L.A.S. « Marmontel » (minute avec corrections), Paris 25 août 1780, à un Prince russe ; 3 pages in-4.
Éloge de Catherine II de Russie.
Il fait l’éloge des manières et du style gracieux du prince, « dignes de ce que nous appellons ici la vieille cour », et le remercie du thé, des fourrures, et d’une « robe de mandarin » qu’il mettra « les matinées ou je ferai le rôle d’un vieux lettré avec les jeunes gens qui me consultent sur leurs ouvrages. […] Je suis très sensible, mon prince, à la confidence que vous me faites de la digne apostille que votre auguste imperatrice a mise à votre lettre. C’est un maître-roi que cette CATHERINE ; et c’est d’elle qu’on doit apprendre à connoître les hommes, à les employer et à les faire valoir. Sa façon de regner est simple, franche, naturelle ; on voit qu’elle est née pour les grandes choses ; un empire à gouverner ne lui pese pas une once ; elle lui donne le branle comme une autre femme à son rouet, et manie un sceptre avec la même aisance qu’Hercule manioit sa massue. Je vous félicite, mon prince, de l’honneur d’être son ministre »… Il tourne un compliment sur les écrits de l’impératrice ; puis, ayant barré quelques lignes sur un « code chinois » dont parlait le prince, il en biffe un autre concernant les opéras dont il a refait les livrets pour PICCINNI :
« On vient de reprendre l’opera de Roland et il a eu encore plus d’applaudissements que dans la nouveauté. Celui d’Atys aura le meme sort. C’est, à tous égards, un modèle. Il faut donner aux oreilles que GLUCK a barbarisées, le tems de s’humaniser ». Il ajoute qu’un mémoire de GAILLARD « sur l’esclavage et la servitude », et une traduction de Sophocle par LA HARPE, lus en séance publique de l’Académie, ont été « fort applaudis »…