Lot n° 176
Sélection Bibliorare

EINSTEIN ALBERT (1879-1955) L.S. «A. Einstein», Berlin 19 novembre 1929, à Heinrich YORK-STEINER; 1 page et demie dactylographiée, à son en-tête (petites rousseurs); en allemand. Lettre capitale où Einstein exprime sa position sur le Sionisme....

Estimation : 4000 - 5000
Adjudication : 8 450 €
Description

[Heinrich YORK-STEINER (1859-1934), homme politique et écrivain autrichien, était un des pionniers du sionisme.]

Einstein exprime sa plus vive admiration pour le merveilleux livre [Die Kunst als Jude zu leben, 1928] de York-Steiner, qu'il a lu entièrement. Il est pleinement d'accord avec ses propos, et trouve gratifiant que le livre suscite tant d'intérêt. Einstein a écrit diverses choses au sujet des récents conflits avec les Arabes («der jüngsten Konflikte mit den Arabern»), et ne sait pas exactement à quoi York-Steiner fait allusion, mais il peut imprimer tout ce qu'il trouve convenable. Einstein a fait connaissance avec le concept de sionisme seulement en 1914, à l'âge de 35 ans, après avec avoir emménagé à Berlin ; jusqu'alors il avait vécu dans un environnement totalement neutre.

Mais depuis, il lui a paru clairement qu'afin de maintenir, ou mieux encore reprendre une existence valable, eux, les Juifs, ont un besoin urgent de raviver leur sens de communauté. Il voit dans le sionisme une simple tentative pour les rapprocher de leur but. Cependant il faut veiller à ce que ce mouvement ne risque pas de dégénérer dans un nationalisme aveugle. À son avis, avant toute chose, le ressentiment envers les Arabes doit être remplacé par une compréhension psychologique et une volonté de coopérer avec eux. Surmonter cette difficulté sera la pierre de touche dont dépendra le droit d'exister de leur communauté, dans le sens le plus élevé. Malheureusement, Einstein doit reconnaître que l'attitude dans les cercles officiels et la majorité des déclarations laissent beaucoup à désirer à ce sujet... «Zum Zionismus kam ich erst nach meiner Uebersiedlung nach Berlin im Jahre 1914 mit 35 Jahren, nachdem ich vorher in einer gänzlich neutralen Umgebung gelebt hatte. Seit jener Zeit war es mir klar, dass wir Juden zur Erhaltung bezw. Wiedergewinnung eines würdigen Daseins einer Wiederbelebung des Gemeinschaftsgefühls dringend bedürfen. In dem Zionismus sehe ich die einzige Bestrebung, welche uns diesem Ziele näherführt. Es ist nun Zeit, darauf zu achten, dass diese Bewegung die Gefahr vermeide, in einen blinden Nationalismus auszuarten. Vor allem muss nach meiner Ansicht danach gestrebt werden, dass den Arabern gegenüber psychologisches Verständnis und ehrlicher Wille zur Zusammenarbeit an Stelle des Ressentiments treten muss. Die Ueberwindung dieser Schwierigkeit wird nach meiner Meinung erst der Prüfstein dafür sein, dass unsere Gemeinschaft im höheren Sinne Lebensberechtigung besitzt»...

Partager