Lot n° 99

RÉGNIER (Henri de).

Estimation : 300 - 400 EUROS
Adjudication : 850 €
Description
Manuscrit autographe signé intitulé « Le sixième mariage de Barbe Bleue ». « Quimperlé – Paray-le-Monial, septembre 1892 ». 12 pp. 1/2 in-folio, avec ratures et corrections, sur 3 ff. ; estampille des Entretiens politiques et littéraires ; le tout apprêté pour l'impression, interfolié et relié en un volume de demimaroquin bleu à coins, dos lisse avec titre en long, tête dorée (Canape et Corriez). Dédié à l'écrivain Francis Poictevin, ce texte parut d'abord en périodiques, en novembre 1892 dans la revue Entretiens politiques et littéraires et en décembre 1892 dans le Gil Blas illustré, avant d'être intégré par Henri de Régnier dans son recueil Contes à soi-même publié en 1893. Variation sur le conte la barbe-bleue de Charles Perrault, inspirée par une visite personnelle des environs de Quimperlé : le dur seigneur de Carnoët, près de Quimperlé, eut cinq femmes, les aima pour leurs belles robes et les tua, conservant ces vêtements, mais s'éprit ensuite d'une bergère pour elle-même, l'épousa (elle fut conduite nue à l'église) et ne la tua pas. « ... La bergère Héliade qui s'était mariée nue vécut longtemps avec Barbe Bleue qui l'aima et ne la tua point comme il avait tué Emmène, Poncette, Blismode et Tharsile et cette Alède qu'il ne regrettait plus. La douce présence d'Héliade égaya le vieux château dont elle avait exorcisé le sortilège meurtrier et sentimental. On la voyait tantôt vêtue d'une robe blanche comme celle des Dames allégoriques de Sagesse et de Vertus devant qui, sous des architectures, s'agenouillent les pures licornes aux sabots de cristal, tantôt d'une robe bleue comme l'ombre des arbres sur l'herbe, l'été, ou mauve comme ces coquilles qu'on trouve sur le sable des grèves grises, là-bas, près de la Mer ou glauque et encoraillée ou d'une mousseline couleur de l'aube ou du crépuscule selon que le caprice des plis en épaississait ou en augmentait la transparence mais, le plus souvent, couverte d'une longue cape de laine grossière et coiffée d'une coiffe de toile, car si elle portait parfois l'une des cinq belles robes que son mari lui avait données, elle préférait pourtant à leur apparat sa cape et sa coiffe... » De la bibliothèque André Gide (n° 299 de la vente de ses livres et manuscrits, Paris, Hôtel Drouot, 27-28 avril 1925).
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