Lot n° 716

MORELLET André (1727 1819) Abbé, littérateur et économiste [AF 1785, 5e f]. —

Estimation : 1 000 - 1 500 EUR
Adjudication : 1 950 €
Description

L.A. (minute), [vers 1769 ?], à un « cher et respectable ami » ; 9 pages et demie in-4 avec ratures et corrections (portrait gravé joint).

Long brouillon de réponse à des observations sur le commerce de l’Inde ; Morellet a lui-même publié un Mémoire sur la situation actuelle de la Compagnie des Indes (1769) qui fit polémique.

Il a relu avec plaisir le « morceau sur l’Inde », approuvant ses réflexions sur les bienfaits pour l’Europe du commerce avec l’Asie, et ses réponses aux critiques : la perte d’hommes, la crainte de nuire à notre industrie, ou d’épuiser nos matières premières... L’auteur ne combat pas plus fortement le commerce par les Compagnies que par des particuliers « non privilégiés », dont il fait avec raison l’apologie… Morellet conteste cependant son raisonnement concernant les investissements « détournés » de la culture européenne. « Le defaut de ce raisonnement paroist venir de ce qu’on regarde l’apport des marchandises comme la cause de leur consommation. C’est tout le contraire. Le desir de consommer des productions etrangeres est cause de l’apport des marchandises. Le prix etant haut il s’en consomme moins. S’il est moindre il s’en consomme davantage. Ce desir de consommer est au fond dans un proprietaire le desir d’employer en jouissances agreables la portion de produit en argent qu’il tire de sa terre. Il employe cette portion en jouissances infructueuses pour la terre quoiqu’aient dit au contraire les disciples de la philosophie rurale parce que tout le produit net est perdu pour la reproduction […]. Il faut dire la même chose de la portion d’argent qu’il depense en productions de l’industrie qu’il achette avec cet argent ou des etoffes de Lyon ou des toiles de coton de l’Inde. Son argent n’est point reporté avec le temps à l’agriculture ; seulement il ne revient à l’agriculteur qu’après avoir passé entre les mains du fabriquant de Lyon et des ouvriers que ce fabriquant employe ou entre les mains du negociant qui vend les toiles de l’Inde et des ouvriers de toute espece que ce negociant fait travailler pour tous ses besoins »… Ne lui paraît pas juste non plus, sa présomption « que l’etat fait un profit qu’il y a un benefice national » :

« Ce n’est jamais l’etat qui commerce ou qui gagne ou qui perd (hors des cas extraordinaires où le gouvernement est commerçant). Ce sont toujours des individus »… Etc.

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