Lot n° 219

KOLLWITZ KÄTHE (1867-1945) Dessinatrice allemande. 13 L.A.S. et une L.S. («Kate Kollwitz» ou «K. Kollwitz» la plupart), Berlin 1929-1940, à Opanas SHEVCHUKEVICH (ou Schewtschukewitsch); 17 pages formats divers, dont 8 cartes de correspondance...

Estimation : 3000 - 4000
Adjudication : 3 640 €
Description

(légers défauts à 2 lettres), enveloppes et adresses; en allemand. Belle correspondance à un ami médecin et sculpteur. Opanas SCHEWTSCHUKEWITSCH (1902-1974), médecin et sculpteur ukrainien, vient juste de passer son doctorat quand commence cette correspondance ; il devrait chercher un stage, mais il se sent appelé par l'art, et Käthe Kollwitz sera en quelque sorte son mentor.

Elle écrit et signe souvent aussi au nom de son mari, Karl Kollwitz, qui travaillait comme médecin de caisse dans le nord de Berlin. Le jeune Opanas Shevchukevich est donc lié au couple Kollwitz sur les plans médical et artistique, car il veut désormais se consacrer exclusivement à l'art. Käthe Kollwitz va le soutenir artistiquement, l'encourager à travailler, critiquer son travail; elle utilise son nom pour lui, pour organiser une exposition et pour obtenir la citoyenneté; financièrement, cependant, elle ne peut pas l'aider autant qu'elle le voudrait. La correspondance se termine quelques mois avant la mort du Dr. Karl Kollwitz. En 1928, pour la première fois, avec l'aide de Käthe Kollwitz, une exposition de sculptures d'Opanas Shevchukevich est organisée à Berlin ; un portrait du sculpteur au travail, dessiné par Käthe Kollwitz, était également exposé (on joint le carton d'annonce de l'exposition, et une carte postale avec reproduction du portrait).

Toutes les lettres et cartes sont envoyées de Berlin aux divers domiciles de Shevchukevich (Freiburg in Brisgau, Berlin, Passau, et Cernauti (alors en Roumanie). 5 janvier 1929. Elle le félicite d'avoir obtenu son diplôme à l'examen, et l'encourage à faire son doctorat. Elle est prête à l'aider. Elle se plaint d'une légère grippe. 18 février. Son mari et elle félicitent Opanas d'avoir enfin tout derrière lui. Il faut qu'il s'occupe de son stage de praticien. Il aurait dû se manifester plus tôt au lieu de geler; elle va lui envoyer les 50 marks. 11 avril 1930. Elle voudrait voir ses esquisses, avant de voyager... 22 juillet. La décision d'Opanas étant prise de vivre comme artiste, elle ne peut pas le féliciter, car il va devoir se battre très rudement («Ihr Entschluss als Künstler leben zu wollen ist, wie Sie schreiben, feststehend. Ich kann Sie nicht dazu beglückwünschen, denn Sie werden, fürchte ich, sehr schwer kämpfen müssen»). Ils l'aideront certes, mais leurs moyens sont limités ; il faudrait trouver des personnes qui peuvent contribuer à l'aider chaque mois; eux sont prêts à donner 15 marks...

6 février 1931, révoquant une invitation pour cause de grippe. 13 février, elle est bien remise, et est invitée pour le lendemain. 19 avril. Elle remercie de la carte avec une photo si caractéristique d'Ostpreussen. 16 mars 1932. Ils ont eu beaucoup à faire avec la maladie ; tout a duré plusieurs semaines. Elle est encore alitée, mais elle peut retourner au travail. Quant au séjour d'Opanas en sanatorium, elle regrette de ne pouvoir envoyer qu'une toute petite somme... Elle signale que Richard von Schaukal a consacré un article à Opanas. 31 mai 1933. Elle est ravie de son article Klingsor avec ses souvenirs de Pâques, et des poèmes, ainsi que de l'article sur lui (dans Siebenburgische Zeitschrift, avril 1933).

Quant à la situation actuelle, ils vivent dans un mode en mutation. Le dernier trimestre a apporté tellement de changements qu'il semble que des années se soient écoulées («Wir leben hier, wie Sie wissen, in einer veranderten Welt, mehr kann man nicht sagen. Das letzte Vierteljahr hat so viele Veränderungen gebracht, dass es einem so vorkommt, als ob Jahre vergangen sind»)...

25 janvier 1934. Ils s'en tirent pas trop mal et ne peuvent pas se plaindre («Es geht uns leidlich gut, wir können uns nicht beklagen, wenn man natürlich auch manches anders wünschen würde»)...

2 janvier 1935. Elle est heureuse de recevoir de ses nouvelles, mais regrette que l'art soit en sommeil («daß die Kunst schläft ist freilich schade, ich denke aber, das wird nicht von Dauer sein»)...

24 janvier 1937. Elle se souvient de la récente visite d'Opanas et de sa femme, et souhaite que les deux puissent bientôt s'asseoir à leur table de nouveau... 5 janvier 1940, déplorant les difficultés d'Opanas.

Elle aussi a eu du mal à cause de la maladie de son mari (qui mourra le 19 juillet)... On joint des transcriptions anciennes.

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