet qui me ferait beaucoup de plaisir. […]
→ Intéressante lettre ou Giono se plaint de la méconnaissance de Noë et demande à son ami de promouvoir ce livre.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 5.2.61.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier à en-tête jaune paille.
Merci cher Jean et ravi en effet du résultat de « votre référendum ».
Mais déjà les Gallimard semblent très disposés. Ils ont du recevoir des indications semblables de la part d’autres libraires […].
En Janvier 1961, Jean Pierre Rudin libraire à Nice et ami de Giono a fait un référendum parmi ses clients : « Qui voudriez vous voir édité dans la Pléiade ? »
Giono arrive juste derrière Camus et il est le premier des écrivains vivants, devant Mauriac et Anouilh.

─ L.A.S. à Jean Pierre et Colette Rudin. Non datée.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier blanc à en-tête. […] Bien sur, tout ce que vous voudrez. Et j’espère qu’on va se voir souvent.[…]

─ L.A. S. à Jean Pierre et Colette Rudin. Non datée.
1 page in-4 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané. […] Inclus avec mon amitié chèque de f.9175 règlement facture du 26/4. […]

─ L.A.S. à Jean Pierre et Colette Rudin du 13.3.67
1 page in-4 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
Chère Colette et cher Jean.
Je vous embrasse.
Jean Giono.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 27.11.63.
1 page et demie in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané. […] Mes excuses pour le retard à répondre à votre lettre, mais j’ai été très bousculé.
1) Les raisons de penser que la traduction Espinasse-Mongenet [la Divine Comédie de Dante] est la meilleure sont multiples : opinions de Charles Maurras et des critiques spécialisés, d’abord ; enfin le fait dûment constaté que c’est la seule qui puisse être constamment affrontée au texte italien mot à mot et vers à vers […]
2) Non pour la préface. Les délais sont trop courts. Je ne suis pas libre […]
3) Je possède (c’est très rare) le Dante Dictionnary de Toynnbé qui explique toutes les versions [….] J’ai les traductions du Moyen Age de la bibliothèque de Turin et de Prague (rarissimes) et celle de l’Enfer par Littré. A votre service mais il faudrait venir voir tout cela sur place.
L’intérêt de ces textes de la plus grande rareté ne peut être expliqué dans une courte lettre. Oui, Goncourt déplorable,médiocre donné à un emmerdeur de première classe*. Un plat belître, un « supermarket des lettres »
→ Intéressante lettre qui montre la connaissance encyclopédique de Giono.
*Armand Lanoux, Prix Goncourt 1963 pour Quand la mer se retire, Julliard.

─ Carte autographe signée adressée à la famille Rudin pour la nouvelle année 1966.
Cette carte représente en couverture une esquisse pour« la Calèche » de Giono donnée au Théâtre Sarah Bernhardt en 1965.
[…] Merci pour le Dante, il est très beau et c’est un Dante lisible qu’on peut à chaque instant enrichir par l’italien en face[…]

─ Carte autographe signée à Jean Pierre Rudin du 8.8.69.
2 pages in-16 sur papier à en tête.
[…] Je vais vous demander un service. Je voudrais que votre beau père Monsieur Perrot puisse faire deux bagues en or massif pour ma femme et pour moi, dans le modèle de ma bague étrusque qu’il connaît. Nous allons fêter nos noces d’or avec Élise […] Il faudrait deux grosses bagues en or massif.
Qu’il dise simplement le prix.
Nous donnerons aussi nos dimensions pour nos doigts[…] Ce n’est pas pressé c’est pour le 22 Juin 1970 (l’an prochain) mais dés qu’elles seront prêtes je serai rassuré et nous les prendrons tout de suite […]

→ Touchante lettre concernant les noces d’or de son mariage avec Élise.
Deux mois après, le 9 octobre 1970, Giono décède.

─ Bon de commande pour l’achat de stylos à librairie J-P. Rudin-Nice.
Ce bon de commande rempli et signé par Giono concerne l’achat de 3 stylos : 1 Pentel noir et 2 rouges.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin mobilisé pendant la guerre d’Algérie.
La lettre est annotée au crayon gris : « guerre d’Algérie » « reçue au SP 86. 879 en 1956 ».
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier blanc filigrané.
Cher ami,
Vous voilà donc embringué dans cette histoire de fous (comme nous le sommes tous d’ailleurs).
Tout ça pour avoir négligé depuis des décades les avertissements de bon sens (que nous avions très bien compris, et vous et nos amis, et moi). Tous ces médiocres aux prises avec les événements ordinaires du monde, sont incapables de faire les gestes qu’il faut. On le voit bien avec Suez. Ce ne serait rien si vous n’en patissiez pas.
Oh! Il serait très possible de publier plus de 250 pages de Deux Cavaliers. J’aimerais les publier au Club qui fait de très beaux livres.
Je termine Le Bonheur Fou suite du Hussard. J’en suis aux 60 dernières pages. C’est un livre pour nous. J’essaye de nous venger par un peu d’aristocratie […]
→ Belle lettre sur les événements politiques perçus par Giono et sur sa production littéraire.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin datée de sa main au crayon gris en bas à droite, 13 Mai 1957.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier blanc filigrané.
Que votre lettre me touche mon cher Rudin.
Nous avons trop de pensées communes (on pourrait presque dire de métaphysiques) pour que notre amitié ne soit pas définitivement scellée[…]
Le Bonheur Fou est une sorte « d’expression de mépris » à l’italienne (Vous pensez si on va taper dessus mais, par côté ; on n’osera guère le faire en face) […]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin datée au crayon gris 6.58.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier blanc filigrané.
[…] Mon futur gendre* est en pleine période d’examen. S’il n’y a pas péril en la demeureje l’accompagnerais tout de suite après ses épreuves. Si au contraire les choses faisaient qu’il soit urgent d’aller à Nice je tacherais de m’arranger ; mais il serait préférable, vous le comprenez, de ne pas le distraire actuellement […]
* Le Dr Gérard Durbet époux de Sylvie Giono était ophtalmologiste à Manosque.

─ L.A.S. à Jean Pierre et Colette Rudin, datée au crayon gris Noël 58.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier blanc filigrané.
[…] J’ai été très touché de votre demande. Jean, vous n’imaginez pas ! et je vous embrasse tous les deux, et les enfants.
Bon Noël […]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin (date de réception du 10.5.59. écrite au crayon gris).
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier vergé.
[…] Si le Club des Libraires envisageait d’éditer un de mes livres en remplacement de Naissance de l’Odyssée déjà édité par un autre Club, j’aimerais que vous fassiez part de mon désir de voir éditer Mort d’un Personnage.
En voilà les raisons :
1) C’est un livre dans lequel je crois m’être exprimé totalement avec beaucoup d’originalité.
2) Il n’a pas eu son audience totale car il a été publié au moment du débarquement américain en Normandie.
3) Il a été rattaché au cycle du Hussard sur le Toit.
4) Je suis en train d’écrire et Gallimard va publier en avril une préface à Angélo dans laquelle je parle abondamment de Mort d’un Personnage.
5) Si cette édition était envisagée je la ferais précéder d’une préface inédite par laquelle le texte serait encore élargi. Les autres livres du fonds Grasset ont tous fait l’objet de nombreuses éditions diverses : luxe, demi-luxe, quart de luxe club, populaire[…] Mort d’un Personnage est le seul qui soit vierge de toute édition (il est en passe d’être édité par la Guilde du Livre à Lausanne. Une décision rapide à son sujet leur couperait l’herbe sous les pieds (je n’aime pas la Guilde) […]
→ Belle lettre de défense de Mort d’un Personnage.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin, datée au crayon gris Avril 59.
1 page in-4 à l’encre noire sur papier blanc filigrané.
[…] Bien reçu le Canaletto, merci. Je vois d’après le prospectus inclus qui accompagnait, deux autres œuvres disponibles qui m’intéressent. Voulez vous me les procurer. Ce sont :
1) Rodolpho Pallucchini. I desegni del Guardi […]
2) Rodolpho Pallucchini. Les eaux fortes de Canaletto. […] […] J’aiégalement l’intention de commander le cahier de dessin de Longhiqui est en préparation.
Je tiens beaucoup à ce dernier.
J’ai le cahier de dessin de Tiepolo dont ils parlent dans cette notice et c’est une extraordinaire merveille de reproduction.
Les Ames fortes sont magnifiques.
Je travaille de temps en temps à votre texte, il sera fini à la date promise […]
→ Lettre qui montre l’intérêt de Giono pour les Arts graphiques. Il présentera entre autres, en 1963, Carnet du Maroc de son ami Yves Brayer ou il explicite sa conception du dessin.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 9. fév. 52.
1 page in-4 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
Merci à Colette et à vous .Vous savez combien compte votre opinion.
La suite du Hussard fera grincer bien des dents car ce sera Angélo au prise avec la révolution. L’âne rouge (premier titre du Bonheur Fou). J’essaye de faire petit à petit, avec mes moyens ce dont nous avions parlé il y a des années sur le petit port de Villefranche, avec vos amis.
Ma fidèle amitié

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 23.2.48.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
Cher ami,
Merci j’ai bien tout reçu. Trouvez inclus un chèque de 2075.
Avec mon amitié[…]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 19.4.48.
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
[…] Que d’excuses je vous dois ! J’aurais du envoyer des fleurs à Madame, j’aurais du passer le samedi à la boutique pour « résilier mon contrat de travail ». Mais, ce qui calme ma conscience, c’est que j’ai été par contre très « bien élevé » dans l’essentiel, c’est à dire dans l’amitié, et, votre femme, vos belles sœurs, votre beau-père, votre sœur, vous, vous êtes désormais des amis auxquels je pense beaucoup.[…] J’ai le temps d’attendre pour le stylo […]
Le Grisévius (marque de stylo) est lourd et pâteux et il veux trop prouver, et il cache constamment des cartes dans sa manche.
Je n’ai pas encore lu Les Réprouvés. La cheminée ne tire pas. On lui a fait une cape, on lui a relevé la tête, on lui a percé le ventre, on lui a rétréci son foyer, on lui a tout fait. Et elle ne tire toujours pas […]
Mon ami Lucien Jacques le peintre de fresques à qui j’ai parlé du mur de votre beau père ira à Nice dans 15 jours et passera vous voir […]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 27.4.48.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
[…] Reçu le stylo ce matin, avec ravissement (c’est lui qui écrit) la plume est parfaite.Mais que se passe t il ? Il ne se remplit pas ! A peine 3 gouttes il a fallu le reremplir au milieu d’une lettre. Même accident au stylo que vous m’avez fait arranger. Il ne remplit pas du tout non plus. Pour celui-ci est ce qu’il ya des prescriptions de remplissage que je ne suis pas ? Renseignez-moi et envoyez moi votre facture[…]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 3.5.48.
1 page in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
[…] Le stylo me convient parfaitement. Il a l’air de se remplir un peu mieux. Cela doit simplement provenir de ma maladresse et aussi que je ne sais pas exactement la manœuvre qu’il faut faire […]
J’attends ces jours ci votre exemplaire des poèmes gravés […]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 14.5.48.
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
Eh bien, je vous écris avec une modeste plume d’acier emmanchée sur un porte plume en bois. Après patiences, subtilités et bon sens employés avec toute la douceur désirable, les deux stylos sont, continuent à être inutilisables. Le Parker 51 non seulement ne se remplit pas, malgré tous les efforts mais quand il a réussi à contenir trois gouttes et jamais plus il ne consent jamais à les laisser s’écouler le long de sa plume. Il n’a jamais réussi à écrire plus de six lignes et maintenant, je vous dis l’écoulement de l’encre ne se fait absolument pas. Le vieux Parker lui, ne se remplit pas du tout, on a beau pomper et pomper il n’aspire pas une seule goutte d’encre. J’attends je crois des amis de Nice ces jours ci. S’ils viennent, je les chargerai de vous porter les deux stylos pour une sérieuse réparation. Ce sont comme vous le savez des instruments de travail, il faut qu’ils marchent sans ennuis Rendez moi le service de les faire arranger en les recommandant tout spécialement à votre ouvrier. Je ne regarde pas au prix. Il faut que je n’ai pas d’ennuis. […]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 20.5.48
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
Cher ami,
Finalement les amis de Nice qui devaient venir tardent, je vous envoie d’autre part en valeur déclarée 15000 (je préfère être large) les deux stylos. Faites les moi réviser soigneusement […] Pour le vieux il faut changer tout le système(en caoutchouc) intérieur. Il m’est égal de faire une réparation chère, il faut qu’il marche sans cause d’ennuis et d’irritation.
Pour le 51 voyez vous même. Il ne se remplit absolument pas quoi qu’on fasse. Le plus qu’il prend d’encre c’est exactementquatre gouttes après des 10 à 20 minutes de pompage (j’ai naturellement d’abord fait
un puis deux puis six puis huit puis dix pompages, résultat zéro après plus de 500 expériences, puis j’ai pompé 20 à 30 fois, résultat deux gouttes, puis cinquante à cent fois, résultat quatre gouttes ! Il y a surement quelque chose qui ne vas pas) Il y a plus : quand il a avalé ses quatre gouttes il ne les rend pas, la plume reste sèche et non alimentée. Je vous le répète, il y a sûrement quelque chose de pourri dans le royaume de Danemark ! Dépannez moi , mon bon ami ! Agitez fébrilement les oreilles de l’ouvrier. Secouez le alternativement de droite à gauche puis de gauche à droite mais, faites lui entrer dans la tête qu’il faut qu’il se distingue et qu’il me rende des outils parfaits.
Sinon, envoyez le tout, stylos et ouvriers dans le Paillon et j’écrirai avec une plume d’oie […]
→ Belle lettre qui montre l’humour dont Giono pouvait être capable.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du 12.6.48
1 page in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
[…] Reçu le Parker 51 qui a l’air de marcher désormais (l’autre aussi d’ailleurs). Voulez vous quand vous viendrez m’apporter deux stylos à bille ;vous m’en avez montré chez vous d’excellents et vous en avez montré à ma fille, je voudrais donc deux de ces excellents là. Et votre facture.
Je me réjouis de vous revoir. Et surtout jamais plus de Monsieur entre nous dites simplement Giono ou même Jean (qui me flatterait beaucoup) […]

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du Samedi (19-06-48).
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané. Déchirures
marginales sans atteinte au texte.

─ L.A.S. à Jean Pierre Rudin du Samedi (19-06-48).
2 pages in-8 à l’encre noire sur papier jaune paille filigrané.
Déchirures marginales sans atteinte au texte.
[…] J’ai eu ce matin l’extrême et très heureuse surprise de trouver sur ma table un flot de fraises venant de Quintrand avec une carte à votre nom et à celui de M Peyrot [sic] Comment vous remercier d cette affectueuse gentillesse.
Tout le monde en tout cas ici se joint à moi et vous remercie. Aline m’a apporté le stylo qui, en effet marche (c’est avec lui que j’écris). L’encre Conté, j’avais oublié de vous le dire, convient parfaitement (c’est elle aussi). Elle m’a annoncé votre visite pour début Juillet. Vous savez toutefois que vers le 7 ou 8 je file vers les Alpes. Col de Lus la +Haute, Lalley.[…] je vais demander à votre amitié de bien vouloir me faire envoyer le P.51 arrangé avant cette date, car c’est précisément pendant ces vacances que j’en aurai besoin. Faites moi envoyer aussi de gros flacons d’encre noire Conté.
Je travaille, mais quel temps ! Le dégoût ne cesse de croître. On finit par s’épuiser d’avoir tant à mépriser. On ne peut vraiment plus y suffire. Je crois que la librairie torpillée par les incessantes campagnes de calomnies systématiques est à l’agonie pour l’instant. Ah, qu’il est rafraîchissant d’écrire sur le Choléra ! de penser Choléra ! d’étudier Choléra ! comme je le fais.
Il n’y aura bientôt plus comme marque évidente de la présence de dieu que l’existence de ces grands fléaux organisateurs.
Espérons. (C’est tragique de le dire) […]
→ Intéressante lettre qui montre un Giono dégoûté par les attaques du Conseil National des Écrivains sur sa présumé collaboration et sa mise à l’index. Il se réfugie dans l’étude du choléra pour son futur roman Le Hussard sur le Toit.
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