L.A.S. « V », Lausanne 7 mars [1758], au comte de TRESSAN ; 4 pages in-8.
Belle lettre sur les nouvelles du temps.
[Louis-Élisabeth de La Vergne, Comte de TRESSAN (1705-1783), littérateur, physicien, collaborateur de l’Encyclopédie, était alors gouverneur de Toul.]
« Je reçois mon adorable gouverneur une lettre de l’abbé Légier » [Pierre LÉGIER (1734-1791) littérateur franc-comtois], dans laquelle « il parait repentant », mais dit n’avoir pas reçu ses vers que Voltaire lui avait fait renvoyer. « Je pense que cette noirceur est une affaire finie ». Voltaire demande cependant à Tressan de s’enquérir auprès du commis des postes au sujet de ce paquet qui a disparu... « Je vous demande bien pardon de touttes les libertez que je prends avec vous ; mais après les extremes bontez que vous m’avez temoignées dans cette affaire ou l’on a eu l’insolence de vous compromettre, apres les marques d’amitié que vous m’avez données et que je n’oublierai de ma vie je trouve dans vos bontez memes lexcuse de touttes les peines que je vous donne ».
Puis il évoque les affaires du temps : « Vous savez la mort du cardinal de TENCIN. Son chapau pouroit bien couvrir la tete de labbé de BERNIS. Vous voila actuellement sous la coupe de M. le gouverneur de Mets [Louis-Marie Fouquet, comte de Gisors]. Si en se chargeant du ministere de la guerre, il vouloit troquer avec vous de gouvernement ce seroit une bonne affaire On assure que les Russes sont maitres de tout le royaume de Prusse, que larmée du Prince de Clermont est entre Zell et Lunebourg, et qu’on sattend a une bataille. Moy je n’assure rien sinon que je vous serai attaché jusqu’au dernier moment de ma vie »...
Correspondance (Pléiade), t. V, p. 96.